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Citations sur Les beaux Draps (32)

Ça suffit pas la misère pour soulever le peu-
ple, les exactions des tyrans, les grandes catas-
trophes militaires, le peuple il se soulève ja-
mais, il supporte tout, même la faim, jamais
de révolte spontanée, il faut qu'on le soulève,
avec quoi ? Avec du pognon.
Pas d'or pas de révolution.
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On apprend rien à l’école que des sottises raisonnantes, anémiantes, médiocrisantes, l’air de tourner con râbacheur. Regardez les petits enfants, les premières années… ils sont tout charme, tout poésie, tout espiègle guilleretterie… À partir de dix, douze ans, finie la magie de primesaut ! mués louches sournois butés cancers, petits drôles plus approchables, assommants, pervers grimaciers, garçons et filles, ragoteux, crispés, stupides, comme papa maman. Une faillite ! Presque déjà parfait vieillard à l’âge de douze ans ! Une culbute des étoiles en nos décombres et nos fanges ! Un désastre de féerie. Quelle raison ? La puberté ? Elle a bon dos ! Non ! Parce que dressés tout de suite en force, sonnés d’emblée dès l’école, la grande mutilante de jeunesse, l’école leur aura coupé les ailes au lieu de leur ouvrir toutes grandes et plus grandes encore ! L’école n’élève personne aux nues, elle mutile, elle châtre. Elle ne crée pas des hommes ailés, des âmes qui dansent, elle fabrique des sous-hommes rampants qui s’intéressent plus qu’à quatre pattes, de boutiffes en égouts secrets, de boîtes à ordures en eaux grasses.
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L’usine (…) c’est une triste nécessité de la condition matérielle. Entendu, ne chichitons pas, acceptons vaillamment l’usine, mais pour dire que c’est rigolo, que c’est des hautes heures qu’on y passe, que c’est le bonheur d’être ouvrier, alors pardon ! l’abject abus ! l’imposture ! l’outrant culot ! l’assassinat désinvolte ! (…)

Bien sûr on peut pas supprimer, l’usine dès lors étant admise, combien d’heures faut-il y passer dans votre baratin tourbillant pour que le boulot soye accompli ? toutes les goupilles dans leurs trous, que vous emmerdiez plus personne ? et que le tâcheron pourtant crève pas, que ça tourne pas à sa torture, au broye-homme, au vide-moelle ?... Ah ! C’est la question si ardue… toute délicate au possible.

S’il m’est permis de risquer un mot d’expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c’est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique.

Y a pas que le vacarme des machines, partout où sévit la contrainte c’est du kif au même, entreprises, bureaux, magasins, la jacasserie des clientes c’est aussi casse-crâne écoeurant qu’une essoreuse-broyeuse à bennes, partout où on obnubile l’homme pour en faire un aide-matériel, un pompeur à bénéfices, tout de suite c’est l’Enfer qui commence, 35 heures c’est déjà joli. La preuve c’est qu’on voit pas beaucoup des jeunes effrénés volontaires s’offrir à la conduite des tours, des fraiseuses racleuses chez Citron ou chez Robot C°, pas plus que de commis éperdus mourant d’adonner leur jeunesse à l’étalage chez Potin. Ça n’existe pas. L’instinct les détourne.
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Les damnés de la Terre, d'un côté, les bourgeois de l'autre, ils n'ont au fond qu'une seule idée, devenir riche ou le demeurer, c'est pareil au même, l'envers vaut l'endroit, la même monnaie, la même pièce, dans les cœurs aucune différence. C'est tout tripe et compagnie. Tout pour le buffet. Seulement en a des plus avides, des plus coriaces, des plus fainéants, des plus sots, ceux qu'ont de la veine, ceux qui l'ont pas. Question de hasard, de naissance. Mais c'est tout le même sentiment, même horreur
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Ça y est ! Il paraît que tout change qu’on est maintenant dans les façons, la rédemption, les bonnes manières, la vraie vertu. Faudra qu’on surveille son langage. Y a des décrets aussi pour ça. Je suis passé en Correctionnelle, faut pas que ça recommence ! Surtout ne dénommons personne ! Rien que des idées générales ! Mme de Broussol en a bien ! Née Plumier ! Sardines à l’huile ! pudibondes ! pas à l’eau ! Pernod ! Ah ! Ah ! Je me comprends ! C’est l’astuce ! Parfaitement seul ! Je me donnerai pas ! Je mouille plus du tout, je m’hermétise, je suis bourrelé de mots secrets. Je m’occulte. Et encore tout à fait prudent ! Tout devient des plus épineux. Y a des censeurs, des délateurs dans tous les coins… Je sais plus où me mettre… Châtions, châtions, nos expressions ! … La France est bourrique, c’est plein la Commandantur des personnes qui viennent dénoncer… Elles vont au Parquet ensuite… le lendemain elles retournent (1) rue de Rivoli… Au nom de la Patrie toujours ! donner le copin, la copine… Comme ça ne perdant pas une minute… Le Fiel est Roi ! Regardez la gueule du trèpe, c’est du long cauchemar en figures. C’est tout obscène par le visage. Parties honteuses remontées au jour. Châtions ! châtions nos expressions ! Il n’est que temps Bordel de merde ! On se méfie jamais assez !
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Élection égal Baratin, égal achat des ahuris, égal flagornerie des foules, égal Bistrot empereur des Rots, égal Français "premier du monde", égal noyade en vinasse, égal Grande Presse et Ratata, grande radio, égal grande ribote des votants, égal la folle foire d'empoigne, égal viande saoule à discrétion, égal Parlement de Laquais, commissionnaires de cantons, laquais d'enchères, laquais de Loges, laquais de juifs, laquais à toutes sauces, laquais éperdus d'astuce, à ramper, bramer, farfouiller, boîtes et ordures en tous genres, [...] toutes hécatombes en tous genres, la France en tige, en fleur, en herbe, fauchée selon la méthode, les clauses du véritable pacte, le seul qui importe, le seul respecté : Vote aux Aryens, Urnes aux juifs.
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L'heure est aux purifications, la vogue est à l’Égalité. En ont-ils joué nos maçons ! pavoisé, ceint nos édifices, ensorcelé nos monuments ! il fallait bien que ça aboutisse un jour ou l'autre, que ça descende dans l'existence, l’Égalité.
Égalité devant la faim, pour tous les vivants la même chose, les 3000 calories Standard, pour le génie, pour Beethoven, comme pour Putois Jules, terrassier.
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Tout homme ayant un cœur qui bat possède aussi sa chanson, sa petite musique personnelle, son rythme enchanteur au fond de ses 36°8, autrement il vivrait pas. La nature est assez bourrelle, elle nous force assez à manger, à rechercher la boustiffe, par tombereaux, par tonnes, pour entretenir sa chaleur, elle peut bien mettre un peu de drôlerie au fond de cette damnée carcasse. Ce luxe est payé.
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Nous crevons d'être sans légende, sans mystère, sans grandeur. Les cieux nous vomissent. Nous périssons d'arrière-boutique.
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Bien sûr on peut pas supprimer, l'usine dès lors étant admise, combien d'heures faut-il y passer dans votre baratin tourbillant pour que le boulot soye accompli ? toutes les goupilles dans leurs trous , que vous emmerdiez plus personne ? et que le tâcheron pourtant crève pas, que ça tourne pas à sa torture, au broye-homme, au vide-moelle ?...
Ah ! C'est la question si ardue... toute délicate au possible. S'il m'est permis de risquer un mot d'expérience, sur le tas, et puis comme médecin, des années, un peu partout sous les latitudes, il me semble à tout bien peser que 35 heures c'est maximum par bonhomme et par semaine au tarabustage des usines, sans tourner complètement bourrique.
Y a pas que le vacarme des machines, partout où sévit la contrainte c'est du kif au même, entreprises, bureaux, magasins, la jacasserie des clientes c'est aussi casse-crâne écoeurant qu'une essoreuse-broyeuse à bennes, partout où on obnubile l'homme pour en faire un aide-matériel, un pompeur à bénéfice, tout de suite c'est l'Enfer qui commence, 35 heures c'est déjà joli.
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