Citations sur La rose de personne (41)
Un mot,
pour lequel j'ai bien voulu te perdre :
le mot
jamais.
(extrait de ARBRES-AUX-LUEURS)
PSALM
Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,
niemand bespricht unsern Staub.
Niemand.
Gelobt seist du, Niemand.
Dir zulieb wollen
wir blühn.
Dir
entgegen.
Ein Nichts
waren wir, sind wir, werden
wir bleiben, blühend:
die Nichts-, die
Niemandsrose.
Mit
dem Griffel seelenhell,
dem Staubfaden himmelswüst,
der Krone rot
vom Purpurwort, das wir sangen
über, o über
dem Dorn.
À travers les champs de décombres, ici,
par la mer de laîches, aujourd'hui,
elle passe, notre
route de bronze.
Je suis couché là et te parle,
un doigt
écorché vif.
je chevauchais à travers la neige, entends tu,
je chevauchais Dieu dans le lointain - le proche, il chantait,
c'était
notre dernière chevauchée par dessus
les haies des hommes
Zürich, Zum Storchen
pour Nelly Sachs
Nous avons parlé du Trop
et du Trop-peu. Du Toi
et du Non-toi, de
la clarté qui trouble, de
choses juives, de
ton Dieu.
De
ça.
Le jour : d’une ascension, la
cathédrale était sur l’autre bord, avec de l’or
elle vint à nous marchant sur l’eau.
Nous avons parlé de ton Dieu, moi
contre lui, je
laissais le cœur que l’avais
espérer :
en
sa suprême, enrâlée
parole de courroux –
Ton œil me regarda, vit plus loin
ta bouche
parla jusqu’à l’œil, j’entendis :
Mais nous
ne savons pas, tu sais,
mais nous
ne savons pas
quoi
compte.
Dans l’amande – qu’est-ce qui se tient dans l’amande ?
Le Rien.
Le Rien se tient dans l’amande.
Il s’y tient, s’y tient.
Dans le Rien – qui se tient là ? Le Roi.
Là se tient le Roi, le Roi.
Il s’y tient, s’y tient.
Boucle de juif, tu ne grisonneras pas.
Et ton œil – vers quoi se teint ton œil ?
Ton œil se tient face à l’amande.
Ton œil face au Rien se tient.
Soutient le Roi.
Ainsi il se tient, se tient.
Boucle d’homme, tu ne grisonneras pas.
Amande vide, bleu roi.
Odeurs d'automne, muettes. La
fleur-étoile, non brisée, passa
entre lieu natal et abîme à travers
ta mémoire.
Une perditude étrangère
avait pris corps, tu avais
failli
vivre.
L’écluse
Sur tout ce deuil
qui est le tien : pas
de deuxième ciel.
[…]
Contre une bouche,
Pour qui c’était un mot multiple,
J’ai perdu –
perdu un mot,
qui m’était resté :
sœur.
Auprès
De mille idoles
J’ai perdu un mot, qui me cherchait :
Kaddisch.
À travers
L’écluse j’ai dû passer,
pour sauver le mot,
le replonger au flot salé,
le sortir, le faire franchir :
Yiskor. »
« Autrefois, quand il y avait encore des gibets,
il y avait, pas vrai,
un en haut.
Où est ma barbe, vent, où
ma jaune tache juive, où
ma barbe, que tu arraches ?
Tordu était le chemin, que j’allais,
Tordu il était, oui,
Car, oui,
il était droit.
L’enfant do… oui !
Tordu, crochu devient mon nez.
Mon nez.
Et nous sommes partis aussi pour Frioul.
Là nous aurions, là nous aurions.
Car l’amandier était en fleur.
Mandelbaum, Bandelmaum.
Mandeltraum, Trandelmaum.
Rêve d’amande.
Et aussi le genévrier.
Machandelbaum, Chandelbaum
Candelarbre.
Do… oui !
Aum.
Envoi
Mais,
Mais il se cabre, l’arbre. Lui,
lui aussi,
se dresse contre
la peste. »
Grand
s'en va là-haut le Banni, le
Brûlé : un Poméranien, chez lui
dans la chanson des hannetons, qui restait d'été, maternelle, de sang
clair au bord
de toutes les abruptes,
dires d'hiver, froides
syllabes.