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3,59

sur 264 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Livre hyper bien écrit avec un narrateur qui ne finit pas ses phrases... Et cela correspond tellement bien au personnage. C'est vraiment bien fait. L'histoire est centrée sur un psychologue, mari et père de famille. Un peu trop long et trop noir à mon goût mais sacrément bien écrit. Et ce titre, une merveille !
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UNE DOUCE LUEUR DE MALVEILLANCE de DAN CHAON
Fin 2011, début 2012, un corps est retrouvé dans la rivière au moment où Dustin apprend que son frère adoptif de 6 ans son aîné sort de prison après de longues années de détention, innocenté par son ADN. le meurtrier de leurs parents, oncle et tante est donc en liberté. Dustin pratique l'hypnose, il est psychologue, veuf et père de deux enfants. Il a comme patient Aquil, ex flic qui ne veut pas parler de son passé mais veut entraîner Dustin dans une enquête sur un éventuel « serial killer » qui tuerait des étudiants et les noieraient dans la rivière, il ne manque pas d'arguments. Dustin a d'autres soucis car c'est sur son témoignage à l'époque en 1983 que Rusty avait été condamné. Il se remémore la fameuse soirée bien arrosée, les deux couples dont la rumeur disait qu'ils flirtaient tous les quatre, la discussion avec Rusty qui parlait de foutre le feu et de les tuer, puis la découverte des corps le lendemain, l'enquête, son témoignage, la condamnation malgré les dénégations de Rusty qui s'est toujours prétendu innocent. Mais Rusty était un sale gosse, dans sa précédente famille d'accueil, il y avait eu déjà un curieux incendie, il prenait de la drogue et pratiquait des rites sataniques. Bizarrement pendant ses études Dustin avait fait sa thèse sur les abus sexuels dans les rituels sataniques, les souvenirs réprimés et les troubles dissociatifs de la personnalité.
Dustin va devoir gérer le retour de son frère qui ne le contacte pas mais s'intéresse à Aaron un de ses fils plongé dans l'héroïne, s'immerger dans l'enquête sur les noyades avec Aquil et se gérer lui même car il a de nombreuses absences et la réalité semble lui échapper régulièrement.
Dan CHAON joue brillamment avec nos nerfs en ouvrant bien des possibles et n'en fermant définitivement aucun. Chaque personnage est inquiétant à sa façon, aucune évidence ne s'impose et on est inconfortable en permanence.
Un thriller original qui questionne la mémoire, un livre noir que l'on ne lâche pas facilement.
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La mort, partout

Une douce lueur de malveillance… l'association de « douce » et « malveillance » laisse présager de la teneur de ce roman très noir, qui ne laisse pas de répit au lecteur
Le personnage principal Dustin Tillman, est psychologue (pas psychiatre). Il mène une vie assez ordinaire à Cleveland avec son épouse (maintenant décédée) et ses deux enfants (deux fils, dont l'un est un drogué). Mais Dustin a aussi un frère (enfin un frère adoptif), Rusty, qui végète en prison depuis trente ans pour le meurtre de ses parents et d'un oncle et d'une tante. Rusty a été condamné à perpétuité sur le témoignage de Dustin. Mais voilà, depuis trente ans, la criminologie a fait des progrès et l'analyse ADN innocente Rusty qui va donc être incessamment libéré… Pour Rusty, c'est la tuile… Et comme si il n'avait que ça à faire, voici qu'un de ses patients, un policier (en congé maladie) lui confesse qu'un serial killer pourrait bien être à l'oeuvre, plusieurs étudiants ayant trouvé la mort dans d'étranges conditions…
Dustin s'embarque dans une enquête qui va bientôt le dépasser, tandis que Rusty, dans l'ombre, attend son heure…
Dan Chaon est un virtuose ! Il nous immerge totalement dans la tête de Dustin et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas de tout repos ! La construction du livre est également très déstabilisante : Dustin ne termine pas toujours ses phrases, et l'auteur alterne le passé et le présent sans que l'on sache toujours à quelle temporalité nous avons affaire. le côté polar est finalement secondaire, même si nous sommes totalement accrochés par l'intrigue.
Excellent et crépusculaire.
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Dustin, psychologue des plus ordinaires, marié et père de famille, voit sa vie partir en lambeaux lorsqu'il apprend la libération de son frère adoptif de prison.
Quand il était adolescent, il a perdu dans un quadruple assassinat père, mère, oncle et tante. Son frère a été accusé sur la foi de son témoignage et de celui de sa cousine. Au même moment, sa femme lui annonce son cancer. Dustin perd pied.
Dan Chaon, en grand magicien des mots, va matérialiser dans ses pages les défaillances de la pensée, les troubles de la mémoire, les doutes et les hésitations, par des phrases inachevées, des blancs dans le texte, des cascades de mots vides de sens.
Et cela avec une telle facilité que rien ne va entraver la lecture, que cette expérimentation sur le texte accompagne parfaitement et avec élégance les désarrois du personnage. Avec la même aisance, l'enquête multiplie les points de vue, sous la forme d'un dossier d'instruction : témoignages de la famille, SMS, alternance des points de vue, citations diverses. Tout cela met au jour les contradictions du personnage ( Qui est-il vraiment, Que s'est-il passé ce jour-là….) et la vacuité de l'enquête qu'il mène sur un serial killer avec l'un de ses patients.
De fausses pistes en fausses pistes, de morceaux de vérité en morceaux de vérité, l'auteur nous entraîne dans cet abîme de malveillance qui réside en chacun d'entre nous.
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Ce livre m'a été offert par quelqu'un de vraiment, vraiment gentil (qualité aujourd'hui presque disparue), c'est la lecture qui l'a le plus marqué l'année dernière, et c'est un pro. Il se reconnaîtra. Un énorme merci.



Le début/résumé éditeur : "Nous n'arrêtons pas de nous raconter des histoires sur nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les évènements de notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner une"

Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu'il apprend que son frère adoptif, Rusty, vient d'être libéré de prison. C'est sur son témoignage que, trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son frère, Dustin commence à prendre peur... et l'histoire de ces années se déroule. Son histoire. Ses souvenirs.

Alors on plonge dans l'enfance de Dustin : il a été adopté, et ses parents ont décidé d'adopter un autre garçon, lorsque Dustin a huit ans. le nouveau "frère" de Dustin, Russell, est âgé de 14 ans. Ses parents ont péri dans un incendie.. et le petit Dustin, content d'avoir un frère, est secoué par le comportement de Russel, quasiment dès son arrivée. Loin du regard des parents, il se sent agressé dans sa propre chambre par ce nouveau frère. Et en l'observant de loin, il le voit faire des choses étranges, tuer des animaux, fumer, fouiller les affaires de ses parents, et y prendre de l'herbe, et fera fumer Dustin dans une maison abandonnée. Il semble que les parents ne prêtent aucune attention aux enfants, passant leurs soirées à fumer, boire, en compagnie d'amis ou de l'oncle et la tante de Dustin, qui sont très proches. Eux ont deux filles, des jumelles, Kate et Wave, 16 ans. 



Cet été-là, en 1983, les deux couples décident de partir en caravane au parc de Yellowstone,  ce qui n'emballe pas trop les jumelles. La veille, les enfants vont dormir dans la caravane, les parents à la maison. le lendemain matin, les adultes sont retrouvés morts, tués par balles. La suite immédiate n'est pas racontée, on sait seulement que Dustin a accusé Russell. Parce que quelque temps plutôt, celui-ci, qui racontait toujours des horreurs à Dustin, lui avait proposer de "se tirer de là" facilement : il fallait juste tuer leurs parents et s'en aller à l'aventure avec leur voiture. Cette histoire avait terrorisé Dustin, encore plus lorsque Russell s'est mis à jouer avec le revolver de leur père, qu'il avait trouvé.  

En 2011, Dustin apprend la libération de son frère, mais celui-ci ne bouge pas de Chicago, à son grand soulagement. Mais sans qu'il en ait eu connaissance, Russell s'est mis en contact téléphonique avec son plus jeune fils, Aaron, qui passe son temps à boire et se droguer, depuis que sa mère est décédée d'un cancer. Il ne s'est même pas inscrit à l'Université, et laisse croire à son père qu'il y est, et suit ses cours normalement. Régulièrement, dans ce récit, différents personnages deviennent les narrateurs de l'histoire : Aaron, Kate, Dustin, Wave, racontant leur présent, et leur passé. Et l'on comprend que les choses sont vues de manières très différentes selon chacun. Chacun a ses vérités ou ses illusions.
Ce roman est très noir, mais il est aussi étonnant par sa présentation : le texte est parfois sous forme de tableaux (les pensées qui s'entremêlent dans la tête de Dustin), sous forme de SMS comme sur un smartphone, les espaces entre certaines phrases, des titres écrits à l'horizontale... c'est surprenant mais tout-à-fait compréhensible, visuellement. C'est une plongée dans les secrets de chacun, dans leur fonctionnement mental, dans les histoires qu'ils se racontent.
On ne peut pas y échapper, l'auteur nous tient à sa merci, alors qu'on tente de trouver qui est coupable et de quoi, plus on avance dans le livre, plus nos propres certitudes sont balayées. C'est extrêmement bien écrit, construit, et psychologiquement profond, et ça touche nos propres émotions. On n'en sort pas indemne..



Une douce lueur de malveillance - Dan Chaon, ed. Albin Michel, collection "Terres d'Amérique", 525 pages, sortie en format poche chez Points, 2020.
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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En quelques mots : Dustin, psychologue, père de famille heureux, voit sa vie s'effondrer avec l'annonce du cancer de sa femme, le départ de son fils ainé pour l'université, la plongée d'Aaron, son cadet, dans la toxicomanie et, en bruit de fond, la sortie de prison de son demi-frère Rusty, accusé d'avoir tué ses parents quand ils n'étaient encore que des adolescents. Sa bouffée d'oxygène : sa relation ambigüe avec un de ses patients Aqil, ex-policier, qui enquête sur une série de noyades d'étudiants. le roman raconte la dérive de Dustin et d'Aaron, avec Rusty et Aqil en mauvais génies...

Ce livre attend dans ma PAL depuis longtemps et je ne sais pas pourquoi j'ai mis autant de temps à le lire. Peut-être étais-je méfiante en voyant que ce livre est qualifié de "grand livre" et de "chef d'oeuvre de la littérature américaine", moi qui lis essentiellement des thrillers et "le dernier livre de"... Bref, j'ai été happée par ce roman, par son style très particulier et que plusieurs lecteurs ont déjà dépeint, par l'histoire aussi, très sombre, dont on ne peut que penser que ça va mal finir, mais sans voir comment les héros pourraient s'extirper de la poisse qui les englue progressivement et inexorablement. L'impression, récurrente, que c'est un grand livre en effet, un livre moderne dans son sujet mais surtout dans son traitement, un livre inclassable qui tient autant du thriller que de la chronique familiale, plein de finesse et de psychologie. L'impression de comprendre, et puis de ne plus comprendre, d'être quelque part trompé par les différents points de vue qui s'alternent d'un chapitre à l'autre. Un livre coup de coeur. Un livre que je vous recommande, mais quand vous aurez le temps de vous immerger et de l'apprécier. Comme il le mérite.
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J'ai longtemps reculé ma lecture de ce roman parce qu'en le feuilletant, j'ai été déconcertée par sa construction (et aussi quelques commentaires disant que cela ne facilitait pas la lecture). Il faut savoir que ce livre est vraiment atypique dans sa présentation. Tout d'abord vous faites des allers-retours entre différentes époques, puis vous passez de la narration à la troisième personne à une narration à la première personne avant de revenir à la troisième personne et ainsi de suite. Mais ce qui est le plus déconcertant c'est la présentation sous forme de textos, ou de colonnes (2 ou 3 sur une même pages). C'est cette dernière présentation que m'a posé le plus de problème car je ne savais pas comment l'aborder : les paragraphes étant séparés devais-je lire un paragraphe par colonne avant de passer au suivant ou bien lire l'ensemble d'une colonne avant de passer à la suivante ? Je pense que c'est au choix de chacun, j'ai testé les deux méthodes pour finalement opter pour la seconde. Et puis il y a également ces phrases inachevées sans points de suspension ou autre, vous avez juste un bout de phrase qui s'arrête en son milieu.

Alors oui, cette lecture est déroutante, atypique, complexe et il faut s'accrocher pour en venir à bout mais si vous faites abstraction de la présentation et que vous vous centrez sur l'histoire, alors cela en vaut la peine.

Dans ce roman, vous avez deux histoires tournant toutes les deux autour du personnage principal : Dustin. D'un côté, vous avez les interrogations de Dustin face à ce qu'il pense s'être déroulé dans le passé au moment du meurtre de ses parents et de son oncle et de sa tante et des inquiétudes sur la réaction de son frère qui a purgé de nombreuses années de prison suite au témoignage de Dustin. de l'autre, vous avez toute une série de morts suspectes d'étudiants sur lesquelles il va être amené à enquêter avec un de ses patients.

Viennent se greffer sur cela le deuil (deuil de parents assassinés, deuil d'une épouse, deuil d'un ami…), les pertes de mémoire, la confusion, l'absence, la manipulation, le manque de dialogue, les non-dit. C'est un roman noir, vous l'aurez compris.

Ce roman, en fait, est impossible à résumer au risque de trop en dire. C'est un roman qui se mérite, qui se découvre petit à petit, qui vous demandera de la concentration, parfois des pauses mais trop longues sous peine de vous sentir complètement perdu lorsque vous le reprendrez.

Ce livre, il faut choisir le bon moment pour le lire sous peine de passer à côté. Comme je vous le disais, il m'a fallu de longs mois avant de l'appréhender. Peut-être que si je l'avais lu quelques mois plus tôt je ne serais pas allée jusqu'au bout et que je l'aurais abandonné, je l'ignore. Toujours est-il que j'ai eu l'instinct de le lire au moment opportun.

Alors vous allez sans doute vous dire qu'au bout du compte je ne dis pas grand-chose sur le roman, mais le fait est que j'ai beaucoup de difficultés à écrire dessus car il m'a chamboulée. Si l'envie vous prenait de le lire, peut-être que vous crieriez au chef d'oeuvre, peut-être qu'au contraire vous le détesteriez, en tout état de cause, il ne vous laissera pas indifférent.
Lien : http://www.unevietoutesimple..
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Que plaisir de trouver des personnages si bien campés, une narration à l'originalité qui frôle l'insanité et cette noirceur, ce sentiment d'inquiétude partagé avec la lectrice/le lecteur. Après avoir écumé les thrillers psychologiques aux ficelles trop souvent grossières, je n'ai pas boudé mon plaisir avec cet objet littéraire difficilement classable.

Parlons de notre gars sûr Dustin. Depuis qu'il sait que Rusty (ce frère adoptif qu'il n'a pas revu depuis le massacre des parents alors qu'il n'était qu'un gosse), disons que c'est la petite forme… Son habileté à la communication, si utile dans son travail de thérapeute, fait cruellement défaut en ce moment à la maison. Difficile de parvenir ne serait-ce qu'à terminer une phrase, son fils s'enfonce un peu plus chaque jour dans les drogues dures, mais la chose semble étrangement lui échapper, et bien sûr, il y a ces réminiscences du passé que le retour du « monstre » et les appels paniqués de Kate lui imposent… Dire que Dustin plane à quatre milles, c'est un léger euphémisme.

Alors que ses propres émotions semblent trop difficiles à gérer, Dustin s'engage sur une pente glissante avec un nouveau patient. le type s'appelle Aqil, c'est un ancien flic, poussé vers la sortie pour on-ne-sait-trop quelle raison, et il n'est pas venu régler un complexe d'Oedipe. Ce qu'il veut, c'est résoudre une affaire criminelle. Toutes ces noyades « accidentelles » d'étudiants répondant à un schéma de dates curieusement précis ne peuvent être que des meurtres. D'abord très sceptique, Dustin s'intéresse peu à peu aux théories pas si farfelues du gus.

Dès lors, on oscillera entre passé et présent. Parce que, PAS FOLLE LA GUÊPE, on a comme l'intuition que toute a lumière n'a pas été faite sur l'enfance de Dustin, de Rusty et de leurs cousines Kate et Wave. Mais on changera aussi de narrateur, avec cette impression de plus en plus prégnante que tous, je dis bien tous les personnages sont fuckés d'une manière ou d'une autre.

On attend les révélations, certaines nous seront faites, certaines demeureront à peine visibles entre les mots. J'ai été totalement séduite par cette atmosphère pesante et noire de chez noire, qu'on retrouve dans la tête de n'importe quel protagoniste. Cette impression qu'on n'est pas tout à fait seul.e, que quelqu'un nous épie peut-être… Que quelque chose se prépare ou que certains destins ont déjà été scellé depuis longtemps. Froid dans le dos du début à la fin.
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Une douce lueur de malveillance, de Dan Chaon, est un roman puissant, déroutant et dérangeant. La trame principale se déroule entre novembre 2011 et avril 2014, mais ce n'est pas aussi simple. La progression de l'intrigue n'est pas du tout linéaire. Ainsi, trois des onze parties sont constituées de retours en arrière : été 1978, juin 1983 et automne 1983 ; ces trois parties racontent le drame qui a marqué d'une manière ou d'une autre tous les protagonistes, et qui continue à influencer leur présent, qu'ils en soient conscients ou non. Si l'on excepte ces trois retours en arrière, les parties sont formées de chapitres en général courts qui utilisent des retours en arrière, des sauts dans le futur, des accélérations ou des ralentissements dans le déroulement du temps. De plus, on remarque très vite des bizarreries typographiques : une phrase qui commence par une esperluette, une autre qui n'a pas de point (elle n'est d'ailleurs pas finie, mais vous pouvez la terminer vous-même), des espaces beaucoup plus larges que la norme. Si, comme moi, vous feuilletez un livre pour savoir, par exemple, combien de parties le composent, vous aurez remarqué que le texte se présente sous différentes formes : courriels, SMS, en deux ou trois colonnes… Dans cinq des onze parties, un narrateur à la troisième personne intervient pour raconter cette terrible histoire. Dans les six autres parties, nous connaîtrons les faits ( ?) par les voix de trois différents narrateurs à la première personne : Dustin, le « héros », Aaron, un de ses fils, et Russell, son « frère adoptif ». Mais là encore, ce n'est pas si simple… Par exemple, dans le texte présenté en colonnes dans la partie VII, le même personnage, Aaron, s'exprime à la première personne dans la première colonne, se parle à lui-même (tu) dans la deuxième, et raconte les faits comme un narrateur omniscient dans la troisième. L'effet produit est tout à fait surprenant : alors que les événements sont la plupart du temps distillés à petites doses, ici, on a l'impression de tout apprendre en même temps, comme si le narrateur voulait tout dire à la fois. La lectrice que je suis s'est trouvée déstabilisée, ne sachant plus que croire ni à quel narrateur se fier. C'est d'ailleurs, je crois, une des particularités de ce livre : aucun des narrateurs n'est fiable !

Le premier chapitre (pages 13 et 14) raconte comment le corps d'un jeune homme noyé remonte à la surface, et présente ensuite le personnage principal : Dustin Tillman, marié, deux enfants, psychologue, qui mène une vie tranquille. Mais le lecteur sait déjà qu'il s'agit d'une apparence ; Dustin est un être angoissé : il émane du monde, pense-t-il depuis longtemps, « une douce lueur de malveillance ». Ce jour-là, il reçoit à son cabinet un coup de fil de sa cousine Kate. Les dix-huit chapitres suivants (27 pages) déstructurent le temps et révèlent dans le désordre et en partie seulement certains éléments, parfois incertains, parfois contradictoires. le narrateur suit la pensée de son personnage et nous propose les souvenirs comme ils viennent à l'esprit de Dustin. Kate appelle au sujet de Russell (Rusty), son frère adoptif, mais il faudra attendre le chapitre 7 pour connaître les motifs de l'appel. On apprend petit à petit que le père, la mère, l'oncle et la tante de Dustin ont été assassinés début juin 1983. En grande partie à cause du témoignage de Dustin et de Kate, et à cause de son passé difficile, Rusty a été condamné pour ces meurtres. Or un test ADN vient de l'innocenter et il a été libéré de prison ; c'est pour annoncer la nouvelle à Dustin que Kate a appelé. Aqil Ozorowski patiente dans la salle d'attente du cabinet pour voir Dustin qui l'a déjà reçu plusieurs fois. C'est un ancien flic (en congé maladie ? viré ?), qui a répertorié 7 disparitions de jeunes étudiants morts noyés avec une grande quantité d'alcool dans le sang, et qui a remarqué une bizarre coïncidence dans les dates des décès. Nous sommes page 26, à la treizième page du roman, et les bases de cette foisonnante intrigue sont posées.

J'ai beaucoup aimé ce roman très travaillé tant sur la forme que sur le fond. Les protagonistes sont tous des êtres cabossés, malmenés par la vie, portant grandes ouvertes des blessures d'enfance. C'est assez effrayant de constater que chaque personnage en manipule d'autres, que ce soit pour se sortir d'une situation impossible, pour asseoir son pouvoir ou par pure malveillance. Le manque d'assurance de Dustin, son besoin de l'approbation des autres, son manque de confiance en sa propre mémoire, sa façon de « jouer » devant ses patients en font un personnage extrêmement tourmenté, dont la profonde insécurité « contamine » son fils cadet, Aaron. J'ai été touchée momentanément par l'un ou l'autre des personnages mais, alors que je le trouvais exaspérant au début, c'est finalement Aaron auquel je me suis attachée… Malgré toute sa noirceur, j'ai beaucoup aimé ce roman passionnant et très original.
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Profond
- Atypique
- Psychologie
- Sociopathie
- Meurtre (virus)
- Mémoire(s)
- Parallélisme
- Ellipses
- Ténèbres
- Malveillance
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