A peine rentré de Paris d'une mission périlleuse, l'inspecteur Dalil est convoqué au ministère et envoyé à Beyrouth enquêter, officiellement sur le meurtre d'une chanteuse marocaine et officieusement il doit localiser des missiles iraniens aux mains du Hezbollah qui pourrait bien les lancer vers le Maroc.
Arrivé à Beyrouth, il rencontre son contact, la charmante Nabila l'Égyptienne, connue sous le nom de la Chatte. Comme à son habitude, Dalil n'en fait qu'à sa tête et selon ses méthodes, poussé par la Petite voix que lui seul entend et à laquelle, à la surprise de beaucoup, il répond.
L'inspecteur Dalil, à la retraite est souvent sollicité pour son expérience pour des missions périlleuses qui demandent dextérité et efficacité. La soixantaine débutante, les quelques soucis de santé ou d'endurance qui vont avec, une inélégance vestimentaire presque recherchée, un franc-parler et une solidité à toute épreuve font de lui un adversaire redoutable. Incorruptible, inatteignable, incorrigible, ingérable, c'est le type même de celui qu'aucun malfrat ne veut avoir contre lui et parfois aucun flic avec lui tant il est solitaire et imprévisible.
Créé et soutenu par les mots admirables, les tournures de phrases, le style flamboyant à la fois fleuri et châtié de
Soufiane Chakkouche qui ne recule devant rien pour faire de son héros un personnage inoubliable. L'ironie ou l'auto-dérision en permanence : "Mais pas le temps de sortir les violons, Dalil devait à nouveau sauver son pays et ses dirigeants, on l'aurait presque oublié." (p.124) Une description de la Chatte à faire de chaque lecteur un loup texaveryen à la langue pendante : "Un quart de siècle fourré dans une robe fourreau foncée et nouée à la taille de façon à souligner un corps impoli, une poitrine arrogante, une chute de reins vertigineuse et un derrière probablement galbé." (p.33)
Puis, il y a tout le reste, Beyrouth, les terroristes, un jeune garçon qui sert de guide à Dalil, un flic trop propre sur lui, des missiles à localiser... Et Dalil qui semble partir dans tous les sens, emmagasinant tant et tant d'indices, d'informations qu'elles lui serviront pour tout dénouer à la fin... s'il survit, car péril et danger -n'ayons point crainte des répétitions- il y a.
Dalil est un héros de roman noir atypique à la fois discret et grande gueule, sérieux et loufoque, grivois, qui préfère les gens qu'il côtoie tous les jours aux grands du monde : "Dans tous les pays du monde, en guerre ou en paix, peu importe, vivent des familles au-dessus de la loi, de toutes les lois. Officieusement, on appelle cette dérogation : le pouvoir et/ou l'argent. Officiellement : l'immunité." (p.109)
Soufiane Chakkouche en est à son troisième roman avec Dalil (
L'inspecteur Dalil à Paris) et cette série est originale et addictive, j'attends la suite avec impatience.
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