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3,89

sur 146 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un roman publié en 1899 qui fit scandale en son temps ...une écriture magnifique, une construction magistrale, une belle densité émotionnelle qui nous parle encore maintenant, un art de la suggestion qu'on devrait enseigner à tous les apprentis écrivains, et pourtant dans l'ambiance moite de cet été de Louisiane , au bord de l'océan, où démarre le roman, les passions sont torrides derrière les éventails.

L'auteure, une américaine de Louisiane nous emmène chez elle, dans une bonne société créole d'après la guerre civile qui s'est adaptée à la nouvelle économie. On parle français ou anglais, on lit des auteurs européens, Emerson aussi. On écoute Chopin ou Beethoven.
C'est l'histoire d'une émancipation individuelle, une prise de conscience douloureuse. A la faveur d'un nouvel amour, Edna découvre que le mariage est une prison qui l'étouffe, la maternité aussi. Elle cherche alors à s'affirmer comme femme et artiste.

C'est une écriture simple et dépouillée qui va droit au but dans ce portrait d'une femme torturée par sa conscience aiguë de son inadaptation aux conventions de son monde. On sent sa dépression latente qui émerge de son difficile combat solitaire pour exister entièrement, corps et esprit, à être aussi libre que son amie pianiste. On passe par toutes sortes d'émotions . On sent aussi le désarroi des hommes formatés dans une logique de possession. On perçoit quelques nuances de cette société métissée de différents peuples, où l'on parle un Français dans de multiples accents, La réserve anglo-saxonne qui s'oppose à l'exubérance latine...

Certains trouvent des parentés avec d'autres grands romans européens de cette époque qui exploraient la condition féminine et nous ont livré des héroïnes sublimes et tragiques. Celui-ci va plus loin . Edna veut échapper à toute tutelle masculine .
Un beau texte fluide qui nous questionne encore par delà le temps et l'océan.
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Kate Chopin est assez méconnue en France. C'est d'ailleurs un peu par hasard que j'étais tombée sur son nom. Ce manque de notoriété est bien regrettable lorsqu'on voit la qualité de son roman « l'éveil ».

« L'éveil » a beaucoup été comparé à « Madame Bovary » de Flaubert. Il est vrai qu'on peut y voir un cousinage. Deux portraits de femmes finalement mal adaptées à leur époque, tentation de l'adultère, fin malheureuse, style réaliste. Mais malgré ces ressemblances, les deux romans sont tout de même assez dissemblables. J'ai trouvé que la tonalité des deux romans étaient très différentes. D'une part, cela est dû au contexte géographique. Dans « Madame Bovary » on est dans l'austérité d'une ville de province française tandis que dans « l'éveil » on est plongé dans le climat si singulier de la Louisiane. J'ai trouvé également que l'inadéquation des deux femmes à la société s'exprimaient de façon très différentes. J'ai toujours eu le sentiment qu'Emma Bovary se lançait à corps perdu dans l'adultère et dans la frivolité d'achats compulsifs, poussée par le désespoir. Au contraire, dans « l'éveil », Chopin dresse le portrait d'une femme qui se découvre une envie de vivre pour elle-même. Ainsi, si Edna se laisse tenter par l'adultère, il m'a semblé que ce n'était pas par désespoir mais parce que son corps et son coeur s'éveillent au désir. Emma Bovary est insatisfaite de son existence sans savoir ce qu'elle aurait voulu. Edna, au contraire, comprend peu à peu le genre de vie qu'elle aurait aimé connaître et si elle comprend également qu'elle n'aura pas droit de goûter à cette existence rêvée elle semble trouver une forme de satisfaction à avoir ressenti ces désirs, ces envies. Ces différences de ton se retrouvent même dans les dénouements.

Le roman de Kate Chopin est tout à fait remarquable. La peinture de la société créole de la fin du XIXème siècle est subtile et délicate. Un peu frivole, cette bonne société a des apparences de liberté, les femmes, même mariées, pouvant sans crainte du qu'en dira-t'on se trouver en compagnie d'hommes. Mais cette liberté n'est qu'apparence. Si les femmes ont le loisir de profiter de cette frivolité, elles sont malgré tout soumises à l'autorité masculine, que ce soit leurs pères ou leurs maris. Subtilement évoquée, l'évocation de cette prison féminine ouatée est frappante.
Les personnages féminins sont remarquablement caractérisés. En tête, bien sûr, Edna dont les doux tourments sont évoqués avec beaucoup de justesse. Ses pensées sont disséquées avec finesse et de façon très vivante. Les autres personnages féminins sont tout aussi intéressants. Mme Ratignolle incarne la femme modèle selon les critères de l'époque, mère et épouse dévouée qui ne vit qu'à travers son foyer. A l'opposé, Melle Reisz vit comme elle l'entend, dit ce qu'elle pense, ne se soucie pas de ce qu'on pourrait penser d'elle. Cette liberté a un prix. Sans être ostracisée, elle est largement critiquée.
Tandis que les portraits féminins sont fouillés, les personnages masculins intéressent moins Kate Chopin. C'est tout à fait volontaire et permet de se focaliser sur le sujet même du roman, la condition féminine. Ainsi, les personnages masculins sont réduits à l'état d'esquisses et certains sont assez interchangeables.

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture. La façon de traiter le sujet m'a captivée et j'ai été charmée par l'écriture de Kate Chopin. Je suis d'ailleurs ravie qu'un recueil de nouvelles de l'auteure m'attende déjà dans ma PAL.
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Un livre intimiste et profond sur fond de féminisme et d'éveil des sens. Quel dommage que ce soit le seul roman de Kate Chopin...
Edna Pontellier est une jeune femme mariée, maman de deux jeunes garçons. Elle a une vie confortable, un mari gentil mais souvent absent pour affaires. Elle s'ennuie. Elle tombe amoureuse d'un autre homme et se pose des questions sur sa condition de femme... Tout bascule et tout se bouscule dans son esprit et dans sa vie

Un coup de coeur ! Pour moi une oeuvre magistrale de la littérature féministe. Edna Pontellier, l'héroïne de ce roman est plus que convaincante. L'écriture de Kate Chopin est précise, fine et remarquablement sensible. C'est un livre qui s'adresse autant aux hommes qu'aux femmes, car Kate Chopin n'écrivait pas contre les hommes, mais pour l'émancipation et la liberté des femmes.
Cette auteure ne connait le succès que depuis quelques années, mais encore trop peu en France à mon avis. Si je peux, par cette simple critique, contribuer à la faire connaître davantage, j'en suis ravie !
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Un très court roman qui se déguste avec délectation, un verre de citronnade bien fraîche à la main.
Edna est jeune, jolie et mariée, elle a un mari gentil bien que souvent absent, deux petits garçons en parfaite santé mais voilà, elle s'ennuie. Alors, pour lutter contre ce vide qu'elle ressent, elle va céder aux avances d'un homme.
Cela la rendra t'-elle enfin heureuse ? Pas sûr…
Un "Emma Bovary" version Louisiane, avec des jolies robes en mousseline, du thé glacé, des terrasses ombragées l'après-midi, un soleil brûlant et des corps moites...
Ce très court roman nous emmène loin d'ici, dans un endroit où le temps semble figé sous une chape de chaleur et où l'héroïne semble complètement perdue dans sa vie trop parfaite.
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Du Jane Austen avec une grosse touche de féminisme. C'est un roman magnifique qui m'a profondément marqué et fait réfléchir à la liberté, l'émancipation des femmes, le bonheur personnel. Très bien écrit, l'atmosphère de la Louisiane est très présente et magnifiquement retranscrite.
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Quelle belle lecture que celle de « L'éveil », de Kate Chopin ! Grand classique de la littérature américaine, il reste peu connu de par chez nous, et cela est bien dommage, tant son récit d'émancipation féminine allié à une écriture fine et touchante en font un petit bijou.
Nous sommes dans la Louisiane du XIXème siècle. Les épouses trompent leur ennui lors de séjours en bord de mer, où les nounous s'occupent des enfants pendant que les mères badinent avec ceux qui les entourent. C'est ainsi que la belle Edna se lie avec Robert, le fils de son hôte. Tout d'abord sans ambiguïté, cette relation prend sans crier gare une autre tournure, et sort alors la jeune femme de sa torpeur…
Roman féministe bien avant l'heure, ce livre porte très bien son nom, en nous décrivant l'éclosion d'une femme libre dans une société patriarcale et puritaine. Tout d'abord résignée, Edna prend peu à peu conscience de sa condition, et décide alors de s'affranchir des codes pour se révéler. C'est peu de dire que le roman a fait scandale à sa sortie, et a même contraint son auteure à abandonner l'écriture. J'ai adoré le cadre de l'intrigue, dans ce Sud nonchalant et cultivé que j'avais tant aimé découvrir il y a vingt ans.
Bref, un beau coup de coeur.
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Edna Pontellier ne répond pas aux attentes de la société de la fin du 19è siècle : elle n'est pas considérée comme une mère dévouée, poursuit des rêves de romance avec d'autres hommes que son mari. Elle se sent enfermée et oppressée. Entravée par ses obligations maritales et familiales.
Peu à peu, Edna va laisser plus de place à ses émotions, à ce qu'elle ressent. A elle-même tout simplement. Elle va se donner le droit de s'évader, grâce à la peinture par exemple. Au fur et à mesure, Edna va oser affirmer ce dont elle a envie et tenter de prendre sa vie en main.

Kate Chopin était définitivement en avance sur son temps en osant dévoiler ici ce besoin d'émancipation de la femme. Sans vouloir révéler complètement une partie de l'oeuvre, un élément fait fortement écho à A Room of One's Own de Virginia Woolf, qui sera pourtant publié 30 ans plus tard, quant à la nécessité d'avoir un lieu à soi, pour s'émanciper, pour créer, loin des conventions, de la pression sociale et des contraintes patriarcales.

J'avais commencé The Awakening il y a plusieurs années, puis je l'avais abandonné sans me souvenir pourquoi. Comme l'une de mes résolutions pour 2021 est de lire les livres qui sont restés depuis bien trop longtemps sur les étagères de ma bibliothèque, il a bien fallu que je laisse une seconde chance à Kate Chopin. Je suis ravie de l'avoir fait, c'est une lecture que j'ai beaucoup appréciée tant sur le fond que la forme.
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Après avoir lu un roman pareil dès le début de l'année, je doute d'en retrouver un aussi bon de sitôt ! Mais aussi, mon histoire personnelle me mène à trouver nombre d'affinités avec le personnage d'Edna, cette femme qui s'éveille à la vie et à sa conscience personnelle à une époque et dans un milieu où c'était loin d'être évident. Ce livre est une perle à lire absolument.
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Dans la Louisiane du XIXe siècle, à la Nouvelle Orléans, Edna, jeune mère de famille âgée de vingt-huit printemps coule une existence sereine ponctuée par des soupers mondains, des promenades sur la plage en compagnie de ses enfants. En apparence, son existence est idyllique. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le prénom d'Edna vient d'Eden, nom du paradis où vécurent jadis Adam et Ève. Toutefois, en dépit de son quotidien sans histoire que beaucoup pourraient lui envier, Edna est en proie à une lassitude ; elle éprouve le sentiment que quelque chose lui échappe. Ni son époux, pas plus que ses amis, ne peuvent l'aider, encore moins la comprendre. Heureusement, notre héroïne trouve toutefois du réconfort dans la peinture. Edna est souvent plongée dans un état d'apathie lorsque son époux ou même ses enfants sont auprès d'elle. C'est alors que surgit soudainement dans son existence un nouveau visage jeune, au caractère impétueux et déterminé. Il lui plaît. Edna vit alors une renaissance, une révélation, et sort d'une longue torpeur. Elle prend conscience qu'elle a laissé filer les plus belles années de sa jeunesse. Qu'à cela ne tienne, il n'est pas trop tard pour rattraper le temps perdu: qu'est-ce que la vie au fond? Un long chemin ponctué de rencontres et de séparations. Il suffit de prendre provisoirement congé de la société. Mais comment faire dans un microcosme où vous êtes constamment observée, où l'on jase sur les visites que vous faites? Edna étouffe, et de ce fait, ce jardin d'Eden est une prison. Certes, son existence est impeccable : son mari est un homme très aimable, ses enfants sont vifs et d'une compagnie délicieuse, mais la Louisiane est terriblement enracinée dans le passé. Après tout, Edna n'a pas été libre de faire son choix lorsqu'elle a épousé Léonce Pontellier: les événements se sont déroulés à toute vitesse.

L'éveil est un très court roman qui suscita un vif scandale à sa sortie. Nombreux furent les critiques qui condamnèrent l'attitude d'Edna. Lorsque j'ai découvert ce roman et que je me suis documenté à son sujet, j'ai constaté que beaucoup de lecteurs dressaient des parallèles avec Madame Bovary de Gustave Flaubert. Certes, l'attitude de l'héroïne peut nous rappeler Emma. En revanche, la diégèse de l'oeuvre n'a rien à voir avec la vie provinciale à Yonville. D'autre part, l'attitude d'Emma Bovary découle d'un désenchantement, tandis que celle d'Edna est déterminée par le retour d'espoirs et d'attentes qui sommeillaient au plus profond de sa conscience. En effet, à l'inverse de Madame Bovary, Edna n'a pas grandi isolée du monde dans un couvent avec pour seule fenêtre sur le monde des romans à l'eau de rose portés par une lavandière. Edna a été traitée comme un pion, un ornement par la société, et veut sortir de ce schéma monotone. Elle revendique le droit de disposer d'elle-même et de ses choix comme elle l'entend. le dénouement, bien qu'ambigu, est assez prévisible, mais ce qu'il symbolise est frappant. Lorsque vous refermerez ce livre, vous sortirez éberlués de votre lecture.
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Louisiane, fin du XIXe siècle : une jeune femme mariée et mère de famille s'éveille à la liberté. Plus lucide qu'Emma Bovary, moins contrainte que la Princesse de Clèves, Edna Pontelier est une héroïne exemplaire. Jugé scandaleux à sa publication en 1899, ce roman est devenu un classique des Lettres américaines. La description des moeurs de la bonne société y est bousculée par le portrait d'une femme qui sort du cadre, petit à petit puis de façon radicale. Sans qu'elle puisse toutefois devenir une "icône" féministe car sa fin tragique est sans fracas. C'est l'éveil d'une conscience, d'une liberté, d'une jeune femme de chair et d'esprit. Servi par un style où le classicisme, vibrant de sensualité, fait miroiter les multiples facettes d'une conscience en mouvement.
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