RENÉ.
F.R.de
Chateaubriand
Cette fiction romanesque a des connotations autobiographiques et relate l'enfance rêveuse de
F.R. de CH. le thème du « vague des passions » est récurrent dans cet épisode qui fait comme une suite à
Atala ; on retrouve effectivement Chactas le Sachem Natché, et
René le voyageur narrateur, et en plus le père Souël de la mission du père Aubry. Seul le personnage de Amélie la soeur de
René ne correspond pas vraiment à Lucille.
Les amours déçues et l'âme inquiète de
René l'amènent au désespoir et même jusqu'à l'idée du suicide. Exaltation religieuse et violence intérieure des passions antagonistes de
René traduisent bien le romantisme exacerbé de FR de CH :
« J'ai souvent entendu, dans le grand bois, à travers les arbres, les sons de la cloche lointaine qui appelait au temple l'homme des champs. Appuyé contre le tronc d'un ormeau, j'écoutais en silence le pieux murmure. Chaque frémissement de l'airain portait à mon âme naïve l'innocence des moeurs champêtres, le calme de la solitude, le charme de la religion, et la délectable mélancolie des souvenirs de ma première enfance.
Rien ne semble pouvoir répondre à l'infini de ses aspirations et le bonheur lui semble impossible.
René est l'archétype du héros romantique : il est victime du « mal du siècle ».
La fin du roman et les paroles sages du père Souël semblent ramener
René à la réalité pour délaisser toutes ces rêveries inutiles et retrouver les vertus religieuses et sociales.
Il faut remarquer qu'à la chute de l'Empire, toute une génération se reconnut dans ce héros qui rêvait de gloire et qui finalement s'ennuie, inquiet et désespéré. le spleen baudelairien n'est plus très loin et y fait suite.
De très belles pages au lyrisme omniprésent : bien sûr les ans ont déposé quelques couches de poussières sur cet épisode, mais le style reste somptueux : se remémorant sa visite de Rome et de la Grèce,
René raconte :
« Ce même soleil qui avait vu jeter les fondements de ces cités, se couchait majestueusement, à mes yeux, sur leurs ruines…. ».