« – SI, ELI. TU MÉRITES D’ÊTRE HEUREUX, PLUS QUE TOUT.
– C’EST DIFFICILE D’ÊTRE AVEC TOI, PARFOIS, MURMURA-T-IL.
– POURQUOI ?
IL FRONÇA LES SOURCILS ET BAISSA LA VOIX.
– PARCE QUE TU FAIS BATTRE MON CŒUR.
– ET OÙ EST LE MAL ?
IL HAUSSA LÉGÈREMENT LES ÉPAULES.
– PLUS IL BAT, PLUS IL RISQUE DE SE BRISER, MAIS C’EST JUSTEMENT CE QUI ARRIVE AVEC TOI, JASMINE. J’ÉTAIS MORT DEPUIS SIX ANS, ET TOI TU TE POINTES ET TU ME RAPPELLES À QUEL POINT C’EST BON D’ÊTRE VIVANT, DE RESPIRER DE NOUVEAU. TU NE VOIS PAS POURQUOI IL EST IMPORTANT QUE TU EXISTES ? TU NE VOIS PAS POURQUOI LE MONDE A BESOIN DE TOI ? POURQUOI LA MEILLEURE DÉCISION QUE TA MÈRE AIT JAMAIS PRISE, C’ÉTAIT DE TE METTRE AU MONDE ? TU ES LA MUSIQUE DANS UN MONDE SILENCIEUX, ET MON CŒUR BAT PARCE QUE TU ES LÀ. »
On ne peut pas espérer guérir si on prétend que les fêlures n'existent pas.
TJ avait plus de quatre-vingts ans, et il était né avec la soul. On n’apprenait pas à jouer de la musique comme il le faisait — on venait au monde avec plusieurs vies de cœur et d’âme déjà incrustées en soi.
La mort était une créature si étrangère. Vous saviez que c'était triste pour les gens, mais vous ne pouviez vraiment comprendre ce qu'était le chagrin que lorsqu'il venait frapper à votre porte. Puis, une fois que vous aviez vu cet être étrange, vous regrettiez de ne pas pouvoir remonter dans le temps vers tous les autres qui avaient perdu un être cher et leur demander pardon de ne pas les avoir mieux réconfortés. Je ne savais pas à qui la mort faisait le plus mal - à ceux qui partaient ou à ceux qui restaient et devaient continuer à vivre.
Dans ma famille, chaque fois que nous traversons des moments heureux ou malheureux, nous nous donnons une clé. C'est un moyen de se rappeler qu'on a toujours un endroit où aller qui s'appelle la maison, un chez-soi, quoi qu'il arrive. Et puis, chaque fois que tu as une mauvaise journée, tu peux prendre la clé dans ta main et te rappeler que tu n'es pas seule, pas totalement. C'est un moyen de tenir pendant les jours difficiles. C'est un pense-bête pour que tu saches que tu as toujours une maison où tu peux revenir.
Je ne connaissais pas Elliott depuis longtemps, seulement quelques mois, mais j'avais l'impression de le connaître depuis toujours. Nous étions complètement différents à beaucoup d'égards. J'étais la nouvelle fille populaire et lui le garçon timide qui se faisait harceler. J'étais extravertie alors qu'il était réservé. J'étais perdue, et lui était la carte routière qui indiquait le chemin de la maison.
On ne peut pas espérer guérir si on prétend que les fêlures n’existent pas.
Je ne savais pas grand-chose de l’amour. Je ne savais pas à quoi cela ressemblait, ce que l’on ressentait, quel goût cela avait. Je ne savais pas comment il se déplaçait, comment il circulait. Mais je sus à ce moment-là que mon cœur était en train de se serrer, et, juste un instant, de s’arrêter de battre.
La vie était dure parfois, mais peut-être Dieu nous avait-il donné la musique pour se faire pardonner.
Tandis qu’Elliott me tenait contre lui, il guérissait des blessures en moi que j’avais toujours préféré ignorer. Lorsque sa peau toucha la mienne, nous nous fondîmes en un seul être et toutes mes fêlures furent recouvertes de pansements temporaires.