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Citations sur Zombis (19)

Autrement dit, pour déclarer un décès, deux témoins suffisent. Il n'est pas nécessaire de faire médicalement examiner le corps, ce qui ouvre la porte à toutes les irrégularités : l'officier d'état civil ne demande aucune justification médicale ou scientifique de l'état de mort du sujet. Deux membres d'une famille souhaitant se débarrasser d'un parent gênant peuvent ainsi le poudrer à l'aide d'un hokor, puis déclarer faussement mort leur proche, et en faire un zombi sans être inquiétés par qui que ce soit.
Cet article, comme le reste du Code civil haïtien, a été adopté en 1826 ! Si l'on peut comprendre qu'en cette première moitié de XIXème siècle, le nombre de praticiens était suffisamment faible pour qu'on soit obligé de se passer d'eux pour déclarer un décès, il est possible de dire que la situation a vraisemblablement changé en ce début de XXIème siècle. Une spécialité nouvelle est apparue (la médecine légale), d'autres sont venues complétées le champ des possibilités permettant - théoriquement - de diagnostiquer avec certitude un décès : anesthésie, réanimation, toxicologie. Il existe en effet de nombreuses circonstances mettant u individu en état de mort apparente, de telle sorte qu'il puisse être considéré par autrui comme décédé alors que ses fonctions vitales ne sont qu'au ralenti : prise de toxiques (hormis la tétrodotoxine, il faut compter les bêtabloquants - des médicaments qui diminuent la pression artérielle et le rythme cardiaque - et les barbituriques), les troubles métaboliques (hypoglycémie profonde, hypothyroïdie), l'hypothermie,le locked-in syndrome (ou accident vasculaire cérébral au niveau du tronc cérébral, une maladie bien décrite par Jean-Dominique Bauby dans son autobiographie, Le Scaphandre et le Papillon), et les troubles psychiatriques comme la nécromimie où certains patients "jouent à faire le mort".

Chapitre : Des zombis au tribunal
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Mais, on l'a vu, le vocable zombi peut recouvrir des réalités bien différentes : le "vrai" zombi, fruit de pratiques toxicologiques et de sorcellerie, un zombi qui présenterait un caractère social (avec un changement d’identité plus ou moins volontaire, facilité par ce véritable problème d'identité et de tenues des comptes d'état civil en Haïti), et enfin le zombi à connotation presque psychiatrique (pathomomie, nécromimie, personnalité multiple et notamment d'individu ayant connu la mort).

Chapitre : Des zombis au tribunal
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Pas de journée sans que des églises chrétiennes n'accumulent les prêches antivaudou. Certaines simulent des cas de possession où la victime déclare "avoir un loa dans la tête", "être le diable", "être Lucifer", et autres folklores caricaturaux qui, pour Erol Josué, assujettissent le peuple et continuent de "zombifier la société", établissant une forme de néocolonialisme dont témoignent les églises qui poussent "comme du maïs" sur l’île. C'est ainsi qu'un des sites majeurs de l'histoire du vaudou en Haïti (mais aussi de l'histoire même de la nation) a été touché de plein fouet par cette crise conscience : un arbre des esclaves avait été élevé à Bois-Caïman le jour de la cérémonie du 14 août 1791 ; c'est au cours de cette cérémonie magico-religieuse que des esclaves réunis autour de la mambo Cécile Fatiman ont bu le sang d'un cochon noir égorgé pour se rendre invulnérables face aux balles des colonisateurs. Cette cérémonie est à l'origine de la flambée insurrectionnelle qui a abouti à la création de l'Etat haïtien, établissant du même coup le vaudou comme religion protectrice de la révolution du peuple tout entier. Or, cet arbre extrêmement symbolique a été coupé il y a quelques années par des fanatiques chrétiens sous prétexte qu'il "hébergeait le diable", puis des églises ont été construites sur le site même pour le décontaminer.

Chapitre : Dans le péristyle d'Erol
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On le voit, les études sérieuses sur les cas de zombi sont rares. Certains universitaires nord-américains, assez facétieux, se sont servis de ce mot comme d'une figure de style pour étudier sur le plan neurologique les altérations liées à l'état de faible conscience ou de mort cérébrale. En 1997, la publication dans le Lancet - journal médical de réputation mondiale - d'un article portant sur trois cas de zombis examinés médicalement par un psychiatre anglais et son homologue haïtien (Charles Douyon) a fait l'effet d'une bombe dans le milieu scientifique. Après des investigations de terrain, des examens cliniques et complémentaires (scanner et confrontation génétique avec les autres membres de la famille, par exemple), les praticiens ont pu clore trois dossiers sélectionnés avec des diagnostics divers : schizophrénie catatonique (pour la patiente "FI") correspondant très vraisemblablement à Francina Ileus vue plus haut) ; lésions cérébrales postanoxique avec épilepsie séquellaire ; usurpation d'identité.

Chapitre : D'autres zombis... morts ou vifs
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Dans sa préface à l'ouvrage du journaliste et occultiste William Seabrook sur Haïti [...], Paul Morand a bien cerné cette frustrante limite à la connaissance et cette impuissance à enquêter du dehors : "Je crois savoir à quel point il est difficile d'assister à des cérémonies autres que celles qu'on veut bien montrer aux étrangers. Tout ce qui est magique, par définition, est secret."

Postface par Alain Froment
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La figure littéraire du zombi apparait pour la première fois dans ce qui a été qualifié de premier roman colonial français sous la plume de l'étonnant aventurier et "favori des belles", Pierre-Corneille Blessebois, qui voulut "tout à la fois servir Mars Vénus et les Muses". Le Zombi du grand Pérou, ou la Comtesse de Cocagne, fut publié en 1697, probablement à Rouen où notre héro a peut-être revu sa Normandie après avoir été condamné aux galères et vendue comme engagé en Guadeloupe.
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Dans l'avenir haïtien, le zombi devra faire face à la modernisation des systèmes de santé permettant le dépistage d'une permanence de vie avant l'enfouissement mais aussi à sa réintégration légale et sociale une fois sorti des griffes du bokor. C'est du moins ce à quoi travaillent ardemment médecins hospitaliers et avocats pénalistes, mains dans la main avec des boungans éclairés souhaitant dédiaboliser le vaudou et permettre sa survie face à la pression permanente des églises protestantes. Pour ne pas que ce soit le vaudou qui devienne zombi.
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Ces cas accumulés finissent, d'après lui, par créer des difficultés au sein même de la société, ce qui l'a poussé à se pencher juridiquement sur les cas des zombis. Sa préoccupation est très prosaïque : que faire des dettes laissés par ce non-mort? Comment gérer sa succession, puisqu'il n'est pas véritablement décédé? [Note de Pégase-shiatsu :alors qu'ils sont déclarés morts juridiquement et enterré pendant 3 jours avant de réapparaître! un sacré bazard!] Que faire du patrimoine ? Le lui restituer ou le laisser à ses héritiers ?
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Les poupées uniques sont des sorts isolées : maladie, mort, perte d'un procès, accident, etc Les poupées doubles sont enlacées avec des fils ou un cadenas, rarement rouges, mais plutôt noire et blanche, soit soit à vocation amoureuse (provoquer l'attirance et la passion chez l'être désiré), soit doublement maléfique (deux personnes sont visées par le sortilège et unies dans cette malédiction).
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...le prêtre vaudou stocke des "magies" (sortes de préparations dot il a le secret, censées apporter la chance et repousser les coups de poudre) : il en ouvre une, m'en étale le contenu visqueux sur les avant-bras et la paume des mains. C'est une huile à la citronnelle dont l'odeur est très forte, un peu poivrée. Je ne sais pas si cette eau de chance protège des mauvais sorts et des poisons, mais l'expérience a montré que c'est un répulsif à moustique redoublement efficace !
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