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Citations sur Don Quichotte, tome 1 (95)

[...] ... En ce même temps don Quichotte sollicita un laboureur son voisin, homme de bien (si c'est que ce titre se puisse donner à un qui est pauvre), mais qui avait fort peu de plomb en sa caboche. En somme, il lui en dit tant, le persuada et lui promit tant que le pauvre paysan se délibéra d'aller avec lui et lui servir d'écuyer. Don Quichotte lui disait entre autres choses qu'il se disposât à aller en sa compagnie de bonne volonté, parce qu'il lui pourrait quelquefois arriver telle aventure, qu'il gagnerait, en moins d'un tour de main, quelque île, et qu'il l'en ferait gouverneur. Par ces promesses et autres semblables, Sancho Pança (ainsi s'appelait le laboureur) laissa sa femme et ses enfants et se mit pour écuyer de son voisin. Don Quichotte donna ordre à chercher de l'argent, et, vendant une maison, en engageant une autre et faisant un mauvais marché de toutes, amassa une raisonnable somme. Il s'accommoda aussi d'une rondache [= bouclier circulaire] qu'il emprunta d'un sien ami, et, en radoubant du mieux qu'il put sa salade [= casque de forme ronde, porté aux XVème et XVIème siècles] rompue, il avertit son écuyer du jour et de l'heure qu'il pensait se mettre en chemin, afin qu'il s'équipât de ce qu'il verrait lui être le plus nécessaire. [b]Surtout il lui recommanda de porter un bissac.[/b] L'autre lui dit qu'il en porterait un, et que même il faisait état de mener un âne qu'il avait très bon, car ce n'était pas son fort que d'aller beaucoup à pied. Quant à ce point de l'âne, don Quichotte s'y arrêta un peu, se creusant le cerveau pour voir s'il se souvenait qu'aucun chevalier errant eût mené d'écuyer asinesquement monté, mais il ne lui en vint pas un en mémoire. Ce nonobstant, il résolut qu'il le menât avec l'intention de l'accommoder d'une plus honorable monture, quand l'occasion s'en présenterait, ôtant le cheval au premier chevalier discourtois qu'il rencontrerait. Il se pourvut aussi de chemises et d'autres choses qu'il put, suivant le conseil que le tavernier lui avait donné. Ce qui étant fait et accompli, sans que Pança prît congé de ses enfants ni de sa femme, ni don Quichotte de sa gouvernante ni de sa nièce, une nuit ils sortirent du village sans que personne les vît, et durant icelle cheminèrent tant que, quand le jour vint, ils se tinrent pour assurés qu'on ne les trouverait pas, encore qu'on les cherchât. ... [...]
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Il y avait encore, dans la même hôtellerie, une servante asturienne, large de face, plate du chignon, cause de nez, borgne d'un oeil et peu saine de l'autre. A la vérité, l'élégance du corps suppléait aux défauts du visage.
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Don Quichotte demanda à Sancho qui l'avait mû à l'appeler le "Chevalier de la Triste Figure" plutôt alors que jamais. "Je vous le dirai, répondit Sancho ; c'est parce que je me suis mis à vous contempler un peu à la lueur du flambeau que porte ce pauvre mal allant ; et véritablement vous avez la plus mauvaise figure que j'aie jamais vue ; et en doit être la cause ou la lassitude et travail de ce combat, ou bien l'absence de vos dents. (p212)
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Ah ! seigneur, dit la nièce, vous pouvez bien les faire brûler comme les autres, parce qu'il n'y aurait guère à faire, que monsieur mon oncle, guéri de sa maladie de chevalerie, en lisant ceux-ci, il ne lui vînt en fantaisie de se faire berger et s'en aller par les bois et par les prés, chantant et touchant du luth, et, ce qui serait encore pis, de se faire poète : car, comme l'on dit, c'est une maladie incurable et contagieuse. (p105)
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Don Quichotte se retourna tout empressé, et, voyant que Sancho disait vrai, il sentit une joie extrême, car il s’imagina sur-le-champ que c’étaient deux armées qui venaient se rencontrer et se livrer bataille au milieu de cette plaine étendue. Il avait, en effet, à toute heure et à tout moment, la fantaisie pleine de batailles, d’enchantements, d’aventures, d’amours, de défis, et de toutes les impertinences que débitent les livres de chevalerie errante, et rien de ce qu’il faisait, disait ou pensait, ne manquait de tendre à de semblables rêveries.
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– Est-il possible, reprit Sancho, que Votre Grâce n’entende pas ce que c’est que le gros et le petit ? Mais c’est avec cela qu’on sèvre les enfants à l’école. Eh bien ! sachez donc que je veux dire s’il vous est venu quelque envie de faire ce que personne ne peut faire à votre place.
– J’y suis, j’y suis, Sancho, s’écria don Quichotte. Oh ! oui, bien des fois, et maintenant encore. Tire-moi de ce péril, si tu ne veux que je me trouve dans de beaux draps. »
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[Tu ne peux] me défendre, à moins que tu ne t'aperçoives que ceux qui m'attaquent sont de la canaille et des gens de rien, auquel cas tu peux me secourir ; mais si c'étaient des chevaliers, il ne t'est nullement permis ni concédé par les lois de la chevalerie de me porter secours, jusqu'à ce que tu sois toi-même armé chevalier.
— Par ma foi, seigneur, répondit Sancho, Votre Grâce en cela sera bien obéie, d'autant plus que de ma nature je suis pacifique, et fort ennemi de me fourrer dans le tapage et les querelles.
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Si je ne me plains pas de la douleur que j'endure, c'est parce qu'il est interdit aux chevaliers errants de se plaindre d'aucune blessure, quand même les entrailles leur sortiraient de la plaie.
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J'ai découvert Don Quijote au lycée, en classe d'espagnol. Nous avons "décortiqué" l'incipit. C'est là, je crois, que je suis "tombée en amour" non seulement pour la langue espagnole, mais aussi pour le style d'un auteur, avant toute autre chose.
Et puis c'est là que j'ai découvert l'impossible et pourtant souvent merveilleux travail des traducteurs : jamais les sons de la langue première, sa musique, ne pourront se retrouver dans les sons d'une autre langue.
Je regrette de n'avoir pas pu apprendre de nombreuses autres langues, pour entrer pleinement dans certains livres dont les sons me resteront à jamais sinon inaccessibles physiquement (je peux bien sûr les écouter), du moins inaccessibles pour la compréhension simultanée du texte et la connaissance approfondie de la culture du pays qui le sous-tend : "Chaque langue contient dans ses mots le roman intérieur d'un peuple." Cette citation n'est pas de moi, mais j'y adhère pleinement.
Et tant pis si je cite un passage connu, je ne m'en lasserai jamais :

En un lugar de la Mancha, de cuyo nombre no quiero acordarme, no ha mucho tiempo que vivía un hidalgo de los de lanza en astillero, adarga antigua, rocín flaco y galgo corredor. Una olla de algo más vaca que ternero, salpicón las más noches, duelos y quebrantos los sábados, lantejas los viernes, algún palomino de añadidura los domingos, consumían las tres partes de su hacienda.
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Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus?
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