"Oui, les bâtisseurs de cette demeure divine ont chargé leurs œuvres de la profondeur de leur âme, de leur spiritualité...
C'est bien là la définition de l'art roman ; ces artisans travaillaient avec leur cœur et mettaient toute leur foi en Dieu dans le rendu de leur tâche, contrairement à leurs successeurs de la Renaissance qui ont usé de leur maestria pour placer l'homme au centre de l'univers.
François Cheng a reçu de nombreux courriers. Nous en publions une partie qui nous paraît la plus "parlante", tant il est vrai que la résonance suscitée par un verbe est partie intégrante du verbe.
Quand je vois dans un silence religieux, François Cheng le poète parler de la mort avec une telle lucidité et une telle sagesse, j'ai l'impression de le voir s'asseoir à côté du maître Tolstoï l'auteur du sublime La mort d'Ivan Ilitch pour se disputer la mort, l'un pour la mort pour la vie, l'autre pour la vie pour la mort.
(François Cheng, 90 ans, interrogé sur la mort, LGL 29 01 2020)
Réfléchi par les eaux miroitant de lumières nocturne, cet ensemble prend un aspect féerique, quasiment céleste. On prend conscience alors que Notre-Dame tire sa grâce du fait spécifique qu'elle est bordée par un fleuve au courant berçant. La Seine transforme la cathédrale en un vaisseau portant toujours plus loin, toujours plus haut, les rêves humains.
Réfléchi dans les eaux miroitant de lumières nocturnes, cet ensemble prend un aspect féerique, quasiment céleste.
À un degré plus haut, il y a l'intense émotion qui s'empare de chacun, chacun dans sa nuit, sidéré, désespéré. Peu à peu cependant, il sent que son émotion est partagée par les autres, puis, de proche en proche, par tout un peuple, puis, la disposition télévisuelle lui envoyant des images, par le monde entier. Par delà la monstrueuse flamme, par delà l'horizon quotidien, il assiste à une mémorable communion universelle qu'aucun artifice humain n'aurait réussi à créer.
L'amour maternel, nous savons ce que c'est. Nous le considérons comme quelque chose de naturel, de normal. Nous en jouissons, nous en profitons, nous en abusons souvent, sans trop nous en soucier. Un jour cette présence maternelle nous est arrachée. Nous plongeons dans un immense regret. On se dit : "il y a tant de choses qu'on aurait pu se dire. On ne l'a pas fait, on ne lui a jamais vraiment dit : je t'aime. Maintenant, c'est trop tard !" Eh bien ce sentiment de "trop tard" nous a tous saisis au moment où la flèche s'est transformée en torche et s'est brisée. Un cri d'effroi a surgi en nous :" Mais Notre Dame va partir sans qu'on ait eu le temps de lui dire adieu !"