Citations sur Belange (11)
Elle sourit.
Elle appartenait à cette catégorie de femmes qui savent, en montrant leurs quenottes, faire sauter les plombs, survolter la lumière, éclater les cuivres des neuf symphonies de Beethoven, et atteindre le niveau six sur l'échelle de Richter.
Les ombres du parc se firent moins denses. C'était une tentative individuelle de chaque tronc, de chaque branche, de chaque feuille pour apparaitre, les murs de Belange forçaient de toutes leurs pierres pour passer de l'invisible au perceptible. Cette volonté créait le matin, la lumière n'était que cette force déployée par les choses pour être vues. Le jour n'était pas dû à la rotation des mondes mais naissait de l'énergie des choses vivantes ou inanimées à conquérir leur droit au visible...
L'aube venait.
Le problème est que j'ai envie d'emmener Micheline, mais quand elle est là, j'ai une envie encore plus forte de ne pas l'avoir fait.
Bien mieux tout seul. Principe de base de toute vie. La solitude est la récompense des âmes nobles et bien trempées. Seuls en souffrent ceux qui s'ennuient avec eux-mêmes.
Elle serait la mère, l'amante, la soeur, la complice, la fête et le repos, la folie et la sagesse, la brûlure et l'apaisement
Bien mieux tout seul. Principe de base de toute vie. La solitude est la récompense des âmes nobles et bien trempées. Seuls en souffrent ceux qui s'ennuient avec eux-mêmes.
- Vous vous appelez comment ?
- Proznowecksi, dit-elle. Je vous passe l'accent.
- Et... votre prénom ? Si je puis me permettre.
"Si je puis me permettre", l'expression devait déjà être démodée à l'époque du Front populaire. Tu t'améliores mon pote, tu t'améliores...
Et entre Lauréna et Aguilar, il y avait Lucette.
Lucette. Un prénom à arroser les géraniums en bigoudis ferraillants et peignoir molletonné.
C'était élastique et léger, plénitude, tempête, ouragan, typhon et petits zoizos, symphonies déferlantes et cui-cui de sansonnets, torrents et vallées, victoires et défaites, soies et velours, tangos et gavottes, rutilances et chatoiements, Italie et Kilimandjaro, oh et puis merde
Il l'avait rencontrée deux ans auparavant dans un vernissage, à l'exposition d'un sculpteur tchétchène venu directement de la taïga sud-sibérienne. Il avait traversé deux continents sur son âne, avec un sac de cailloux sur le dos. Parti de Tomsk, il avait déposé son fardeau, en plein milieu d'une galerie du faubourg Saint-Honoré, après l'avoir préalablement trempé dans la peinture. Il en avait retiré une fortune colossale et était reparti en Porsche Carrera, sans doute pour aller chercher un autre sac. Personne n'avait revu l'âne.
Alors adieu Micheline et bon vent, lorsque l'on a un prénom de locomotive, il faut savoir voyager...