Quelle claque cette brique!
La cité de laiton est l'une de mes premières lectures de fantasy orientale et je dois dire que j'ai été conquise! Dès le début, j'ai été happée par cette lecture qui offre un univers tellement dense, et si différent de ce que je lis d'habitude. Il m'a fallu un moment pour faire le point sur le lexique, pour éviter des confusions et pour finir par me porter par cette lecture pleine de mystères, de secrets.
Notre héroïne est Nahri, escroc du Caire qui se retrouve, par mégarde à avoir invoqué un djinn très ancien, un guerrier redoutable qui reconnaît en elle l'héritière de la famille royale qu'il a servi il y a plusieurs siècles. S'en suit une longue série d'actions, des événements qui ont fait saigné mon petit coeur et une fin telle qu'il est difficile de ne pas se jeter tout de suite sur le tome 2 ( ne l'ayant pas à disposition là tout de suite).
Comme je l'ai dit cet univers m'a happé. Avec sa mythologie propre, je suis entrée avec délice dans ce monde de djinns, de marids, de péris et autres créatures.
J'ai été tellement happée que je me suis retrouvée à lire en peu de temps un titre qui fait 700 p. Et à la fin, je reste là avec toutes mes questions, loin d'être repue, et aspirant à davantage de réponses.
S.A. Chakraborty nous offre qu'une esquisse de son monde ici. Je ne doute pas qu'il y ait de plus amples développements dans les deux autres tomes.
Les personnages sont les points forts de ce roman, car ils cristallisent par leur personnalité et ce qu'ils sont les tensions sous-jacentes de ce récit. Nahri, notre protagoniste principale, est loin d'être parfaite. Elle a un code moral très particulier, n'est pas la plus courageuse qui soit, peut se montrer naïve et malgré tout on s'attache à elle, à ses rêves, à ses désirs.
Elle représente les Nahids, cette famille royale déchue, de grands guérisseurs, venant de la tribu des Daevas, l'une des six tribus de Djinns. Elle représente aussi d'une certaine manière les Shafits, des demi-djinn discriminés, vivant pauvrement dans la cité de Daevabad alors qu'ils étaient l'une des causes à défendre lors de la rébellion chassant les Nahids du pouvoir. Jusqu'à la fin, on ne sait si Nahri est "une sang-pur" cachée par une malédiction sous une apparence humaine ou au contraire une Shafit, montrant à tous les Daevas l'hypocrisie de leur dernière "princesse", Manizeh. . Ali est moralisateur, un brin fanatique mais il est difficile de ne pas être d'accord avec ses valeurs.
Deuxième fils du roi Qahtanis, métis, ayant pour père un roi geziri et une mère ayaanle, ils détestent les Daevas, qui ne partagent pas la religion musulmane, comparé à toutes les autres tribus Djinns. Epris de valeurs, il se retrouve à défendre la cause Shafit, alimentant des espoirs de rébellion qui le placerait au pouvoir à la place de son frère aîné. . Quant à Dara... alala, mon coeur saigne. C'est le guerrier, enfermé dans ses préjugés, complètement cabossé par la vie, celui qu'on a envie de sauver de lui-même.
Daeva jusqu'au bout des ongles, il représente le mode de vie de cette communauté de Djinns, ses préjugés à l'encontre des Shafits, ses espoirs vis-à-vis des Nahids, ses rancoeurs vis-à-vis des Qahtanis. C'est aussi un esclave qui en a trop vu, au passé atroce dans lequel on trouve des actes innommables. Ce trio nous offre donc un condensé des relations entre les différentes tribus djinns, leurs attentes et leurs tensions. Ils sont pétris de défauts, ont des avis très différents qui ne semblent pas converger et pourtant offre une espèce d'équilibre.
L'ambiance qui tend vers un triangle amoureux (à mon grand désespoir tellement je n'aime pas ce trope et redoute le choix final) la mort de Dara, l'espoir à la toute fin qu'il revive tout en sachant que son passé peut paraître trop monstrueux pour que Nahri ne finisse pas par se rapprocher d'Ali... Ah, j'ai le pressentiment que la romance que j'appelle de mes voeux ne va pas se dérouler comme je le souhaite du tout!
La fin de ce récit, sur une centaine de pages, nous offre tout un cocktail d'émotions, de rebondissements, d'interrogations, de mystères.
Que va-t-il arriver à Ali dans son exil qui signifie juste une autorisation de l'assassiner? Où se cache la mère de Nahri visiblement en vie? Va-t-elle réussir à faire revivre Dara? Quelle sera la position de Nahri sur tout cela? Quel est le rôle des marids et des péris dans tout cela? Va-t-on en apprendre plus sur le passé d'esclave et surtout sur la réapparition de Dara ? Ce récit était dense. Les attentes qu'ils soulèvent le sont tout autant. J'ai volontairement fait une chronique très spoilante pour moi-même retrouver le fil lorsque je lirai le tome 2.