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Citations sur Don Quichotte, tome 1 (95)

[...] - Ce n'est pas à vous que s'adresse ce diction, répartit Léonella; car l'amour, à ce que j'ai ouï dire, tantôt vole, tantôt marche; il court avec celui-là, se traîne avec celui-ci, refroidit l'un, enflamme l'autre, blesse à gauche, tue à droite. Quelquefois il entreprend la carrière de ses désirs, et au même instant il arrive au bout; le matin il met le siège à une forteresse, et le soir la fait capituler, car aucune force ne résiste à la sienne. S'il en est ainsi, pourquoi craindre?
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Faut-il que je sois si malheureux errant qu'il n'y ait pas une fille, pour peu qu'elle me voie, qui ne s'amourache de moi ! Faut-il que la sans pareille Dulcinée soit si peu chanceuse, qu'on ne la laisse pas jouir en paix et à l'aise de mon incroyable fidélité ! Que lui voulez-vous reines ? Que lui demandez-vous, impératrices ? Qu'avez-vous à la poursuivre, jeunes filles de quatorze à quinze ans? Laissez, laissez-la, misérables; souffez qu'elle triomphe et s'enorgueillisse du destin que lui fit l'amour en rendant mon coeur son vassal et en lui livrant les clefs de mon âme. prenez garde, ô troupe amoureuse, que je suis pour la seule Dulcinée de cire et de pâte molle; pour toutes les autres, de pierre et de bronze. pour elle, je suis doux comme miel; pour vous, amer comme chicotin. Pour moi, Dulcinée est la seule née; toutes les autres sont laides, sottes, dévergondées et de basse origine. c'est pour être à elle et non à nulle autre, que la nature m'a jeté dans ce monde.
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Le ciel, à ce que vous dites, m’a faite belle, de telle sorte que, sans pouvoir vous en défendre, ma beauté vous force de m’aimer ; et, en retour de l’amour que vous avez pour moi, vous dites et vous prétendez que je suis tenue de vous aimer. Je reconnais bien, par l’intelligence naturelle que Dieu m’a donnée, que tout ce qui est beau est aimable ; mais je ne puis comprendre que, par la raison qu’il est aimable, ce qui est aimé comme beau soit tenu d’aimer ce qui l’aime, d’autant mieux qu’il pourrait arriver que ce qui aime le beau fût laid : or le laid étant digne de haine, il vient mal à propos de dire : Je t’aime parce que tu es belle ; tu dois m’aimer quoique je sois laid. Mais supposons que les beautés soient égales : ce n’est pas une raison pour que les désirs soient égaux, car de toutes les beautés ne naît pas l’amour : il y en a qui réjouissent la vue sans soumettre la volonté. Si toutes les beautés touchaient et forçaient les cœurs, le monde serait une confusion où les volontés se croiseraient et s’entrechoqueraient sans savoir où se prendre et se fixer ; car, rencontrant des beautés en nombre infini, les désirs seraient également infinis ; et l’amour véritable, à ce que j’ai ouï dire, ne se divise point : il doit être volontaire et non forcé. S’il en est ainsi, comme je le crois, pourquoi voulez-vous que mon cœur cède à la contrainte, et seulement parce que vous dites que vous m’aimez bien ? Mais, dites-moi, si le ciel, au lieu de me faire belle, m’eût faite laide, serait-il juste que je me plaignisse de vous parce que vous ne m’aimeriez pas ? D’ailleurs, vous devez considérer que la beauté que j’ai, je ne l’ai pas choisie ; telle qu’elle est, le ciel me l’a donnée par pure grâce, sans prière, sans choix de ma part ; et, de même que la vipère ne mérite pas d’être accusée du venin qu’elle porte dans sa bouche, bien que ce venin cause la mort, parce que la nature le lui a donné, de même je ne mérite pas de reproches pour être née belle. La beauté, dans la femme honnête, est comme le feu éloigné, comme l’épée immobile ; ni l’un ne brûle, ni l’autre ne blesse ceux qui ne s’en approchent point. L’honneur et la vertu sont des ornements de l’âme, sans lesquels le corps peut, mais ne doit point paraître beau. Eh bien, si l’honnêteté est un des mérites qui ornent et embellissent le plus le corps et l’âme, pourquoi la femme qu’on aime pour ses charmes devrait-elle la perdre, afin de correspondre aux désirs de l’homme qui, pour son plaisir seul, essaye, par tous les moyens, de la lui enlever ? Libre je suis née, et, pour pouvoir mener une vie libre, j’ai choisi la solitude des champs.
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La plume est la langue de l'âme.
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Je suis née libre, et pour pouvoir vivre libre, j'ai choisi la solitude des champs. Les arbres de ces ruisseaux sont mes miroirs : à ces arbres, à ces eaux, je communique mes pensées et ma beauté. Je suis feu isolé, épée rangée à distance. Ceux que j'ai rendu amoureux par la vue, j'ai dissipé leurs illusions par les paroles.

[Chapitre XIV] (p.193)
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...Qui aurait dit qu’après les grands coups d’épée que Votre Grâce a donnés à ce malheureux errant, viendrait si vite à leur suite cette grande tempête de coups de bâton qui est venue fondre sur nos épaules ?
– Encore les tiennes, Sancho, répliqua don Quichotte, sont-elles faites à de semblables averses ; mais pour les miennes, élevées dans la fine toile de Hollande, il est clair qu’elles sentiront bien plus longtemps la douleur de cette triste aventure ...
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Il dormait si peu et lisait tellement que son cerveau se dessécha et qu'il finit par perdre la raison.
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Il te sera plus facile de te réduire à aimer celle qui t'adore que de réduire à t'aimer celle qui te déteste.
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La raison de la déraison qu'a ma raison vous faites , affaiblit tellement ma raison qu'avec raison je me plains de votre beauté .
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[...] ... Or, voici ce qu'il en était de l'armet [= petit casque fermé], du cheval et du chevalier que voyait don Quichotte : en cette contrée il y avait deux villages, l'un desquels était si petit qu'il n'y avait ni apothicaire ni barbier, tandis que l'autre, qui était tout prêt, en était pourvu ; ainsi le barbier du plus grand servait au moindre, auquel il y eut justement un malade ayant besoin d'être saigné, et un autre de se faire la barbe. C'est pourquoi le barbier s'y rendait portant un bassin de cuivre. Et la fortune voulut qu'au cours de sa marche il commença à pleuvoir, et, de peur que son chapeau ne fût taché de la pluie, parce qu'il devait être neuf, il se mit son bassin sur la tête ; et, comme il était fort net, il luisait d'une demi-lieue de loin. Enfin l'homme était monté sur un âne gris, comme Sancho avait dit. Et voilà comment il sembla à don Quichotte qu'il y eût là cheval gris pommelé, chevalier et armet d'or, car toutes les choses qu'il voyait, il les accommodait facilement à ses délirantes chevaleries et vagabondes pensées.

Et, quand il vit que le pauvre chevalier approchait, sans entrer autrement en discours avec lui, à toute course de Rossinante, il coucha sa lance contre lui en l'intention de le percer de part en part ; mais quand il fut tout contre lui, sans retenir la furie de sa carrière, il lui dit : "Défends-toi, chétive créature, ou me rends de bon gré ce qui m'est dû avec tant de raison." Le barbier qui, tandis qu'il y pensait le moins, vit venir contre lui ce fantôme, n'eut d'autre remède pour esquiver le coup de sa lance que de se laisser choir de son âne, et il n'eût pas plus tôt couché terre qu'il se leva plus vite qu'un daim, et commença à courir par la plaine si légèrement que le vent ne l'eût pas atteint. Il laissa son bassin à terre, de quoi don Quichotte fut content et dit que le païen avait fort adroitement agi et avait imité le castor, lequel, se voyant pressé des chasseurs, arrache et tranche avec ses dents ce pourquoi il sait par instinct naturel qu'il est poursuivi.

Il commanda à Sancho de relever l'armet ; l'autre, le prenant entre ses mains, s'écria : "Par Dieu ! le bassin est beau et vaut une pièce de huit réaux comme un maravédi." Il le bailla à son maître, et celui-ci se le mit incontinent en tête, le tournant d'une part et de l'autre et cherchant l'enchâssure, et, comme il ne la trouva point, il dit : "Sans doute le païen à la mesure de qui fut forgée cette fameuse salade devait avoir une très grosse tête ; et le pis que j'y vois est qu'il en manque la moitié." Quand Sancho ouït appeler ce bassin salade, il ne se put tenir de rire ... [...]
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