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J'ai choisi de lire Chalandon, il y a 10 ans, en lisant Retour à Killibegs au coeur des conflits irlandais.
l'enragé tient ses promesses : des combats, des méchants horribles, des gens bons, des choix de vie pas simples dans les années 30 de la montée des extrêmes.
Dans la peau de Jules Bonneau, cabossé de la vie, on apprend sur les maisons bagnes pour jeunes, la solidarité des petits pêcheurs en mer.
Sorj Chalandon oppose les gens de coeur et de luttes aux couards, suiveurs et traîtres. Il tisse son panthéon des luttes et des lutteurs. Non sans casse, le livre se termine plutôt bien si on s'en tient à la vocation du héros.
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« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j'ai lu que le Centre d'éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d'abord été détenus des Communards, ont été « rééduqués » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans.
Le soir du 27 août 1934, cinquante-six gamins se sont révoltés et ont fait le mur. Tandis que les fuyards étaient cernés par la mer, les gendarmes offraient une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Alors, les braves gens se sont mis en chasse et ont traqué les fugitifs dans les villages, sur les plages, dans les grottes. Tous ont été capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l'aube, un évadé manquait à l'appel.
Je me suis glissé dans sa peau et c'est son histoire que je raconte. Celle d'un enfant battu qui me ressemble. La métamorphose d'un fauve né sans amour, d'un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues. » Sorj Chalandon
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Après avoir lu ses livres sur l'Irlande, me voici maintenant dans une colonie pénitentiaire pour jeunes. Et là aussi la colère domine ! le héros, Jules, y arrive plein de colère contre l'injustice et l'incompréhension du monde à son égard, y vit et survit grâce à sa colère et s'enfuit avec sa colère. Nous ne saurons qu'une partie de son futur sur le continent. La seule chose que nous savons est qu'il mourra avec sa colère, mais au moins en la transcendant dans la lutte clandestine durant la guerre. Au-delà de ce témoignage, je m'interroge sur la colère des jeunes aujourd'hui, tant dans les banlieues que le monde rural, dans un monde de « vieux", la pyramide des âges n'est pas en leur faveur, que de leur incompréhension des choix faits, comme en matière d'écologie, par exemple. Surtout que rien ne change, même si on va droit dans le mur, et après moi le déluge, tout en sachant que le déluge sera vécu par les jeunes.
Un beau livre. Et si Sorj Chalandon était lui-même habité par une ou des colère(s) ?
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C'est l'histoire d'une colonie pénitentiaire à Belle-île...
Mais l'histoire, vous la connaissez déjà, elle est résumée en quatrième de couverture.
Je recommence.
C'est l'histoire de Jules Bonneau, ou la Teigne (son double, celui construit de toutes pièces par ce bagne pour enfants, dans lequel il a vécu 7 ans avant de s'évader).
C'est lors d'une mutinerie sauvage que Jules parvient à fuir la colonie. Mais la sauvagerie venait de l'autre camp, celui des surveillants, tous aussi sadiques les uns que les autres. Des coups de trop ce soir-là ont fait se lever tous les colons, d'un seul corps ils ont mis à sac cet endroit sordide et se sont enfuis.
La chasse aux enfants était lancée.
Seul Jules n'est pas retourné à la colonie. La suite, vous la découvrirez dans le roman. Elle est poignante, dérangeante, questionnante, passionnante.

Je suis allée à Belle-île en avril, je suis passée à côté de la colonie en arrivant à Palais sans même y jeter un oeil. Ce soir, après avoir refermé ce livre, je veux y retourner, m'imprégner de ce lieu, lire les témoignages, comprendre l'incompréhensible.

Ce soir c'est moi l'enragée, celle qui est sidérée qu'un tel lieu ait pu exister, aussi longtemps.
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Un récit puissant, brut, fort, à l'image de ce jeune garçon qui va passer 7 ans dans le centre d'éducation surveillée de Belle-Ile-en-Mer. Abandonné par sa mère et laissé à ses grands-parents, il a poussé sans amour. Pour trois oeufs volés, ce genre de mauvaise graine finit dans ces prisons pour enfants où règne une violence extrême. de petits délinquants, ces garçons deviennent des brutes, sans foi ni loi. Une mutinerie, 56 garçons qui fuient, une traque par les habitants, les touristes, les forces de l'ordre. Comment s'en sortir ? Faire confiance ? Accepter de l'aide ? Ou continuer seul ? Se terrer dans une grotte ?
Sorj Chalandon a tout d'abord commencé par le journalisme, avant de devenir romancier. Mais que ce soit dans ses activités de journaliste ou pour ses romans, il a été, de nombreuses fois, récompensé par des prix prestigieux. Je découvre la plume de cet auteur avec ce roman, inspiré d'un fait divers. Hâte d'en lire d'autres… Bonus : en invité spécial, Jacques Prévert apparaît dans l'histoire !
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Dans la nuit du 27 août 1934, cinquante-six gamins se révoltent et s'échappent de la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Île-en-Mer. Voici ouverte la chasse aux enfants. Tous sont capturés. Tous ? Non : aux premières lueurs de l'aube, un évadé manque à l'appel. Voici son histoire…

Un très beau livre ayant pour cadre Belle-Ile, ses tempêtes, ses falaises, son très douloureux bagne pour enfants qui a existé jusqu'à une date relativement récente. L'histoire est particulièrement émouvante. Je recommande vivement cette épopée qui vous prend aux tripes et qui vous plonge dans les affres d'un pénitencier dont on n'imagine pas qu'il ait pu exister. Pour les passionnés de Belle-Ile, je recommande dans un tout autre genre (ce sont des polars) Piège mortel à Belle-Ile de Jean-Luc Bannalec et La Disparue de Belle-Ile de Christophe Ferré où le bagne pour enfants est évoqué à la fin.
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Belle-île de l'enfer. Un roman poignant, intense et sombre, au coeur du terrible centre de détention de Haute Boulogne réservé aux mineurs délinquants et abandonnés. Un roman surtout inspiré de la vrai histoire de l'évasion d'une cinquantaine de jeunes colons.

Dans la première partie on est avec l'enragé, la Teigne. On partage sa souffrance, sa rage, son indignation
La colonie est une prison entourée par les flots menaçants. Les gardiens des sadiques vénales et sans pitié. Les autres enfants sont soit des victimes soit des bourreaux et souvent aussi les deux.

Puis c'est l'explosion de la révolte. La jouissive violence retournée contre les oppresseurs et la pulsion, l'irrepressible envie de passer de l'autre côté du mur.

La deuxième partie du livre est le retour vers l'humanité. La rencontre inespérée avec une main tendue, ferme et pleine de bonté.
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Belle-Ile-en-Mer Colonie pénitentiaire pour enfants, 1880-1977
C'est sous la III ème République que la colonie a été attribuée aux enfants. Fermée en 1977.
Violences physiques, psychologiques (et sans aucun doute sexuelles) ont été dénoncées dès le début du XXème siècle, bien avant la révolte de 1934.

Les enfants : on les appelait les « colons », rien à voir pourtant avec les gentils gamins envoyés en colonie de vacances. Ce sont de jeunes délinquants mais aussi des pupilles de l'État, de ceux dont personne ne sait ou ne veut s'occuper. Pupille de l'État ! Ceux qu'on devrait soigner comme la pupille de nos yeux ! Quelle honte pour notre pays ! le jeune Camille Loiseau, petit garçon abandonné par la vie, fragile, terrorisé par les sévices que lui feront subir colons et surveillants, ce petit oiseau là, qu'a-t-il fait pour mériter une enfance aussi atroce ?

Cette nuit-là, le 27 août 1934, cinquante-six jeunes s'enfuient de la prison de Belle-Ile en Mer. Un seul n'est pas pas repris, malgré l'active participation des habitants et touristes qui les pourchassent pour la récompense de vingt francs. Des touristes sans doute lassés de bronzettes et de plongées en eau salée, des habitants sans doute appâtés par la récompense.

On dit que cinquante-cinq ont été repris, puis - nécessité de faire bonne figure- on prétend que le cinquante-sixième a lui aussi été repris.

Sauf que. le Cinquante-sixième, c'est La Teigne, de son vrai non Jules Bonneau ( ne pas le confondre avec l'autre, le Jules Bonot célébrité des prisons) . L'honneur de la Justice est sauf, Jules ne le sera jamais. Comment se cacher, se fondre, puis fuir, entouré de l'océan ?

Chalandon invente un destin à ce garçon, pas pire qu'un autre, que la détention dans des conditions inhumaines a endurci. Recueilli, accepté, caché, par un marin-pêcheur, patron d'une petite équipe aux visages et histoires marqués par les difficultés, Jules réapprend la vie, armé de sa cuirasse mentale, jusqu'à, enfin, pouvoir espérer un nouveau départ vers le continent.

C'est toute la force de l'imagination de Chalandon, mais aussi sa colère, son empathie pour les mal-aimés, les victimes de l'injustice sociale, c'est tout cela, qui fait que ce livre nous bouleverse, nous prend l'esprit et le coeur, suscite notre colère et notre envie de juste serrer ce jeune garçon dans nos bras pour le rassurer, le calmer, le consoler de ce que cette saleté de vie ajoutée à la bêtise et à la cruauté d'un truc qui se dit « justice » lui ont fait subir.

Un beau livre, une force dont on se souviendra. Décidément, j'aime les écrits de Sorj Chalandon et j'aime tout ce qui l'anime dès qu'il prend la plume.
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Sorj Chalandon est un auteur que j'apprécie. J'avais donc bien en tête de lire « l'enragé », son dernier ouvrage qui fait partie de cette fameuse rentrée littéraire mais quand je l'ai vu si poignant et bouleversant (difficile à dire ce que j'ai ressenti en le voyant) à La Grande Librairie pour parler de son livre…. Comment vous dire ? J'en ai eu le coeur broyé et j'ai ressenti une sorte d'urgence à le découvrir. J'ignorais son enfance si malheureuse et l'entendre nous dire que la rage de Jules, c'est la sienne, j'en ai été moi-même bouleversée. Alors voilà, dès les premières pages, Sorj Chalandon nous immerge dans ce lieu si abject qu'est la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne de Belle-Île-en-Mer. Bien loin de la douceur de la chanson de Voulzy, c'est un endroit sinistre, un bagne disons les choses clairement qui a « accueilli » des enfants et des adolescents pendant un siècle, de 1880 à 1977. Oui vous avez bien lu, cette honte pour la France n'a fermé qu'en 1977. Hier quoi ! Les jeunes qui y sont enfermés sont des orphelins, des petits délinquants, des pauvres gamins qui n'ont pas eu de chance dans la vie. Jules Bonneau, surnommé La Teigne, a été abandonné par sa mère, laissé chez ses grands-parents par son père complètement dépassé par la situation, grands-parents qui l'ont maltraité, affamé et exploité. Jules se bat pour survivre, vole des oeufs car il a faim, suit des amis, pauvres gamins comme lui dont les parents ont été broyés par une Justice qui est du côté des riches et non des pauvres comme eux. Jules n'a rien fait mais il sera arrêté comme ses deux amis et envoyé à la colonie pénitentiaire de Haute-Boulogne. Une île… pas d'échappatoire possible dans ce bagne entouré d'eau. L'écriture du début du roman est rude à l'instar de la rage de la Teigne. Cette rage est son seul moyen pour survivre à cette vie rendue si pénible par la brutalité des surveillants, la dureté des conditions de vie, les travaux exténuants, les humiliations, la faim, l'hygiène insuffisante, les punitions si injustes, de véritables tortures…. Sorj Chalandon dans une première partie du roman nous raconte cette vie misérable pleine de haine de ces enfants abandonnés de tous. le soir du 27 août 1934, à la suite d'une énième punition inique, les colons se révoltent. Ils vont enfin pouvoir se défouler et tout casser après tant d'années de brimades. 56 vont réussir à passer les hauts murs de la colonie et s'enfuir dans la lande. L'institution promettra 20 francs pour chaque colon capturé et ramené. Toute la population et les touristes présents sur l'île vont les pourchasser sans relâche ni humanité, comme du gibier. Seul Jules ne sera pas repris grâce à un patron pécheur, Ronan, qui va lui tendre la main. La deuxième partie du roman est le difficile apprentissage de la liberté de Jules, ses angoisses, sa colère, sa rage, ses cauchemars… apprendre à faire confiance… C'est un livre pétri de colère, de désespoir, d'injustice mais aussi d'humanité. Une histoire dure qui fait d'autant plus mal qu'elle est réelle. Cette colonie de la honte, ce bagne pour enfants a existé. Jacques Prévert qui s'est trouvé sur l'île au moment de la révolte des colons et de la chasse à l'enfant qui a suivie, en a été tellement bouleversé et choqué qu'il en a fait un poème pour dénoncer ces actes inqualifiables : « La Chasse à l'enfant » (…) « Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! C'est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l'enfant… ». Sorj Chalandon a très justement introduit Jacques Prévert dans son roman. Cette lecture âpre, bouleversante me paraît nécessaire et indispensable. Ce roman met en lumière un fait historique méconnu et je qualifierais d'honteux. Elle rend un peu justice à ces pauvres gamins que la vie et la France ont tellement maltraité. Cette écriture a sans aucun doute été cathartique pour Sorj Chalandon mais au vue de l'émotion qu'il ressent encore à en parler, le chemin me paraît encore long vers son apaisement. Un livre coup de poing et coup de coeur.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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"l'enragé" est un enfant, lui et ses camarades sont abandonnés par leurs parents, soumis à la faim et la pauvreté,des "mineurs isolés" quoi.
Ne sachant pas quoi en faire l'état invente la colonie pénitentiaire sous couvert de substitut éducatif. Mais point d'éducation bienveillante évidemment!
Chalandon utilise sa fibre humaniste pour nous raconter l'histoire de Jules, histoire de misère, de souffrance, de résilience puis de rencontres, de prise de conscience politique, d'une possible affection, d'entrevoir une vie nouvelle...
Portrait d'une époque, d'une mentalité...j'arrête l'énumération tant j'ai trouvé ce récit riche, avec une écriture simple et accessible, l'émotion m'a prise: indignation et larmes.
J'adore quand un livre me bouleverse, c'est le cas ici.
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