- Tu sais ce qui a vraiment changé? renchérit Manœuvre.
- Dis- moi.
- Tu es de nouveau capable de rêver, d'espérer, de croire. Tu as réalisé que tout est possible.
Les murs de la salle de bains étaient tapissés de miroirs qui répétaient à l’infini l’image de mon corps nu se prélassant sous le jet fumant de la douche. Il fallait un sacré narcissisme pour supporter de se laver tous les matins dans ce palais des glaces.
Il existe un proverbe qui dit qu'on n'est pas parisien tant qu'on n'a pas au moins une fois pleuré dans le métro en s'en foutant complètement de ce que pensent les autres passagers.
Imaginez ce que peut ressentir un oiseau qui était en train de voleter tranquillement dans les airs et, tout à coup, entre en collision avec une vitre. Ses petits yeux d’oiseau ne pouvaient pas la voir. Son cerveau d’oiseau ne pouvait pas savoir qu’elle existait. Son cœur d’oiseau s’arrête immédiatement pendant qu’il entame sa chute sans fin, avant de s’écraser lamentablement par terre, son petit squelette d’oiseau brisé en mille morceaux, désarticulé.
Ses lèvres remontèrent le long de l'intérieur de ma jambe gauche, et il m'écarta brusquement les cuisses avant de se pencher pour m'ausculter. Je lui offrais une vue plongeante sur les lèvres humides, palpitantes, qui l'appelaient de toutes leurs forces, qui ne rêvaient que d'être transpercées jusqu'à la douleur par son membre tendu. Je ne m'étais jamais sentie à ce point exposée, et la gêne me fit rougir.
- Mon petit fauve est trempé, commenta-t-il en souriant d'un air attendri.
Je me cambrai encore, suppliante. Enfin, il se pencha sur mon sexe, au ralenti et, du bout de la langue, presque insensiblement, lapa la surface des chairs qui lui étaient offertes.
Il avait un avis sur tout, un nombre de références incroyables, j’avais l’impression de faire l’amour avec une encyclopédie.
J'avais besoin de retrouver quelqu'un d'adulte en rentrant chez moi le soir. Et aussi j'avais besoin, vraiment besoin de me faire baiser.
Au fur et à mesure que la tension montait, l'idée d'être devenue son instrument fit naître en moi de nouvelles images, de pures inventions, des fantasmes où je poussais l'abandon de mon corps entre ses mains jusqu'à des situations encore plus extrêmes. Je me voyais complètement immobilisée, impuissante sous ses caresses, enroulée dans les draps de son lit qui me momifiaient et me bâillonnaient pendant qu'il me léchait précautionneusement, me forçant à mobiliser toute ma concentration sur cette zone minuscule de mon anatomie qu'il vénérait. Puis il m'ordonnait de jouir, il l'exigeait et m'imposait de lui décrire en même temps mes sensations avec les mots les plus crus, des mots que j'avais honte de prononcer devant lui et qu'il m'arrachait par la force comme autant de gages de ma faiblesse face à mes propres désirs.
Je tombai sur sa réserve de préservatifs. Même ces choses-là, il les choisissait plus chers et plus chic que la moyenne.
Surtout, ne pas paniquer. Le seul phallus avec lequel je m'étais retrouver en tête à tête ces dernières années était celui de Laurent.