Cargo pour l'enfer est un livre atypique dans l'oeuvre de
Bernard Clavel.
On est ici bien loin de la vie rurale chère à l'auteur et tant de fois célébrée de façon magnifique dans ses romans.
Ici, tout se passe en mer : comme l'indique le titre, nous sommes embarqués sur un cargo. Mais quel cargo ! Tout est sale, tout est laid, tout est nauséabond sur cette épave flottante porteuse de mort. le bateau transporte en effet des produits hautement toxiques, et se fait refouler de port en port, personne ne voulant des risques et problèmes liés à cette effrayante cargaison.
Bernard Clavel ne ménage pas son lecteur, certains passages m'ont littéralement donné la nausée. Et c'est tant mieux, car le sujet mérite malheureusement ce traitement de choc. Écrit il y a plus de vingt ans,
Cargo pour l'enfer est toujours, voire encore plus, d'actualité. Car à travers ce bateau tragique, Clavel dénonce plus généralement toutes les horreurs que notre "civilisation" fait subir à la nature, sans que les hommes prennent conscience qu'ils ne peuvent pas vivre sans elle. Clavel lance un cri d'alarme sur l'état de la mer, et au-delà sur celui de notre planète entière.
L'équipage qui tente de survivre sur le cargo force l'admiration. Ces hommes qui continuent leur devoir de marins, alors que les portes se ferment les unes après les autres devant eux m'ont émue au plus haut point. Je veux ne pas y voir une préfiguration de notre avenir à tous, sur une planète devenue inhabitable par notre faute. Oui, ce cargo va tout droit en enfer, à nous de faire en sorte que ce ne soit pas le cas de l'humanité tout entière.
Lisez ce livre fort, mais attention, vous en ressortirez ébranlés.