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Citations sur Poèmes (20)

AILE LA NUIT
 
Aile la nuit, de loin provenue, que voici
ouverte pour jamais
sur calcaire et craie.
Le silex, au tréfonds, qui roule.
Neige. Puis encore de ce blanc.
 
Non visible,
ce qui brun apparut,
couleur de la pensée, et sauvagement
envahi de mots.
 
Calcaire, oui, craie.
Et le silex.
Neige. Puis encore de ce blanc.
 
Toi, toi-même :
en l’œil
autre gîté, qui
l'enveloppe de haut.

-

FLÜGELNACHT
 
Flügelnacht, weither gekommen und nun
für immer gespannt
über Kreide und Kalk.
Kiesel, abgrundhin rollend.
Schnee. Und mehr noch des Weißen.
 
Unsichtbar,
was braun schien,
gedankenfarben und wild
überwuchert von Worten.
 
Kalk ist und Kreide.
Und Kiesel.
Schnee. Und mehr noch des Weißen.
 
Du, du selbst:
in das fremde
Auge gebettet, das dies
überblickt.
   
   
Traduction d'André du Bouchet (1986) | pp. 12-14 & 44
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De ma main l'automne grignote sa feuille : nous sommes amis.
Nous écalons le temps hors des noix et l'instruisons à marcher :
le temps rentre dans l'écale.

Dimanche au miroir,
on dort dans le rêve,
la bouche parle vrai.

Mon œil descend jusqu'au sexe de l'aimée :
nous nous regardons
nous nous disons des paroles obscures,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme le vin dans les conques,
comme la mer dans le rayon de sang de la lune.

Nous sommes à la fenêtre enlacés, ils nous regardent de la rue :
il est temps que l'on sache !
Il est temps que la pierre consente à fleurir,
qu'au désarroi batte un cœur.
Il est temps qu'il soit temps.

Il est temps.
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PAR L'IMPULSION du rêve sur le circuit,
à
feu lent,

deux masques au lieu d'un,
la poussière de planètes
dans les yeux caves,

aveugles à la nuit , au jour,
aveugles au monde,

la capsule de pavot en toi
atterrit quelque part,
passe une étoile - soeur
sous silence,

le domaine nageant de la douleur
démarque une ombre plus lointaine,

ils t'aident, tous,

la pierre du coeur perce son éventail,
nulle sorte
de fraîcheur,

ils t'aident, tous,

tu fais voiles, décrois et t'éteints

des essaims d'yeux passent le détroit,
une motte de sang bifurque vers la voie,
des essaims de terre te confortent,

l'orage moissonne
dans l'univers.
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D'une clé qui change

D'une clé qui change
tu ouvres la maison où
tournoie la neige des choses mardi.
Au gré du sang qui sourd
de ton oreille ou ton œil ou ta bouche,
ta clé change.


Ta clé change, le mot change,
qui peut virevolter avec les flocons.
Poussée par le vent qui te balaye,
s'enroule autour du mot la neige.
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Aucun tâtonnement désancré (« Kein ankerloses Tasten »)

Aucun tâtonnement désancré ne gêne ta main,
Et la nostalgie dispersée dans la nuit porte la détresse
Des prières, mains jointes, tremblant devant le rouge carmin
De tes traits, obscurément tendus dans la tristesse.

Tes soupirs hésitants retiennent ton visage sur
La pente de leur élévation en forme de sarments ;
Et aux soupirs consternés il offre doucement
Une sollicitude mécheuse devant les rêves d’azur.

Ils s’échappent pourtant de leur radieux répit
Et le pourpre souvent les entoure d’un habit
De voyage et d’errance, d’océan sans grève.

Tu ne rattraperas celui qui fuit la trêve,
Là où sont les fourrés et l’essaim, abrupts et sublimes –
Car tu es le repos, mère, lueur dans l’abîme.


Czernowitz, mai 1938 (pour la fête des mères)
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Ténèbres (« Finsternis »)

Les urnes du silence sont vides

Dans les branches
S’accumule, noire,
La chaleur lourde des chants muets

Les pals des heures
Tâtent, insensibles, un temps étranger

(…)

L’est est en fumée après cette nuit
Seule la Mort [das Sterben, avec ce S en forme de rune]
Jaillit.

(Ruth Kraft suggère le printemps 1941, je dirais plutôt l’été 1941, après l’arrivée des Einsatzgruppen à Czernowitz).
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L’heure des spectres (« Die Geisterstunde »)

Silence haletant. Le vent du sud se donne-t-il tant de souci ?
Viens, œillet, tu es ma couronne. Viens, la vie, fleuris.

Qui est dans le miroir ? Qui déambule ? Laisse la malice.
Qui écoute ton silence, qui voit comme tu es lisse ?

(…)

Tout pousse. Dans la maison illuminée volent des éclats.
Ils éventent nos âmes en chantant tout bas.

1941
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Nocturne (« Notturno »)

Ne dors pas, reste vigilant.
Les peupliers chantant au pas cadencé,
Viennent avec le peuple guerrier.
Tous les étangs sont remplis de ton sang.

(…)

Le monde est une bête en travail, pelée,
Qui dans le clair de lune s’est faufilée,
C’est le nom de Dieu qu’elle hurle, il me semble,
De froid et d’épouvante je tremble.

1941
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Murmure des morts (« Gemurmel der Toten »)
Pour Tanja

Les cavités de nos yeux sont claires,
Illuminées par les coléoptères.
Avec de l’argile, les cheveux en broussailles,
Nous construisons le monde, vaille que vaille.
(…)
Le bourreau avec son crochet
Décapite nos ombres dans le donjon.
Valets, ayez pitié, valets…
Pitié, ô, dragon.

Czernowitz, juillet 1941
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Le macchabée (« Der Tote »)

Son regard est fouetté par les astres
Leur épine est-elle cause de son désastre ?

Au point qu’il les empoigne, les pissenlits
Et que son cœur, à tous vents il l’aiguise,

Où les fourrés le retiennent et le chassent,
Et où la nuit vient se joindre au cadavre ?
(…)

Date inconnue. Ruth Kraft propose 1940. Je pense plutôt 1941.
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