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Citations sur Le soleil des morts (32)

L'horizon, il ne faut pas le contempler. Il est trompeur comme les rêves. Il attire et ne donne rien. Il est bourré de bleu, de vert, de doré ; mais il ne nous faut pas de féérie ; elle est là, sous tes pieds, la vérité ...
Je sais que les vignes, sous Castelle, n'ont pas de raisin ; je sais que les blanches petites maisons sont vides, et que, sur les pentes boisées, sont éparpillées des vies humaines...
Je sais que la terre est imbibée de sang, que le vin sera âcre et ne donnera pas de joyeux oubli. La muraille grise de la Kouchekaïa, que l'on voit de si loin, a enregistré des choses horribles. Le temps venu, on les déchiffrera... (p20)
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Voici déjà la nuit close. Un vent furieux semble vouloir arracher même les étoiles ; elles tressaillent, tremblent, dans l'infini noir. Le vent lisse la mer, qui est comme une vitre froide. Les étoiles frémissent sur elle. Tout le monde s'est depuis longtemps verrouillé, frissonnant aux heurts ; on ne sait pas présentement qui pousse les portes. Et, dans les rafales du vent, des cris, des prières étouffées, arrive-vent...
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Il fait bon rester assis dans la paix matinale de la gorge aux vignes, et s'y cacher de tout. Rien que les ceps... Leurs rangs grimpent au long de la gorge, vers la liberté, là où se trouvent les vieux amandiers, là où sautillent les geais. Quelle cuve paisible ! L'un des côtés est encore à l'ombre ; l'autre est chaud, doré. C'est celui où se trouvent les jeunes poiriers couverts de grosses girandoles. En se retournant, on voit la large baie bleu sombre : la mer. La gorge dévale à pic, et dans son étroite fente, s'aperçoit, la coupe bleue de la mer ; il n'y a qu'à la boire des yeux ! (p36)
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Le soleil est descendu derrière le Babougane. Les montagnes bleuissent. Les étoiles commencent à blanchir. On ne voit plus de merle mais il siffle encore. Et là-bas aussi-où l'on a coupé les amandiers-il y en a un second...tous deux saluent leurs printemps. Mais pourquoi de façon si mélancolique ?...
J'écoute jusqu'à la nuit noire.
Voici la nuit. Le merle se tait. Il recommencera à l'aube...nous l'écouterons pour la dernière fois.

( Derniers paragraphes )
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L’histoire ne tient aucun compte des terrains vagues, des berges des rivières désertes, des fosses à ordures, des taudis, des fillettes russes qui troquent contre des pommes de terre leurs corps d’enfants ; elle n’a cure des vétilles. Elle est occupée de trop grandes choses et de trop grands exploits pour prendre son vol sur ces vétilles !… Elle inscrira ceux qui communiquent par radio avec l’univers, ceux qui passent des revues sur les places, ceux qu’on invite aux congrès et qui portent les fracs décents d’un tailleur de Londres ; elle ne parlera pas de toi, Ver-perche ; elle parlera de ceux qui, en votre nom, gens perdus, décident du sort de votre descendance sacrifiée. Mille plumes notent en criant ce qui est agréable à leurs oreilles ; mille plumes vendues et menteuses étouffent le bruit de vos gémissements bègues.

(p. 182)
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Encore plus à droite, le bonnet velu du Babougane boisé. Les matins le dorent, mais il est d'habitude d'un noir profond. Telles des soies, on y aperçoit, quand le soleil liquéfié vibre derrière lui, les aiguilles des arbres résineux. C'est de là que viennent les pluies. C'est là que le soleil se couche. Il me semble, je ne sais pourquoi que c'est de ce sombre et noir Babougane que descend la nuit...
Il ne faut plus songer à la nuit, ni à ces rêves décevants, ou rien n'est d'ici-bas. La nuit prochaine ils reviendront. Le matin arrache les rêves. Voici, là, en dessous, la vérité nue.
L'horizon, il ne faut pas le contempler. Il est trompeur comme les rêves. Il attire et ne donne rien. Il est bourré de bleu, de vert, de doré ; mais il ne nous faut pas de féerie ; elle est là sous tes pieds la vérité.
( premier chapitre)
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Quittez vos vénérables bureaux, confortablement éclairés de douces lampes, et les milliers de volumes dont les reliures dorées cachent la réalité nue de la vie ; allez-y voir vous-mêmes ! Vous n’aurez plus sous les yeux du papier couvert de mots : vous verrez des âmes vivantes ensanglantées, rejetées comme des détritus. Vous verrez tout, si seulement vous voulez voir !…

(p. 132)
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Je m'arrache à la vue de la mer, je marche, comptant mes pas pour détourner mes idées... Maintenant cognons dur sur les racines millénaires des chênes, enfouies dans la terre...
Les parois forment ici une coupe qui tapissent de noueux pieds de charmes. Au-dessus est le ciel. Cogner sans penser ! Et si les pensées vous assaillent, il faut les arracher aux broussailles, les balayer, les disperser; il faut regarder les étranges formes des charmes, caprices de la nature. Ce ne sont pas des arbustes, mais de merveilleuses métamorphoses... on ne sait quelles mystérieuses allusions à on ne sait quoi...
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– Et Kouleche est mort… me dit Lalia en mâchant, mort de faim…
– Oui, Kouleche est mort. Il a cessé de souffrir. Toi, as-tu peur de la mort ? (…)
– Non… De quoi aurais-je peur ?… répond-elle en cassant une coque avec ses dents. Maman dit que lorsqu’on meurt sans souffrir, c’est comme si on dormait… Dormir, et ensuite tout le monde ressuscitera. Et tout le monde sera en chemise blanche, pareil à des anges, avec des petites mains comme ça… Tenez là, sous votre main, sous votre main… une, deux… quatre amandes !
Kouleche est mort. Il est allé recevoir la chemise blanche et voir les petites mains comme ça… Il ne souffre plus.

(p. 172-173)
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Je ne prends plus les routes. Je ne parle plus avec personne. La vie est une lampe qui a fini de brûler ; maintenant, ça charbonne. Je regarde les yeux des animaux. Mais il n’en reste guère.

(p. 170)
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