Je n'ai retrouvé nulle part cette odeur d'eau dans le matin. Ce sont là, le long des berges, des maisons-tartines; le soleil beurre les façades aux couleurs de pain blanc.
"La gare qui permet d'arriver à une maison qui est la vôtre n'et pas une gare comme les autres".
Et si les maisons tenaient debout plus par la musique que l'on y entend que par le matériau qui les construit ?
J'ai toujours pensé que les lieux où l'on lisait les livres n'étaient pas indifférents à l'atmosphère qui s'en dégageait. Il n'existe pas d'endroit neutre. Le décor interfère.
p. 59: C'est à Pierre-Basse que sont venus s'empiler des disques inécoutables ailleurs: du coup elle est devenue la maison des nostalgies. Ne s'en échappent que d'anciennes mélodies qui sont mes joies présentes.
Chanteurs, musiciens des temps anciens: Ferrat, Ferré, Brel, Morelli, Alice Cooper, Menuhin, Raoul Jobin, Stern, Oïstrakh, Miles Davis, Archie Shept... une tendre cacophonie court dans le vestibule et monte à l'étage... Et si les maisons tenaient debout plus par la musique que l'on y entend que par le matériau qui les construit?
"Le seul moyen de faire sortir l'un de son bouquin, l'autre de sa musique, les deux autres de leur conversation, et les derniers de leurs chaises longues est de proférer : "Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?" C'est donc à ce propos que les intelligences convergent et se réunissent."
S'il pleut on s'en fout. Il reste tant de chansons à déguster, tant de théories à échafauder, quelle importance peut bien avoir la présence ou l'absence du soleil.
"Nous avons, J.B. et moi, fondé une tradition. Une fois dans l'été, nous enfourchons nos vélos et partons en balade dans le matin. Il est huit heures, la rosée couvre les maïs, les tournesols et les champs de roses. Nous pédalons pépère. Mon compagnon porte la casquette, la salopette, et il a gardé ses pantoufles. Il souffle un peu dans les côtes, nous mettons alors pied à terre et continuons doucement. Il m'explique en marchant que ce morceau de terre appartenait autrefois à l'une des ses cousines aujourd'hui décédée. J'apprends qu'il y avait sur la gauche un sentier qui menait à un moulin, que, plus loin, sur la route qui va à La Bournée vivait un rebouteux, spécialiste du zona qu'il guérissait en trois séances. Moi qui croyais que tout, ici, était immuable, me voici bien désappointé : plus de rebouteux, plus de moulin, plus de cousine. Décidément, il faut se méfier des impressions d'éternité."
Il y avait eu au départ une idée d'une banalité affligeante. Et s'y j'achetais une résidence secondaire ? Autour de moi, pas mal de gens en avaient une. J'étais invité quelquefois, on me vantait le calme retrouvé après Paris, les douceurs du potager et le coin du feu.