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Citations sur Villa Vanille (7)

- Les démocraties détestent les taches sur leur drapeau. Elles font en général tout pour les cacher.
- A partir de quand y a-t-il tache? demanda Sandre
- Il suffit parfois d'un mort, cinquante mille ne suffisent parfois pas, c'est une question de circonstance, d'habileté, de mode aussi. Il s'agit de savoir si, pour Paris, le cadavre est ou non en vogue cet été, s'il attire la clientèle ou la repousse.
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Dans le rougeoiement du crépuscule, l'île rassemblait ses forces et poussait ce murmure de frémissante agonie : c'était l'heure où chaque plante, chaque roche venait, par -delà l'immensité de l'étendue, chanter sa note la plus haute... une symphonie. C'était celle des plaines et des cascades, des pics de granit du pays ancien, celle des steppes qui courent au pied de l'Andringitra, celle des grands déserts cernés de murailles, celle des lacs de cristal, celle des aloès aux fleurs folles qui dévalent jusqu'au mers chaudes, jusqu'aux plages et aux coraux, jusqu'aux sables blancs infinis... C'était le chant ultime des volcans, des torrents et des fleuves, c'était le cri de Madagascar martyrisé.
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Grégoire s'assit et la chaise en rotin craqua sous son poids. L'odeur du cigare passa sous les narines d'Anjaka.
- Vous aimez ce pays, Andafy...
C'était plus une remarque qu'une question.
- C'est le mien.
- C'est le mien aussi.
Andafy relâcha son avant-bras droit soudain rigide.
- Il faudrait arriver à ce que ce soit le nôtre...
Grégoire Adrians exhala une longue bouffée de fumée.
Là était le rêve. Le Malgache était un utopiste, sympathique mais idéaliste, une sorte de savant aux idées trop grandes ; il se mettrait bientôt à parler de fraternité, d'humanité, mais il lui suffisait parfois d'un coucher de soleil aux drapés théâtraux pour trouver son bonheur.
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Ils étaient deux mille dans la nuit à écouter sa voix et elle sentait monter à ses narines l'odeur âcre des lambas, la sueur incrustée dans les tissages gris ; c'était l'odeur de l'île, celle du travail forcé, des labours en plein midi, sous le torrent des pluies, ou dans les bourrasques des cyclones, l'odeur de ces hommes vêtus de larmes et de sueur. Paysans silencieux remuant à leurs pieds la pauvre braise de quelques brindilles enfumées, ils s'enveloppaient dans le manteau de leurs souffrances, pauvre harde qu'ils avaient tissée tout au long de leurs jours, comme leurs pères l’avaient fait avant eux, et qu'ils s'apprêtaient à tendre à leurs enfants. Soudain, ils avaient entendu la voix de Tulé et des autres. Alors l'espoir avait brillé et ils avaient déterré les vieilles sagaies enfouies dans la boue des rizières depuis que les guerres tribales avaient pris fin.
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Il jeta un coup d’œil dans le rétroviseur. Il se demanda si c'était dû à l'éclairage rasant du soleil couchant ou si la poussière soulevée par les convois avait souligné ses traits de poudre révélatrice, mais il se trouva vieilli... C'était la première fois. Peut-être existait-il dans la vie de tout homme un moment précis où la jeunesse fuyait. Elle rôdait encore au tournant d'une innocence, d'un regard, d'un sourire, et tout à coup elle disparaissait et c'était fini. Elle ne rafraichirait plus la chaleur du jour arrivé à mi-course. Cela venait de se passer pour lui, à l'improviste, c'est entre Tananarive et Manalondo que le vol avait eu lieu, les dieux lui avaient confisqué sa jeunesse, et il porterait désormais sur le visage la marque en creux de cette absence.
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Ce qu'il y a de terrible avec la colonisation, c'est que les envahisseurs inventaient et imposaient une sérénité d'une telle force qu'elle semblait naturelle. Qui aurait pu dire, ce soir, que ces voix de femmes traversant l'espace tiède où se mêlaient les parfums de savane et des hautes plaines ne composaient pas dans les ténèbres une musique voulue par les dieux ? Le monde qu'avait construit Grégoire Arians et les siens avait longtemps respiré l'éternité, mais lorsque le vent de l'Histoire soufflait, les éternités que créaient les hommes se succédaient rapidement.
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Pourquoi ai-je toujours été inoffensif ? La peur en moi doit être visible. (Chap 3)
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