Construire un feu (BD)

Construire un feu, c'est comme un jeu, un truc de scout en patrouille, de campeur en vadrouille, de gosses sur la plage en été, d'amoureux devant une cheminée, de randonneur qui fait griller ses côtelettes...

Construire un feu, c'est hasardeux, merveilleux, miraculeux, dangereux.....

Construire un feu, c'est rester en vie, poursuivre sa route, ne pas se figer dans le désert de glace, penser aux gars qu'on va retrouver, aux conseils des vieux de Sulphur Creek, à l'or qu'on va ramasser, c'est se sentir encore un homme, lutter pour s'en sortir.....

Construire un feu, c'est le récit du fol orgueil d'un homme qui a déjà tourné le dos à la vie.....

Une envie de longue date de découvrir les BD de Chabouté. J'ai emprunté à mon CDI... cette adaptation de la nouvelle de London... et cela me donne envie de découvrir ses autres réalisations.

"En 1896...de riches gisements aurifères furent découverts au Nord du canada dans la région du Klondike. Partout la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre...
en pleine crise économique, cette fièvre de l'or attira vers les contrées sauvages et inexplorées du Grand Nord des milliers d'apprentis aventuriers"...

L'intensité dramatique est fabuleusement rendue par plusieurs techniques: les perpectives, une alternance de dessins offrant de vastes perpectives, parfois , à pleine page au "zoom", avec moult détails infimes , très peu de texte, ainsi qu' une économie absolue au niveau des couleurs qui se cantonnent au bistre, au bicolore; la seule et unique note de couleur est "ce feu" vital, et central... qui absorbe toute notre attention, qu'il faut surtout alimenter et empêcher de s'éteindre...

Un homme solitaire, escorté de son chien, surestime le danger et néglige les conseils d'anciens, il mourra gelé, en dépit de la présence de son compagnon à poils
"Le chien le sait bien lui, que ce n'est pas un temps pour voyager.... Son jugement de chien est bien plus juste que ton orgueilleux jugement d'homme" (p.13)

C'est une adaptation de la nouvelle éponyme de Jack London. On est dans le grand nord canadien au tout début du XXe siècle, Un homme avec son chien traverse une zone glaciale alors que la tempréature descend au dessous de -45°.
Je préfère le dessin de Chabouté quand il est sans nuances, sans lavis, comme dans son adaptation de Moby Dick par exemple. Ici le dessin avec ses nuances est plus uniforme, le choix du brun pour les lavis est à mon sens une erreur, rendant les images plus chaudes, alors que le sujet c'est le froid extrème. Il manque à mon goût ce coté cinglant des contrastes du noir et blanc, rendant la situation plus tendue, et du coup, malgré de très beaux dessins, l'intensité de l'histoire n'atteint pas de paroxisme comme dans la nouvelle de Jack London.
Un beau livre tout de même, et je persiste à penser que Chabouté est meilleur en mer qu'en montagne

Je n'ai pas lu l'histoire originale et je ne peux pas comparer avec la BD.
Tout ce que je pense en sortant de cette BD c'est "bien fait". Dans le monde glacial du klondicke, en plein hiver, un homme cherche a rejoindre un campement. Malgré les conseils reçus, il se juge supérieur a la nature , et va avancer avec son chien dans le très grand froid.
bon la fin, vous vous en doutez... et donc "bien fait"...
le dessin est inquiétant, et les paysages sont vraiment glaciaires...je n'ai ressenti que antipathie pour cet homme.
pas une BD de détente assurément, mais suffisamment bien faite pour agacer et fâcher.

Le dessin noir-blanc-gris a été utilisé à bon escient pour personnifier le grand froid et les étendues de neige et de glace. Chaboute est fidèle à lui-même, il vous fait ressentir les émotions du personnage par le dessin plutôt que par la parole. Le texte de Jack London est déroulé en quelques bulles qui renforcent l'effet du dessin.
J'ai particulièrement aimé les quelques pages muettes au moment ou l'aventurier se décide à faire le feu, les images parlent d'elles-mêmes, elles vous expliquent bien mieux que des mots les pensées de l'homme. Ce sont les seules pages ou la couleur est présente, l'homme et le chien se réchauffent près des flammes oranges... Puis quittent le feu à regret pour continuer leur marche dans le désert glacé.
C'est un album où l'ambiance revêt une grande importance, nous n'avons pas besoin du texte pour comprendre l'histoire, le dessin suffit.

EXTRAIT "Recommandé par plusieurs lecteurs de confiance ici-même, je n'ai pas tardé à me procurer cet album de Chabouté, auteur extrêmement bien représenté en bibliothèque à Grenoble. Malheureusement, ce ne sera pas pour rejoindre un concert de louange que j'écris aujourd'hui. Il manque une chose essentielle à ce récit: une histoire. Il y a une situation, un homme isolé seul dans l'hiver nord-canadien avec son chien, mais il n'y a pas d'histoire. 64 plaches pour se contenter d'illustrer une situation, c'est long."
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..

Superbe adaptation du'une nouvelle cruelle de Jack London !
M. Chabouté nous régale d'une très belle mise en images, comme il sait si bien faire .

une adaptation en BD réussie de la nouvelle de Jack London.