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La couverture a attiré mon regard, une photographie en noir et blanc qui n'est pas sans me rappeler l'époque où les photographes prenaient les passants dans les rues, puis le titre Les mains dans les poches qui m'a rappelé un certain poète : Je m'en allais les poings dans mes poches crevées... La combinaison parfaite pour attiser ma curiosité.
J'ai lu ce livre d'une traite tant les souvenirs et la perception du monde par Bernard Chenez m'ont ému, ont fait remonter quelques images oubliées. Des moments clefs d'une vie pas toujours agréables ou faciles mais de ces moments qui se gravent en nous et font de nous ce que nous sommes. .C'est émouvant mais pas nostalgique.
Quelques passages particulièrement touchants : Ils nous ont effacés . Tous, nous, et le paysage. Il ne reste rien. Ni du petit escalier qui descendait du pont de Levallois. Ni de l'atelier. Rien. Tout est effacé.(p. 128) et plus grave, la perception d'une dispute familiale par un enfant : Tout s'est effondré le jour où j'ai surpris mon père battre ma mère. S'il avait battu sa femme, cela n'aurait peut-être pas eu cette irrémédiable conséquence. le verre que lance mon père en direction du visage de ma mère n'a toujours pas terminé sa trajectoire. Je suis dans ce verre comme un cosmonaute dans sa capsule. L'auteur exprime magnifiquement le traumatisme qu'il en a ressenti. (p.133)
Je ne connaissais pas l'auteur mais j'ai beaucoup apprécié son style, sa vision du passé, les chapitres cours qui traitent d'un souvenir, d'une émotion à la fois rendent le livre très visuel, j'ai eu l'impression de feuilleter un album photo en noir et blanc.Un livre qui s'adresse à tous afin de découvrir ou de se souvenir, un excellent moment presque trop court en tout cas.
Merci aux Editions Héloïse d'Ormesson et à Babelio.
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Bernard Chenez se promène Les mains dans les poches et pense à son enfance, à sa vie, à son passé. Il relate des événements posés çà et là, pas forcément de façon chronologique, mais qui semblent arriver au hasard des rencontres, des envies, des souvenirs.

Du gamin qui se lève tôt pour tenter de gagner quelques sous à l'homme d'aujourd'hui, de l'adolescent qui découvre l'amour sombre, romantique, clandestin, à celui qui découvre l'anarchie, la vraie, de l'étudiant sérieux à celui qui manifeste, une vie défile. Heureuse parfois, nostalgique parfois, belle souvent.

Il y a les souvenirs, il y a les parents, la famille et la vie, les batailles d'indiens, imaginaires, le bord de mer, les barricades et les révoltes, le bleu de travail que l'on porte à l'usine, les chagrins et les amours. Mais il y a également une certaine nostalgie à se remémorer ceux qui ne sont plus, amis, amantes, parents. Et tout au long des pages une dose de tendresse pour l'enfant ou l'adolescent que l'homme a été un jour, pour celui qui n'est plus mais qui continue à vivre dans les réminiscences de ces instants de vie. Comme tout un chacun en somme, mais ici c'est joliment dit, avec une vraie poésie.

Car ce livre, qui n'est ni tout à fait un roman, ni vraiment un récit, est à lire au hasard. Juste ouvrir un chapitre, vivre avec l'auteur quelques instants, se souvenir de l'enfant, de l'adolescent puis de l'homme qu'il a été, comprendre et aimer, la vie, la mort peut-être aussi…

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/08/20/les-mains-dans-les-poches-bernard-chenez/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Quand il écrit "Les mains dans les poches" on pourrait penser que Bernard Chenez est un dilettante qui raconte ses années d'insouciance évoquées par cette position. Pourtant ce n'est pas le cas puisqu'on ne peut pas dire qu'il ne fait rien, au contraire.
J'aime beaucoup l'image du début avec la parabole du train et je trouve que ce livre démarre très fort.
J'ai adhéré rapidement et apprécié cette lecture même si le récit ne va pas tenir la longueur avec la même intensité. C'est une façon de parler parce que le livre n'est pas très long (moins de 200 pages).
Comme dans le train circulaire de Tokyo qu'il remonte dans un sens ou dans l'autre Bernard Chenez nous donne à lire un vécu intéressant puisque il est le témoin d'une époque, celle de la génération des soixante-huitards comme on dit.
L'auteur écrit dès le début que ce qu'il raconte ne suit pas la chronologie de ce qu'il a vécu. Car ce sont des souvenirs sous forme de textes courts qui sont présentés ici.
Cette présentation m'a évidemment fait penser à Philippe Delerm. Car il y a peu d'auteurs qui utilisent ce procédé littéraire du recueil de petits textes. On pourrait d'ailleurs les lire dans le désordre à l'exception du début et de la fin qui se répondent.
L'auteur évoque ses souvenirs d'enfance, ses amours, ses boulots, ses engagements, ses espoirs et ses désespoirs. J'ai particulièrement apprécié son expérience d'ouvrier et les luttes menées pour sauvegarder son usine. Il nous rappelle l'histoire de l'île de la Jatte et de son passé industriel. C'est un lieu sur la Seine près de Paris où se trouvaient de nombreux sous-traitants automobiles. Des bateaux et des voitures de luxe furent aussi construits sur l'île désormais transformée en ghetto de riches.
Ses lieux parisiens m'ont inspirée mais il y aussi des découvertes comme l'île anglo-normande de Sercq propice à l'amour ou encore Granville la normande où ses souvenirs d'enfance sont imprimés.
Puis arrive le désenchantement, celui des luttes ouvrières mais surtout celui lié à la perte des proches. Bernard Chenez doit porter ses morts et ça le rend aigri. Il dit qu'il se résigne à n'aimer personne, ce que je trouve vraiment triste.
Il est vrai qu'il y a des différences de ton quand il évoque ses parents. Il semble encore affecté par les rapports difficiles entre lui et son père et surtout par sa violence qu'il ne pardonne pas.
Cette dernière partie plombe un peu l'ambiance même si le livre est très bien écrit.

Ce livre m'a été offert par les éditions Héloïse d'Ormesson dans le cadre d'une opération masse critique et je les en remercie.


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Eclats de vie, de l'enfance des petits boulots à l'usine où « la pointeuse du petit matin était un couperet ». Au milieu, ce sont les escapades à vélo avec les copains, les premières amours et leurs bouquets de pâquerettes, les parents éloquents par leurs vêtements ou la frappe de leur main. Toute l'histoire d'une vie, mais aussi celle d'une France progressivement désindustrialisée, l'histoire d'une jeunesse qui se soulève, l'histoire d'un mode de vie maintenant disparu, détruit comme les usines de l'Île de la Jatte.

Arrivé à un certain âge, Bernard Chenez revient sur son passé, ses jeunes années surtout, par petits récits courts et poétiques, chargés d'une certaine morale, d'un certain message pour les générations futures. Il a connu l'usine, le travail à la chaîne assez jeune, moyen comme un autre de gagner quelques francs. Destiné à être chaudronnier, la forge n'a pas de secrets pour lui. Il nous raconte ses premiers faits d'armes, les petites révoltes de ses vingt ans, quand Mai 68 commençait à se dessiner à l'horizon. Il nous raconte les femmes, quelques femmes rencontrées, aimées, égarées. Chaque petit chapitre est l'illustration d'une époque révolue, perdue par le cortège implacable des années.

Ce livre n'a pas de fil rouge, pas de trame, pas de suite. C'est une circonvolution, où l'enfance se mêle à l'adolescence, où l'adulte rencontre le gamin tétanisé par la pantomime de son père. Aucune logique dans l'enchaînement de ces fragments, seulement la poésie des mots pour porter quelques messages sur la vie, quelques constats légers ou plus tragiques, qui ont longuement résonné en moi. Il n'est pas de ces livres qui se lisent d'une traite tant on veut en connaître la fin, c'est un livre qui se savoure, petit chapitre après petit chapitre, et j'ai beaucoup apprécié cette ballade poétique dans ces années que je n'ai pas connues.
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Bernard Chenez, Les mains dans les poches - 2018 -

Chenez nous entraîne au fil de ses souvenirs, fait revivre pour nous les années de révolte, les autres plus douces et ses premières amours, tout cela pêle-mêle. Rien pour donner le goût de le lire, vous me direz, mais il y a là de belles trouvailles de style qui valent à elles seules le détour. Il y a des auteurs qui savent rendre vivants les moments du passé et c'est un peu alors comme s'ils nous appartenaient. Chenez est de ceux-là. On sent, on goûte, on court avec lui et on s'écorche les genoux sur le réel, mais il fait doux de le savoir là toujours vivant dans la mémoire.
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Ce livre court nous emmène dans les pas d'un baby-boomer qui nous conte ses souvenirs comme autant de pépites poétiques et parfois amusantes d'une jeunesse bercée par le charme unique de ces années d'après-guerre. J'ai croqué dans ces courts chapitres comme dans autant de madeleines au goût d'une époque révolue et qui semble si douce a posteriori. Et pourtant il y avait aussi l'usine et ses cadences, les mouvements sociaux, mais puiser dans ses souvenir c'est mettre en avant des faits et en extraire le meilleur. C'est ce que j'ai ressenti dans ce livre offert gracieusement dans le cadre de l'opération "Masse Critique"
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Une balade tendre et joyeuse mais pas que … Ce court roman se déguste comme un long poème.
L'auteur plante le décor dès le premier chapitre en évoquant la lutte de la classe ouvrière avec un cortège qui revendique alors qu'une usine ferme. Puis nous voilà au Japon, à Tokyo, dans un train qui effectue le tour de Tokyo, une boucle d'une heure. Écrire comme on voyage, dans le sens de la marche ou à contresens, ne pas respecter de chronologie.
C'est ainsi que les époques défilent, avec l'attente du premier amour ou le professeur de dessin qui aide le petit garçon d'alors en lui disant : « c'est la main qui voit et l'oeil qui dessine ». le dessin prend une grande place dans sa vie, le vélo aussi pour s'échapper librement sur les routes de la Beauce.
Cette déambulation parfois nostalgique est le reflet d'une époque. Beaucoup d'émotions dans ce récit aux chapitres courts, avec des phrases qui chantent à nos oreilles et nous rappellent les haïkus.
Si les évocations sont souvent tendres, elles restent lucides et parfois tristes.
Lisez-le pour capter l'ambiance de ces années et vous régaler de la prose de Bernard Chenez. J'ai été touchée par ce livre.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Le narrateur se souvient. Il se replonge dans les souvenirs des moments, plus ou moins forts, de sa vie. A travers son récit, il nous fait voyager dans le temps, à cette époque passée et pourtant pas si lointaine. Une période maintenant révolue dont l'empreinte continue à subsister en lui.

« Vous croyez pleurer. C'est la pauvreté qui vous crache à la gueule. »

Il nous raconte sa mère, son père, son enfance, le court temps d'une rencontre, d'un petit amour éphémère, l'usine et sa cadence…

« On se construit les cathédrales que l'on peut. La mienne était faite de toile et de vent. Elle n'a duré que le temps d'un printemps. »

Il se remémore même ses voyages en transport, ce métro ou train de banlieue où les usagers s'agglutinent. Ces corps qui s'entrechoquent. Leur bruit. Et alors il imagine…

« Ce chapelet d'apparences humaines est un livre ouvert. J'en feuillette les pages. J'en lis les histoires. Qu'importe celle que j'invente. »

La violence de son père qui a jalonné son existence. Ses pics d'agressivité, ses gestes brutaux envers sa mère…

« Déguerpir les mains dans les poches, c'est moins facile pour serrer dans ses bras ceux qu'on voudrait aimer. »

Petit livre qui se lit rapidement dans lequel le narrateur se plonge et nous plonge dans ses souvenirs, dans cette France de l'industrie, de l'enfance… Je n'ai pas été touchée par le personnage, je n'ai pas réussi à m'y attacher. J'ai eu du mal à comprendre où l'histoire me menait… j'ai pourtant bien relevé quelques extraits, aux jolis mots, aux douces phrases… Je suis passée à côté, je n'ai pas été séduite…
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« J'annote seulement les gares au gré du parcours. Tantôt dans le sens de la marche, tantôt à contresens. Je m'interdis de descendre à une station. Je m'autorise seulement le changement de quai. Seul le voyage compte. »

À bord du train qu'il imagine être sa mémoire, Bernard Chenez regarde défiler le paysage. Esquissant les rails à mesure qu'il se souvient, bousculant l'aiguillage si le coeur lui en dit, « pourvu que ça roule ».

Affranchi des contraintes de la vie et de ses éternelles questions auxquelles il n'attend désormais plus de réponses, il se remémore son premier job. Petit garçon de douze ans qui se sentait homme, l'information entre les mains, lorsque, pour un billet de dix francs, il passait deux heures à coller les adresses des abonnés sur un journal de gauche. Lui reviennent des images de sa mère, qui, comme toutes les mères, ne mourrait jamais. Ses premières amours, empreintes d'une timidité délicieuse, désuète. Puis ses élans d'ouvrier révolté, agité par le chambardement politique et idéologique des années 60. Puis… je me suis un peu perdue en route.

Le choix de l'auteur de négliger toute logique chronologique m'a déstabilisée. J'aurais aimé avoir à suivre un semblant d'histoire, pour m'attacher à celui qu'il fait renaître derrière ces brefs épisodes de vie. Je regrette d'autant plus d'être restée sur le quai de la gare (je joue le jeu) que tout est très joliment écrit. Brut et fin à la fois, simple, spontané. En peu de mots, chaque anecdote transpire une époque. Trop peu de mots peut-être. J'aurais voulu fallu m'attarder un peu, mais je n'en ai pas eu le temps. Ce livre relèverait-il d'une démarche quelque peu égoïste ? Que chacun en soutire ce qu'il peut ? Bizarrement, c'est à cette idée que je l'ai un peu plus apprécié. Pour qui écrit-on, après tout ? Il me fallait accepter les libertés prises par l'auteur dans la construction de ses souvenirs. Des souvenirs offerts (pas si égoïste que ça, le bonhomme) avec une grande tendresse.

Je ne me suis pas toujours sentie du voyage, mais j'ai lu de belles phrases, souri, humé d'autres décennies. La génération de Chenez (il est né en 1946) se laissera très certainement émouvoir.
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« Nostalgique de rien. J'aime être dans un train qui roule. Une fois sa vitesse stabilisée, je remonte tous les wagons à contresens. Arrivé à la dernière voiture, j'observe la voie qui défile à l'envers »

Les mains dans les poches, de Bernard Chenez, est une balade à travers les ans, à travers les temps, à travers les luttes.

L'auteur a posé les mots comme des croches, des noires, des blanches, sur une portée musicale. Et il nous emporte. Au fil des protest songs, mais aussi au fil des sons, des mélodies du petit matin parisien.

Le roman est composé de chapitres courts, de bribes de vie, de confidences (enfin, c'est ainsi que je l'ai perçu). La nostalgie est là, présente. Celle de l'enfance, celle du premier amour, celle des combats et de la plage sous les pavés. Celle du Paris où les allées étaient encore des chemins, où « la Seine était encore en liberté ». Il y a ces cicatrices à l'âme, ces blessures, cette mère qui m'a bouleversée.

« Je me souviens de ma mère par fragments. Comme ces statues antiques dont on ne retrouve que quelques reliques éparses ».

Il y a le temps qui passe, il y a la gauloise au bec…
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