- Je sais, Mina. Parfois on se choisit des amis non pas pour ce qu'ils sont vraiment, mais pour ce qu'ils nous apportent. Parce qu'on a besoin d'eux pour grandir, pour affronter des épreuves. Pour se sentir complet. Et on ne se rend pas compte que, pour ça, on demande à l'autre de ne pas être lui-même. On lui pompe son énergie.
- Parfois, certaines personnes sont néfastes pour nous. Ça ne veut pas dire qu'elles sont mauvaises, qu'elles nous veulent du mal, mais elles se fixent dans nos défauts, tu comprends ? Elles s'en nourrissent. Elles complètent des manques que nous avons, mais pas pour les guérir. Juste parce qu'elles y trouvent leur compte.
ATTENTION RISQUE DE SPOIL
Aujourd'hui, je me dis que mon prochain film pourrait porter sur le viol. Pas seulement du point de vue des victimes, mais celui du violeur, aussi. Je pourrai peut-être retrouver Tony Conquet et le mettre face à ce qu'il m'a fait. À ce que nous sommes devenus, lui et moi. Quelle histoire s'est-il racontée, quelle justification s'est-il construite, pour ne pas être dégoûté de lui-même après ce qu'il m'a fait ?
RISQUE DE SPOIL
On ne guérit pas d'un viol, m'a dit Lune, des années plus tard. On n'en guérit pas, parce que ce n'est pas une maladie. C'est un traumatisme : on le surmonte, apprend à l'accepter, à vivre avec. Parfois même, on en fait quelque chose. On s'en sert pour grandir, pour vivre mieux, pour aider les autres. On utilise la force de la douleur et de la contrainte pour faire le bien dans sa vie.
ATTENTION RISQUE DE SPOIL
Oui, je pourrai faire un portrait posthume de Lune. Un film sur sa vie, ses choix, ses combats. Un documentaire qui parlerait de ce qu'elle m'a appris sur moi-même.
Il faudrait qu'il parle aussi de ses absences et de ses mensonges.
Parfois, je me dis que les mecs sont tous les mêmes. Il prennent ce qu'ils veulent, sans rien demander, sans même imaginer qu'on puisse dire non.