Secrètement

J’en ai marre de couvrir les petits événements de quartier. Je veux passer dans les ligues majeures! Je veux être celle qui sera la première à l’annoncer lorsqu’il y aura une prise d’otage, ou un fou barricadé chez lui, ou encore une fusillade, un enlèvement. Je veux être là où se trouve l’action! Ce scoop, c’est ma porte de sortie. Ce sera un reportage qui prendra le monde par surprise et, demain, on ne parlera plus que de ça!

Je monte les escaliers, me rends à mon bureau, consciente de l’hystérie qui règne parmi les employés au bureau, cette même excitation qui est palpable dans l’air lorsqu’il y a un gros scoop ou un fait nouveau qui prend tout le monde par surprise. Tout le monde en parle, tout le monde se renseigne, tout le monde spécule et tout le monde ne pense qu’à ça. Moi, je ne pense qu’à ma sœur. Plus rien n’a d’importance. J’ai l’impression d’être sous anesthésie et je ne ressens plus rien.

Je ressors quelques minutes plus tard portant une petite robe noire moulante. Mes cheveux lissés s’allongent jusqu’au milieu de mon dos et j’utilise un maquillage privilégiant un look naturel. Chase n’est plus au téléphone. En fait, il est assis devant moi, bien calmement. Il m’adresse un regard menaçant, me défiant de passer la porte d’entrée. Il n’a pas changé sa chemise bleu marine ni son pantalon noir de travail qu’il avait ce matin. Il a seulement retiré sa cravate. Il est toujours aussi séduisant, quoi qu’il fasse, quoi qu’il porte.

Je joue les indifférentes et je continue mon chemin en ramassant mon sac à main. Puis je me dirige vers la porte. Chase saisit mon poignet au passage et se place devant moi.

— Je ne veux pas me disputer avec toi, Chase.

— Mais moi non plus. C’est pour cela qu’il n’y aura même pas de discussions.

« Un grondement court dans le ciel. Je me crispe dans l’anticipation du coup qui s’en vient. Ce sera un gros, celui-là. Chase resserre son bras autour de moi et lâche un gloussement discret.
— Ce n’est pas drôle!
— Je m’excuse. C’est seulement que ça ne te ressemble pas d’avoir peur des orages.
— Que veux-tu dire?
— Bien… Tu es normalement si forte, si… fonceuse. Tu fais presque peur. Parfois, je te vois et j’ai l’impression que rien ne t’arrêtera et, pourtant, tu es là, toute recroquevillée sous mon bras, à trembler comme une feuille, si fragile et si délicate.
Plus il parle et plus je sens son désir pour moi s’accentuer dans l’intonation de sa voix. Je déglutis, puis j’inspire profondément. Je ne dois pas céder. Ce n’est que le temps d’un orage. »

Il est magnifique! Et de le voir ainsi apprécier son propre corps, se caresser avec tant d’intimité, de sensualité, c’est tellement excitant!