- Bon, on l’ouvre ce livre et on regarde de quoi ça cause ou on attend encore un peu pour fêter Thanksgiving ? lança Zach.
De nouveau, la flamme de son briquet s’éteignit et la seule lueur bleutée de la nuit les baigna au travers de la fenêtre. Zach s’énerva et rallume le Zippo.
Eveana ouvrit la page de garde. Elle tourna quelques pages vierges toutes jaunies, et s’intéressa à une phrase mise en exergue qu’elle lut à haute voix :
- « Ce livre ne recèle pas la foi. Il ne contient pas la connaissance universelle. Mais ce livre est dangereux ; dans ces pages se cache le Savoir, la mort n’y est plus mystérieuse, et la vie le devient. Sache, ô lecteur, que ce livre t’est interdit. » Au-dessous venait la signature : La Confrérie des Arcanes.
Quelque part dans la ville, tapi dans la nuit avec la cruauté à fleur d'âme, le Mal se mit à sourire...
- Hé, je te trouve bien intolérant avec toi-même. Pourquoi ne pourrais-tu pas pleurer? Tu crois qu'il y a ici quelqu'un qui n'a jamais pleuré? Tu crois que quelqu'un ici peut assurer qu'il ne repleurera jamais plus de sa vie? Ça m'étonnerait. Si l'homme a été doté d'un instrument aussi beau que les larmes c'est tout de même pour s'en servir un tant soit peu, et pas seulement durant les premières années de son existence ..... tu ne crois pas?
La flamme vacillante d'une torche se reflétait sur le plastron poli de l'armure.
À force de penser, j'ai alors réalisé que l'on était jamais vraiment adulte. Qu'il existerait ad vitam aeternam un soupçon de folie - peut-être un résidu de l'enfance - qui nous empêcherait d'être pleinement responsable comme un adulte devrait l'être, mais qui faisait notre originalité humaine. Quel que soit l'âge.
De nos jours, les scientifiques se plaisent à répéter que nous n'utilisons qu'une infime partie des capacités de notre cerveau, je crois que le chiffre actuel est de l'ordre de 30% à peine de ses facultés. Mais que se passerait-il si certaines personnes arrivent à se servir des 70% restants? Des hommes et des femmes capables d'utiliser 100% des facultés de leurs cerveaux.
En pleine journée les choses n'ont jamais le même reflet que la nuit, disait souvent grand-père Anatole, avant de connaître quelque chose il faut en avoir vu les ombres.
Aujourd'hui la forme primait sur le fond, donnant plus d'importance au design des objets qu'à leur réel fonctionnement. C'était une société d'apparence. Il fallait tout faire pour montrer aux autres, les vêtements, les voitures, et même les animaux étaient devenus des faire- valoir pour leurs propriétaires. Bientôt ce serait au tour des enfants si ça n'était pas déjà le cas.
Tirer un trait définitif sur ses jouets, c'était enterrer son enfance à jamais. C'était creuser ce fossé qui éloigne pour l'éternité les adultes du monde des féeries juvéniles, cela revenait à renoncer à la magie de l'enfance. Il aimait trop ce monde où l'on pouvait encore se donner l'illusion d'être vraiment quelqu'un d'autre.
Billy Harrisson avait toujours rêvé d'être célèbre, et il le devint. En effet, la découverte du corps d'une nouvelle victime de "l'ogre de la côte Est" attira bon nombre de journalistes. Les chaînes de télé diffusèrent la photo du jeune garçon comme celle d'un martyr pour la mémoire duquel l'information devait se battre. Mais personne dans tous le pays ne vit les visages des cinq précédentes victimes.