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Citations sur Kim Jiyoung, née en 1982 (145)

Elle avait grandi de la sorte. Avec ce refrain de tout le temps devoir faire attention, s’habiller correctement, se comporter sagement, éviter les quartiers dangereux, les heures dangereuses. Les personnes potentiellement dangereuses. La faute était du côté de celle qui n’avait pas pu percevoir le danger ni l’éviter.
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Sur les poussières sentimentales accumulées, une étincelle était tombée, et la plus belle époque de sa vie brûla vainement pour ne laisser qu’un tas de cendres.
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[Kim Jiyoung à son mari.]

Toi, crois-tu que je n'aie pas le droit de prendre un café à 1 500 Wons ? Non, mais, sans parler de 1 500 Wons, même si ça coûtait 15 millions de Wons, j'achète ce que je veux avec l'argent de mon mari, non ? Ça ne regarde que nous, pas vrai ? Je n'ai pas volé ton argent. J'ai accouché dans des souffrances à en mourir, j'élève mon enfant en renonçant à ma vie, à mon travail, à mes rêves, enfin à tout ce que j'étais. Et je suis devenue quoi, une mère parasite ? Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
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Sa mère regrettait sa vie manquée et regrettait d'être devenue la mère de Kim Jiyoung – une pierre, ferme et lourde, quoique petite, qui pèse contre un pan de sa longue jupe. Kim Jiyoung avait d'un coup l'impression d'être cette pierre et ça la rendait triste. La mère, percevant sa peine, de ses doigts, tendrement, a remis de l'ordre dans les cheveux de sa fille.
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«  Les filles presque inconsciemment , entassaient petit à petit au fond de leur cœur la désillusion et la peur des hommes » .
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Cinq minutes avant la fin du repas, le maître faisait sa tournée, grondent les derniers attablés, les pressant rapidement, frappant leurs plateaux avec une cuillère. Kim Jiyoung sentait le riz s'entasser dans sa gorge. Sous la pression du maître, les enfants avalaient leur riz et leurs plats avec de l'eau, comme s'ils avalaient un médicament.
Le numéro d'élève de Kim Jiyoung était le 30 sur 49 élèves. De 1 à 27, c'était les garçons ; de 28 à 49, les filles.
(...)
Les filles nées en fin d'année pouvaient à peine s'asseoir à table quand les premiers garçons achetaient leur repas et s'apprêtaient pour sortir jouer. De fait, les élèves qui se faisaient réprimander pour leur retard étaient généralement des filles.
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De nos jours on guérit des cancers, on transplante des coeurs, et il n'existe pas un seul traitement pour la douleur des règles, c'est dément. Ils croient que c'est la catastrophe si un soin concerne l'utérus. C'est quoi le problème, c'est un territoire sacré, ou quoi ?
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— Maman, ils sont faits maison ces gâteaux ?
— Évidemment, c’est nous qui les avons cuisinés.
— Je t’avais dit de ne pas en préparer tant. C’est comme le bouillon, les galettes, les gâteaux, c’est trop de travail, il suffit d’en acheter quelques-uns au marché. Nous ne faisons pas le rituel pour les ancêtres ici, pourquoi se donner autant de mal ? C’est une corvée pour toi, à ton âge, et pour Jiyoung aussi.
Une ombre de déception est passée sur le visage de sa mère.
— Ce que l’on fait pour sa famille, ce n’est jamais une corvée. C’est la fête, nous nous réunissons, nous préparons de bonnes choses, nous les mangeons ensemble, c’est le bonheur, non ?
Elle s’est tournée vers Kim Jiyoung.
— C’était trop de travail, pour toi ?
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Dans son entreprise, il existait une sorte d’attention au sujet des
femmes enceintes : elles pouvaient décaler d’une demi-heure leur arrivée
au bureau. Quand Kim Jiyoung a annoncé à ses collègues qu’elle était
enceinte, l’un d’eux a tout de suite lancé :
— Waouh, quel bol ! Tu vas arriver une demi-heure plus tard.
Si tu la veux, cette demi-heure, tu n’as qu’à la prendre, avec la nausée
permanente, les difficultés à digérer comme à chier, la fatigue, le sommeil
et tout un tas d’autres maux dont je te passe le détail. Mais elle n’a pas
osé dire cela. Elle était peinée par ce commentaire du collègue qui faisait
fi des douleurs et des gênes qui accompagnent la grossesse, mais elle ne
pouvait attendre d’une tierce personne – pas son mari, pas un membre
de sa famille – qu’elle puisse comprendre cela. Comme elle ne répliquait
pas, un autre est intervenu pour remettre le premier à sa place.
— Dis donc, OK elle gagne trente minutes sur son heure d’arrivée,
mais elle doit partir trente minutes plus tard. Elle est nulle ta remarque,
ça revient au même, c’est juste un décalage.
— Sauf qu’on ne quitte jamais le bureau à l’heure, tu le sais
pertinemment. Du coup, c’est trente minutes gratis, pas vrai ?
Sous le coup de la colère, Kim Jiyoung a déclaré qu’elle n’avait pas
l’intention d’arriver plus tard, non, elle arriverait le matin comme tout le
monde et travaillerait comme tout le monde, elle n’avait aucune intention
de rabioter indûment la moindre minute. Par la suite, elle regretterait
amèrement cette sortie hâtive. Elle se demanderait aussi si, en agissant de
la sorte, elle n’avait pas privé des collègues, des cadettes, d’un droit. Tel
était le dilemme : en appliquant les lois vous passiez pour une profiteuse,
en y renonçant vous nuisiez aux conditions de travail d’autres collègues.
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Ce soir-là, Kim Jiyoung apprit pas mal de choses. L’équipe avait été
entièrement composée par le P-DG. Les trois managers les plus réputés
avaient été choisis pour que tout s’installe vite et bien. Et leurs deux
collègues hommes avaient été pris parce qu’il s’agissait d’un travail à long
terme. Le P-DG savait que ce nouveau travail allait demander une
implication colossale, peu compatible avec une vie de couple, et encore
moins avec des enfants. Ce qui revenait à ne pas considérer les femmes
de l’entreprise comme des partenaires fiables sur le long terme. Son idée
c’était qu’il valait mieux miser sur ceux qui resteraient plutôt que sur celles
dont la condition pourrait changer avec le temps. D’ailleurs s’il avait
confié à Kang Hyesu et à Kim Jiyoung des clients difficiles, ce n’était pas
parce qu’il leur faisait confiance, mais parce qu’il ne fallait pas user les
employés hommes, réputés pérennes, avec des tâches épuisantes.
Kim Jiyoung se sentit comme prise dans les dédales d’un labyrinthe.
Elle avait cherché une voie avec sérieux et sagesse, or il s’avérait que cette
voie n’existait pas, n’avait jamais existé. La société avait ses maximes,
genre : Ne baissez jamais les bras devant la diff iculté, affrontez-la, ou Si
quelque chose vous semble impossible, rendez-le possible. Le but des affaires
est de réaliser un maximum de profits et on se dit que nul ne pourrait
blâmer un P-DG qui cherche à maximiser ses rendements tout en
minimisant ses investissements. Pourtant, était-ce si juste de mettre en
avant le rendement, l’efficacité immédiate, le rationnel, ce qui est visible
tout de suite ? Qu’est-ce qui resterait finalement dans un monde dominé
par l’injustice ? Et ceux qui bâtiraient ce monde, seraient-ils heureux ?
Elle apprit aussi que dès le premier mois ses collègues hommes
avaient un salaire supérieur à celui des femmes. Mais cette nouvelle ne lui
causa guère d’émoi, elle en avait déjà eu plus que son compte ce jour-là.
Elle se dit juste, sur le coup, qu’elle n’arriverait plus à se donner à fond
dans son travail en faisant confiance aux anciens et au P-DG. Le
lendemain, dégrisée, elle se rendit au bureau comme d’habitude. Elle
continua d’exécuter les tâches qu’on lui confiait, mais une chose était
sûre, la passion pour son travail et la confiance dans ses supérieurs
s’étaient éteintes.
La Corée est le pays où l’écart des salaires hommes / femmes est le
plus important de l’OCDE. Selon les chiffres de 2014, pour un salaire
masculin de 1 million de wons, le salaire féminin moyen OCDE s’établit
à 844 000 wons, contre 630 000 wons en Corée. The Economist signalait
en 2016 que la Corée occupait le dernier rang dans les indices du
plafond de verre empêchant les femmes d’accéder aux fonctions
supérieures.
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