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Critique de Lamifranz


Dans les histoires de la littérature, on présente souvent Apollinaire comme le poète de la modernité, celui qui a dynamité les formes de la poésie et lui a donné un nouveau souffle. C'est vrai, il n'y a pas de doute là-dessus, même s'il se situe dans une longue tradition qui passe par Villon, Nerval, Baudelaire et Rimbaud. Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que dans cette grande aventure de la modernité, l'ami Guillaume n'était pas seul : au moins deux grands poètes l'ont accompagné : Max Jacob (1876-1944) et Blaise Cendrars.
Blaise Cendrars est né en 1887 à La-Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel - Suisse). Vous ne connaissez pas La Chaux-de-Fonds ? C'est le lieu de naissance de plusieurs personnalités : les plus connues sont Cendrars (1887-1961) et Le Corbusier (1887-1965), mais on compte aussi les navigateurs Laurent et Yvon Bourgnon, les constructeurs automobiles Louis et Arthur Chevrolet, ou encore les dessinateurs Plonk et Replonk (si vous ne les connaissez pas, allez vite vous renseigner sur Internet et Youtube, vous ne le regretterez pas), et beaucoup d'autres personnes très estimables et très estimées.
Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Sauser, est un de ces types qui ne tiennent pas en place : à 17 ans sa première équipée le conduit en Mandchourie (c'est un peu plus loin que le coin de la rue) puis les Etats-Unis, l'Afrique noire, le Brésil… Puis vint la 1ere Guerre mondiale où il perdit un bras, fait qu'il relata entre autres dans « L'Homme foudroyé » et « La main coupée ». Il délaissa un peu la poésie pour le roman et les récits autobiographiques. Il meurt à Paris en 1961.
La poésie de Blaise Cendrars est empirique. Elle ne se rattache pas aux mouvements littéraires, ni aux écoles poétiques qui font florès à l'époque, elle découle immédiatement de sa vie aventureuse, de ses voyages, de ses passions multiples. le nouveau langage poétique, dont il est un des promoteurs (absence de ponctualité, liberté totale dans la rime ou le rythme, éclectisme de l'inspiration, prédominance de l'image) en fait un initiateur, un précurseur dont se souviendront les générations suivantes, à commencer par les surréalistes.
On pourrait croire que cette poésie du voyage le situe dans le sillage de Rimbaud, mais ce n'est pas le cas : les voyages de Rimbaud ne sont que des fugues (le grand voyage d'Abyssinie se situe hors de sa période poétique). Ceux de Cendrars sont une raison de vivre, un besoin impérieux. Et en même temps le terreau de son expression poétique.
Personnage complexe et attachant, Cendrars souffre un peu de cette réputation d'aventurier, qui minimise un peu son oeuvre de poète, de romancier, d'essayiste. Bien à tort, car cette oeuvre, extrêmement riche et novatrice a sa place parmi les grandes productions littéraires de l'époque. le présent recueil réunit la totalité des oeuvres poétiques de l'auteur incluant ses deux plus grands poèmes : « Les Pâques à New-York » et « Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » ainsi qu'une multitude de poèmes, relatifs aux escales dans ses voyages, ou encore inspirés par la guerre.

En 1913, il disait au sujet de la « Prose du Transsibérien » : « Toute vie n'est qu'un poème, un mouvement. Je ne suis qu'un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant ».
C'est plus qu'une citation, c'est un auto-portrait.
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