Qui n'attache pas de prix à la vie ne mérite pas de vivre.
Inachevée, sa vie, comme sa Bataille d'Anghiari, comme sa si chère statue équestre, comme La Cène dont tous les voyageurs lui disent qu'elle a été ravagée par une inondation, comme ses canaux tracés, ses palais jamais édifiés, ses inventions à jamais au secret de ses carnets. Sa machine à voler, son plus cinglant échec. Son pire regret.
L'essentiel est toujours dans le détail. Sinon se donnerait-on la peine des détails s'ils ne signifiaient beaucoup plus que ce qu'ils sont en eux-mêmes ? Assez de ces raccourcis stupides qui sont faits au mépris du mécanisme lui-même, se contentant des grandes lignes. C'est un travail d'observation scientifique. Il n'y a pas de détail. Tout compte, tout est équivalent...
Car Botticelli, lui, ne vit vraiment que pour peindre, il n'aime rien d'autre que peindre et caresser ses chats. Des fanatiques s'en sont pris à l'âme la plus exquise, la plus raffinée, la plus mélancolique qu'il connaisse.
L'antique mépris des nantis, bien à l'abri derrière leurs possessions, envers les artistes. Envers tous ceux qui ont gardé de l'enfance le goût du risque et l'audace de vivre.
Sans morale ni jugement, il veut simplement comprendre. Comprendre est sa passion.
Se contenter de peu, mais avec un grand contentement. Un art certain pour le bonheur.
Léonard étudie, il peint, il baise...
Ses histoires salaces contre les grosses dames moches qui dévorent la chair fraîche des jeunes mâles mantouans font frémir la bande d'invertis de Léonard.
Parce qu'en baise comme en latin, Melzi est un as. Salaï est effondré. Melzi, ravi.