Chez les Sioux, l'ours est l'animal le plus proche de l'homme.
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Je regardai, fasciné, l'énorme animal qui se tortillait comme un chaton pour faciliter le travail de grand-père.
Quand le pansement fut terminé, l'ours poussa un petit gémissement et tendit la patte arrière droite ; on distinguait une grosse boursouflure suintante qui distendait les coussinets.
L'image que je gardais de mon grand-père était très vague. Nous n'avions aucune photo à la maison. Quand j'ai vu un costaud habillé tout en jean descendre du train et nous faire un signe de la main, je n'en suis pas revenu. Ce n'était pas l'idée que je me faisais d'un honnête pépé.
J'ai eu droit aussi à la causette idiote des adultes qui veulent sympathiser avec les enfants. Vous savez : "C'est bien, à l'école ?", "Dis donc tu es drôlement grand pour ton âge"...
Heureusement, juste au moment où j'allai me décider à les assommer à coup de tabouret, Pony-Head est arrivée.
Le grizzli se retourna vers moi, lentement. Dans le même mouvement il retomba sur ses pattes antérieures.Il était tellement énorme qu'ainsi ses yeux se retrouvèrent à la hauteur des miens. Je sentis que j'avais tenté la chance une fois de trop, et que cette fois il allait me déchiqueter sans pitié.
Mais je lus dans son regard la souffrance, la peur, la volonté aussi, comme lors de notre rencontre précédente, de me faire comprendre quelque chose que je ne parvenais pas à saisir.
Il grogna sourdement, et d'un bond regagna les fourrés.
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