Je ne sais pas s’il est complètement normal d’aimer une personne un jour et de la détester le lendemain. Même si ce n’est pas vraiment ça. J’ai plus l’impression que mes ressentis sont susceptibles de changer en un claquement de doigts.
Les gens disent toujours que la colère brûle, mais pour moi, elle est plutôt glaçante.
C’est pareil quand on quitte le lycée. On se met à fréquenter des gens qui ont les mêmes hobbys que nous, par exemple. Ou sur Internet. Une nana du bahut a rencontré sa meilleure amie et son mec grâce à un forum sur son groupe préféré.
Ce n’est finalement pas si terrible que ça, si on se concentre sur ce qu’elle raconte en oubliant le reste. Je finis même par m’amuser. Parce que c’est plutôt sympa que quelqu’un s’intéresse ainsi à vous, vous interroge sur vos sentiments et vos opinions. Ça donne l’impression d’exister.
Une fille qui a subi des mauvais traitements réguliers durant tant d’années est incapable de réintégrer le foyer familial comme si de rien n’était.
Même lorsque ça paraît positif, ça ne l’est jamais. Au fond, c’est souvent pire : ça donne de l’espoir et, ensuite, ça le laisse retomber de toute sa hauteur et s’écraser contre le bitume.
Thomas n'est pas exactement du genre sportif. Il préfère se considérer comme un artiste torturé. Il dessine, rédige des poèmes et boit beaucoup plus de café que de raison.
Elle me demande si je ne me suis jamais sentie négligée, ou ignorée par mes parents suite à la disparition de Laurel. Je réponds la vérité : si, en permanence.
- Désolée ! J'ai oublié qu'on n'a pas le droit de critiquer les gens comme elle. Les "victimes". Ça doit être assez cool, en fait, comme statut. C'est un peu comme de gagner un passe gratuit pour se comporter comme une connasse jusqu'à la fin de ses jours, t'en penses quoi ?
Je sais que je devrais défendre ma sœur. [...] Mais c'est vraiment réconfortant de parler à quelqu'un qui ne considère pas Laurel comme une putain de sainte, pour une fois. Un vrai bol d'air frais au milieu de la puanteur fétide de ma nouvelle vie.
Je passe le bras autour des épaules de Laurel pour l'attirer plus près. Elle m'attrape par la taille, puis nous collons nos têtes l'une contre l'autre. Sincère et rayonnante, je souris franchement malgré mes dents du bonheur.
Moi et ma sœur, enfin réunies.