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Citations sur La tyrannie de la réalité (28)

Ce moi unique dont on a reçu la charge en naissant présente la particularité d'être la seule enveloppe charnelle au monde que l'on ne puisse appréhender de l'extérieur. Les autres nous apparaissent dans l'évidence d'une présence pleine, entière, sans que nous puissions soupçonner ce qui les agite intérieurement; à l'inverse, nous savons bien ce que nous-même éprouvons, mais nous n'avons aucun accès à l'effet que nous produisons extérieurement. Ce hiatus nous empêche de croire complètement à la réalité de notre présence au monde, ou à sa légitimité, alors que celle des autres nous semble incontestable.
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"Un lieu, je veux un lieu! Je veux un lieu à la place du lieu pour revenir à moi-même, pour poser mon papier sur un bois plus dure, pour écrire une plus longue lettre, pour accrocher au mur un tableau, pour ranger mes vêtements, pour te donner mon adresse, pour faire pousser de la menthe, pour attendre la pluie. Celui qui n'a pas de lieu n'a pas non plus de saisons."
Mahmoud Darwich
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« […] "On n'a rien sans rien." Cette campagne posait comme une évidence le fait que l'on accepte de subir un quotidien professionnel calamiteux pour se procurer les biens matériels dont on rêve. Or, en réalité, c'est l'inverse : les biens matériels sont un dédommagement pour le préjudice causé par la dépossession de son temps de vie et de ses capacités. Si le préjudice disparaît, ils perdent tout attrait : l'envie de consommer disparaît en même temps que l'obligation de travailler. On retourne bien volontiers ses gadgets à l'expéditeur si, en échange, on récupère ses rêves et la libre disposition de soi. » (p. 309)
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D'une part, il est aujourd'hui interdit d'alimenter le réel avec de l'imaginaire, mais, d'autre part, il est impossible aussi de s'y retrouver bien: on est condamné à désirer éperdument l'existence des autres. On ne peut introduire ni de l'ailleurs dans l'ici, de l'étranger dans le familier, ni de l'ici dans l'ailleurs - du familier dans l'étranger.
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p. 12 la réalité constitue désormais la valeur étalon. Elle est le seul dieu que nous vénérons ; le dernier qui reste en magasin, peut-être. De tous côtés, on se vante de la connaître (mieux que les autres), de la regarder en face (contrairement aux autres), on s’en prévaut, on s’en dispute la caution.
On condamne résolument l’imaginaire et le rêve, perçus comme des enfantillages, comme les symptômes d’un désir de fuite, d’une incapacité à « affronter la vie ». De l’avis général, la sagesse commande de s’écraser le nez contre la vitre de la réalité, et d’agir en toutes circonstances en fonction des injonctions intimidantes qu’elle semble nous adresser.
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"Apprendre à jouer de la clarinette, on veut bien admettre que cela demande du temps et des efforts, mais changer le monde, on veut que ce soit tout de suite."
Miguel Benasayag
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p. 20 Alors, les adultes résument leur être à l’addition de leurs rôles social et familial, et adoptent les comportements et les opinions les mieux à même de leur valoir la considération de leur entourage. Rien d’étonnant si le rêveur leur apparaît comme un fou : comment comprendraient-ils où il va chercher tout ça? Ils ont depuis si longtemps condamné les sentiers qu’il emprunte, qu’ils ont oublié jusqu’à leur existence.
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Le monde entier, chez Houellebecq, est follement prévisible.

[Contexte]

On ne s'étonnera pas de retrouver chez Houellebecq, en même temps que cette « réalité saturée », verrouillée, l'extraordinaire floraison de préjugés qui caractérise par ailleurs l'univers télévisuel. La plupart des personnages du roman coïncident exactement avec des stéréotypes. Pour une raison mystérieuse, c'est valable en particulier pour les Allemands : « Elle ressemblait vraiment à une Allemande telle qu'on se les imagine, avec de longs cheveux blonds, des yeux bleus, un corps plaisant et ferme, de gros seins. » Et, ailleurs : « Il correspondait parfaitement à l'image qu'on peut se faire d'un grand patron, et plus précisément d'un grand patron allemand. » Du coup, quand surgit une Danoise nommée Birgit, présentée comme « très antiraciste », « vivant avec un Jamaïcain », et que l'un des personnages embauche dans son entreprise dans l'idée de la draguer, on est un peu surpris de ne pas lire une description du genre : « Elle avait toutes les caractéristiques de la Danoise telle qu'on se la figure habituellement, grande, mince, les cheveux très blonds », etc. Mais le procédé aurait sans doute fini par devenir un peu voyant. Le préjugé s'applique aussi, naturellement, aux diverses peuplades étrangères que le héros est amené à côtoyer ou à évoquer. Les musulmans, qui ont une « réaction violente programmée dans leurs gènes », déferlent sur nos contrées telles des hordes barbares. Par ailleurs, le roman nous apprend que « les Thaïs sont parfois très superstitieux, encore plus que les Chinois » ; qu'« avec les Africains, il n'y a jamais de problèmes. Ils baisent même gratuitement, y compris les grosses » ; et quand un Italien drague la compagne du héros, on lit : « C'est ça qui est bien avec les Italiens, au moins ils sont prévisibles ». À vrai dire, ils ne sont pas les seuls. Le monde entier, chez Houellebecq, est follement prévisible. Il ne lui est laissé aucune chance de démontrer qu'il peut être autre chose qu'un cliché. Ici aussi, comme à la télévision, les jeux sont faits d'avance.
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"La publicité est une parole prophétique dans la mesure où elle ne donne pas à comprendre ni à apprendre, mais à espérer."
Jean Baudrillard
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"La technique spectaculaire n'a pas dissipé les nuages religieux où les hommes avaient placé leurs propres pouvoirs détachés d'eux: elle les seulement reliés à une base terrestre qui devient opaque et irrespirable. Elle ne rejette plus dans le ciel, mais elle héberge chez elle sa récusation absolue, son fallacieux paradis. Le spectacle est la réalisation technique de l'exile des pouvoirs humains dans un au-delà; la scission achevée à l'intérieur de homme."
Guy Debord
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