A l'occasion de mon inscription récente sur Babelio et de l'enregistrement de ma bibliothèque sur le site, je redécouvre de véritables pépites sur mes étagères… Ce petit livre en est une !
Je l'ai acheté juste après une représentation de la pièce par Les Cabarets Nomades en mai 2008 et le souvenir est intact, fabuleux.
Le mythe d'Antigone est ici revisité de l'intérieur : il ne s'agit plus de sa démarche courageuse pour donner une sépulture à son frère malgré la menace de Créon ni de sa condamnation mais du ressenti d'Antigone pendant son supplice, enterrée vivante, seule face à elle-même et face à Hécate, déesse de la mort.
Hécate s'apprête à accueillir « l'enfant rebelle » et ses chiens « flairent l'odeur chaude de son angoisse ». Elle se présente aux spectateurs au cours de la courte scène 1. Mais elle n'est pas pressée et, au début de la scène 2, observe Antigone à son insu dans son tombeau-prison. Elle livre ses réflexions sur les différentes attitudes des humains face à leur mort prochaine. Elle se sent incomprise et haïe. Peu à peu, elle se prend d'affection pour la jeune fille et se montre à elle.
La jeune fille appelle la mort et se remémore sa courte vie. C'est l'occasion d'analyser la condition féminine, le sens de l'existence et les choix qu'elle a faits. Quand Hécate lui apparaît enfin, elle est en pleine révolte. Hécate lui livre son analyse des évènements récents entre Étéocle et Polynice tandis que la jeune fille se souvient de leur enfance commune et refuse de donner un motif politique à son action : en accomplissant le rite funéraire interdit, elle a surtout voulu mettre l'accent sur sa propre détresse de femme.
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Antigone :
on a toujours le choix, il suffit d’en accepter les conséquences… (p. 32).
[…]
Je suis si peu de choses à leurs yeux [ceux des juges] qu’ils ne m’ont même pas discernée au cœur de mon propre combat (p. 39).
[…]
Pour que ma voix porte, je dois m’avancer sur leur terrain, dans la poussière de l’Agora, leur tendre un bouclier poli comme un lac où ils se reflètent et s’engloutissent.
Refuser, vouloir, pouvoir, tous ces mots qui me sont interdits, je les revendique en leur propre nom, et je les retourne contre eux, qui s’en croyaient les maîtres (p. 44).