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Citations sur L'emprise (48)

Certaines personnes ont une sainte horreur des hôpitaux. I. et M. étaient de ceux qui se montrent toujours suspicieux face à la médecine. Il ne leur vint donc pas à l’idée de la conduire chez un psychiatre. Ils lui firent garder la chambre, lui donnèrent à boire tisanes et délicieux bouillons, et la supplièrent de ne plus aller chez Victor Grandier. Sur ses conseils, elle leur mentit : depuis longtemps déjà, elle ne le voyait plus. Ils insistèrent pour qu’elle se réconciliât avec sa famille. Les mots de Victor Grandier envahirent sa bouche. Elle menaça I. de rompre. Ni lui ni sa mère ne l’interrogèrent
plus sur les causes de cette brouille.
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Écoutez-moi bien, il y a trois degrés dans l’emprise démoniaque, lui dit-il. L’homme attaqué par la tentation jouit encore de son libre arbitre mais le démon met tout en œuvre pour le corrompre et l’assujettir en agissant sur ses passions. Vous n’en êtes déjà plus là. Vous êtes la proie d’une obsession démoniaque. Pour le moment, Satan se tient encore en dehors des frontières de votre corps. Mais il a envahi votre esprit d’images importunes et de pensées obsédantes, raison pour laquelle vous vous opposez soudain à mon aide. Les douleurs que vous ressentez m’inquiètent. Le Malin veut vous rentrer dans le corps. Il veut vous posséder entièrement.

Elle n’en crut pas un mot. En peu de temps pourtant, sa mémoire se mit à lui jouer des tours. Elle se sentit faible, prise de maux de tête étranges. Ses sens s’étaient déréglés. Toute lumière lui agressait les yeux. Le soir, des images qui avaient la texture du rêve l’assaillaient. Des voix perdues l’appelaient. Elle fermait les paupières et tombait poings fermés, mâchoires
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Elle se mit à prier avec ferveur. Se consacrer aux autres lui parut tout à coup le seul but de l’existence. Elle partagea son repas avec de pauvres gens, s’assit dans la rue à leur côté et se cloîtra dans l’étude, voulant être en tous points la meilleure, la plus pure. Mais son amant lui manquait. Chaque
fois qu’elle se regardait dans la glace, elle se figurait qu’un jour O. poserait à nouveau ses mains sur sa peau. L’écart entre ce que nous sommes et ce que nous croyons être est inouï. Elle ne put résister à l’envie d’écrire à son amant pour lui raconter à quel point elle était devenue raisonnable et gentille.
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La plupart des traumatismes d’un individu remontent à sa petite enfance. La clé de vos angoisses se trouve dans votre passé. C’est donc là qu’il vous faut chercher l’origine de vos malheurs.
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Il avait la science des astres et parlait des dialectes rares. Il revendiquait trente ans de pratique et des patients venus du monde entier. Il avait soigné des personnes en grave dépression, permis à des couples en crise de se réconcilier, sauvé plusieurs adolescents du suicide, des femmes de l’alcoolisme et tiré d’affaire des toxicomanes. Il n’avait jamais songé à publier ses travaux. Ni la renommée ni la gloire ne l’intéressaient. Il cultivait la solitude. Seul l’animait l’amour de son prochain. Il avait, lui dit-il, la clé pour lui permettre de guérir rapidement de toutes ses souffrances et la rendre heureuse. Une méthode révolutionnaire. Une thérapie d’avant-garde, efficace et infaillible.
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C’est là, dans la pénombre, au milieu des gens endormis, que j’ai compris, dans un grand rire plein d’horreur, que tout le chemin que j’avais parcouru mois après mois pour guérir, pour m’en sortir, pour pardonner, toutes les solutions morales que je m’étais fabriquées, pour me donner l’illusion d’avoir tout de même gardé un semblant de dignité, – y compris écrire ce livre –, étaient eux aussi inclus dans le dispositif pervers de Victor Grandier.
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Même quand on croit être le plus lucide sur son compte, on trouve toujours à s’épargner. J’avais tout perdu. Puis j’étais née une seconde fois. Eussé-je dû mourir en cours de route, Victor Grandier s’en serait débrouillé. Nul n’aurait ébruité l’affaire. Pour cacher sa honte, ma famille s’était tue. Et moi, pour vivre, j’avais pardonné. Exactement comme Victor Grandier l’avait calculé. Depuis le début, il avait tout calculé. Car on ne peut pas vaincre un tel être. On peut juste espérer ne pas croiser sa route.
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Chacun se débrouillant avec sa honte comme il peut, sa famille ne se sentit pas prête à se lancer dans un procès. Elle se renseigna toute seule auprès d’un avocat. Le cas était compliqué. On pouvait plaider l’abus de faiblesse mais elle s’embarquerait pour des années de procédure dont l’issue était incertaine : elle était restée chez Victor Grandier de sa propre volonté et avait payé la plupart des séances en liquide.
La terreur.
Puis la honte.
Puis la colère.
Puis le chagrin.
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Il n’y a ni médecin ni médicament pour me guérir. Je flotte dans un désert infernal où tous les gens sont des fantômes. Tout est mensonge, farce et simulacre. Tout ce qui existe n’existe pas. Je suis damnée. 
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Nul être humain n’est parfait. Ça n’existe pas.
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