Á Valensole, vous avez dit : Exceptionnel !

Tout ce travail effectué avec amour m'a donné envie de rencontrer des écrivains, puis très vite, de leur organiser des séances de dédicace. Je devais me jeter à l'eau. J'avais entendu parler de Marie Mauron, cette auteure de Saint-Rémy de Provence, surnommée la « Colette provençale », amie de Virginia Woolf, l'une des plus grandes auteures du XX° siècle, la neuvième femme de lettres dont les romans ont été édités dans la prestigieuse collection de la Pléiade. Plus de soixante-dix livres à l’actif de Marie Mauron, six prix littéraires, dont le prix Sully-Olivier de Serres, décerné en 1952, pour La Transhumance, le prix de l'Académie Française, en 1962, pour Mes grandes heures de Provence, le grand prix littéraire de Provence, en 1971, pour Lorsque la vie était la vie. J'admirais son engagement dans la défense des traditions et des légendes de notre Provence. Je lui ai proposé de venir dédicacer ses ouvrages dans ma librairie. Á mon grand étonnement, elle a accepté à condition que l'on vienne la chercher. Branle-bas de combat ! J'ai enlevé tous les livres en rayon pour pouvoir y installer ceux de Marie Mauron. J'en ai commandé une grande quantité et les ai mis en vedette. Puis, je suis allé chercher cette célèbre écrivaine et poétesse dans ma modeste 2 cv. Au cours du déjeuner auquel je l'avais invitée, elle m'a confié avoir accepté ma proposition spontanément mais que, ensuite, réalisant que ma petite librairie valensolaise n'était peut-être pas le lieu idéal pour dédicacer des romans, elle ne vendrait peut-être rien ! Lorsque nous sommes arrivés au calumet, il y avait la queue sur le trottoir, un monde fou ! C'était surréaliste ! Les gens se bousculaient ! Marie Mauron a signé ses ouvrages tout l'après-midi, jusqu'à 18 h 30, et s'en est allée, conquise. Ce succès m'a encouragé à continuer. Tous les auteurs locaux sont venus dédicacer leurs livres dans un petit coin
9 - Des comptes, du tabac, des journaux, des livres
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de ma librairie. J'ai eu la joie et l'honneur d'y accueillir, entre autres, Marcel Scipion, le berger des abeilles, son amie Nicole Cirravégna, René Frégni… Quand René Frégni est venu signer au calumet, il publiait ses premiers romans, écrits tandis qu'il visitait les détenus en prison. Maintenant, ses livres sont édités dans la prestigieuse collection blanche de Gallimard ; je suis ravi d'avoir été un des premiers à lui offrir un marchepied vers la notoriété. Les premières signatures de Pierre Magnan ont également eu lieu chez moi. Il n'a été reconnu que vers cinquante ans et je suis, une fois encore, l'un de ceux qui l'a aidé à grimper les marches du palais, je m'en réjouis. C'est un peu grâce à moi si les célèbres aventures du commissaire Laviolette ont défrayé la chronique