Je ne suis pas en rogne contre toi, mon pauvre vieux. T'es embarqué sur la même galère pourrie que moi. J'suis en rogne contre les salauds qui nous ont foutus dans ce pétrin. Et puis, je suis en rogne contre moi qui ai été assez con pour marcher. Il faut bien dire que c'est rien d'autre que le pognon qui pourrit tout; C'est l'pognon qui leur fait faire ce trafic. Et c'est encor ele pognon qui nous a poussés à signer avec eux.
- Eh bien, fait Poilard, y te répondrait que trois lardons de plus ou de moins dans un bled où ils en fabriquent à la pelle, ça changera pas la face du monde.
C'est vrai que le monde est plein d'ordures, mais je commence à penser que le bosco a raison quand il prétend que les plus puantes sont les hommes ! (p.158)
Je n'ai pas d'argent. Ma richesse, c'est ma vie. Je ne veux pas la perdre. (p.142)
Dans la maison au toit de chaume, le petit garçon a beaucoup souffert. Brûlé, empoisonné, il était devenu presque aveugle et d'une effrayante maigreur. Durant des semaines, son corps est resté enflé et couvert de plaies purulentes. Ce matin, alors que le soleil se levait derrière la montagne d'où coule le ruisseau qui traverse le jardin, l'enfant est mort en silence. Sur la plage encore sale, l'océan respirait doucement. Quand le petit a poussé un dernier gémissement de douleur, un fou de Bassan a traversé le ciel au-dessus du toit de chaume en lançant un "arak" rauque pareil au râle d'un vieillard à l'agonie. Le grand oiseau blanc s'en allait vers le large pour plonger où la vague est redevenue claire.
L'écologie, mon pauvre ami, c'est un fanatisme. Bon ou mauvais, il est comme tous les fanatismes.
En France, t'as ce qu'on appelle la politique du retrait. La pêche se vend plus, tu la portes à des fonctionnaires qui te la paient tant le kilo, on balance ça à la décharge et on arrose de fuel pour pas que les fauchés viennent se servir à l'œil. (p.99)