Tout ce que Joseph écrivit cette année-là

Voilà l'amour. Rien à voir avec " Le baiser sur le rivage ". D'un côté, c'est bisous, cui-cui-cui et guili-guili, et de l'autre, c'est tarte dans la gueule et " Tire-toi morpion ". C'est dur de s'y reconnaître. Personnellement, je verrai ça plus tard. Peut-être, si j'ai le temps, parce que comme je l'ai déjà dit, je serai solitaire comme Stallone dans " Rambo ". Jamais de femmes, sinon il pourrait pas ramener les prisonniers du Vietnam, il serait embarrassé tout le temps, et " Quand est-ce que tu rentres ? ", et " Pourquoi tu t'en vas encore ? ", etc., etc.

Je me dis que j'ai du pot de vivre en même temps qu'elle, parce que ça n'a l'air de rien, mais c'est le genre de truc auquel on ne réfléchit pas assez : j'aurais pu naître à une autre époque où elle n'existait pas encore, et alors là : râpé. Ou inversement, elle est morte depuis déjà vingt ans, et moi je me pointe sur la terre. Finalement, quand on creuse la question, on se dit qu'on manque plein d'histoires d'amour avec des filles qui sont déjà mortes, ou qui sont pas encore nées.

Personnellement je ne suis pas très attiré par les filles. Surtout que cette année, dans la classe, c'est vraiment la gadoue. On a hérité de la lie de la terre, des grosses, des squelettiques, des molles, des girafes, un vrai film d'épouvante. Yasmine Khadaoui, c'est la mieux de loin, mais même elle, y a pas de quoi crier au miracle.

D'ailleurs c'est annoncé : le Palais de la Découverte c'est dans un palais, et un palais c'est marbre, très jolies décorations etc, et la Cité des Sciences, et bien c'est une cité, et une cité ces des HLM, tu peux t'y prendre comme tu veux mais rien à faire, c'est du béton, des tuyaux et de la ferraille, et tu peux y mettre des schémas ou un vieux tournevis au milieu, ça n'arrange pas les choses.