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Citations sur Enfant de salaud (300)

À hauteur d’homme, il n’y avait plus d’écorce aux arbres, tout avait été mangé. Plus d’herbe non plus. Mangée elle aussi. […]
Un jour, un homme qui s’était fait une lame avec une boite de conserve, a découpé des morceaux de fesse d’un mort et les a mangés. (p.228)
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La nièce du Général [Geneviève de Gaulle-Anthonioz] nous a raconté à quoi s’amusaient les bandes d’enfants abandonnés qui survivaient derrière les barbelés.
- Ils jouaient au camp, monsieur le Président.
Sa voix douce.
- L’un tenait le rôle du SS, les autres des déportés. (p.239)
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Une nécropole élevé à leurs rires absents.
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Oui, je suis un enfant de salaud. Mais pas à cause de tes guerres en désordre,papa, de tes bottes allemandes, de ton orgeuil, de cette folie qui t'a accompagné partout. Ce n'est pas ca un salaud. Ni à cause des rôles que tu as endossés: SS de pacotille, patriote d'occasion, resistant de composition, qui a sauvé des Français pour receuillir leurs applaudissements. La saloperie n'a aucun rapport avec la lâcheté ou la bravoure.

Non. Le salaud c'est l'homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans traces, sans repères, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derière lui. Qui s'est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous: les nazis qui l'ont interrogé, les partisans qui l'ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges, professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre, puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes.

Le salaud, c'est le père qui m'a trahi.

(p.260)
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la joie n'était pas une obligation familiale.
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- Pourquoi un comédien, papa? Tu jouais? Ce n'etait pas vrai tout ça?
Il a fermé les yeux.
- Salaud.
J'ai plié la lettre. Je l'ai rangée dans ma sacoche.
- Et ça, papa?
Cette fois sans lire, une phrase retenue de l'avoir tant lue.
"Excusez Monsieur le juge mon pauvre style mais je suis un soldat et non un romancier."
 Comme au ralenti, il s'est laissé glisser contre une porte cochère jusqu'à s'effondrer sur les marches. Sans un mot, je me suis assis à ses côtés.  J'ai essuyé ma tristesse d'un revers de main. Père, fils, nous étions seuls dans notre coin de pierre.
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«  Et puis, ils sont arrivés. Les noms fragiles, les voix cassées, les phrases tremblées , les dos voûtés ou fiers, les mains crispées sur la barre, les souvenirs qui se bousculent , qui s’échappent , qui écorchent la mémoire ou qui lui font défaut , les larmes ravalées , les yeux secs , les colères sourdes , les âmes en repos , les jambes usées d’une vie debout , les cheveux blancs , les costumes riches , les ensembles pauvres , les fantômes » ….
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Le salaud, c’est l’homme qui a jeté son fils dans la vie comme dans la boue. Sans trace, sans repère, sans lumière, sans la moindre vérité. Qui a traversé la guerre en refermant chaque porte derrière lui. Qui s’est fourvoyé dans tous les pièges en se croyant plus fort que tous : les nazis qui l’ont interrogé, les partisans qui l’ont soupçonné, les Américains, les policiers français, les juges professionnels, les jurés populaires. Qui les a étourdis de mots, de dates, de faits, en brouillant chaque piste. Qui a passé sa guerre puis sa paix, puis sa vie entière à tricher et à éviter les questions des autres. Puis les miennes. Le salaud, c’est le père qui m’a trahi. (p260)
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J’ai passé mon enfance à croire passionnément tout ce qu’il me disait, et le reste de ma vie à comprendre que rien de tout cela n’était vrai. Il m’avait beaucoup menti. Martyrisé aussi. Alors j’ai laissé sa vie derrière la mienne.
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Je l’ai vu comme une bille argentée, frappée par les raquettes d’un billard électrique et se cognant partout. Un papillon désorienté, ivre d’effroi et de lumière, se précipitant contre une vitre grillagée. À mon tour j’ai eu peur, mais je n’y pouvais plus rien. Il était trop tard pour revenir toutes ces années après. J’avais réveillé un somnambule. Dit à un enfant prêt à s’envoler que les fées n’existaient pas. J’avais assassiné la licorne. Tué le Père Noël. Je me suis rendu compte que, depuis toujours, il avait survécu parce que personne ne s’était opposé à ses rêves. Que jamais il n’avait été mis en danger, par un homme, une femme, un n’importe qui brandissant sous ses yeux les preuves de ses impostures. Ces illusions le tenaient debout. Elles étaient son socle, son ossature, sa puissance. À force de temps passé, d’histoires fabriquées répétées en boucle, d’images brodées une à une jusqu’à ce qu’elles deviennent réalité, mon père ne se mentait peut-être même plus. Enfant, puis jeune homme, puis homme, puis père, il s’était forgé une cuirasse fantasque pour se protéger de tous. Une carapace de faux souvenirs vrais.
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