Les bons comptes font les bons amis.
L'aube tirait lentement quelques voyageurs de leur sommeil. Pelotonnés dans la tiédeur accumulée pendant des heures, ils demeuraient immobiles. Le froid, visible partout, attendait le moindre geste pour se glisser sous les vêtements.
Les Indiens qui venaient s’approvisionner à la ville, les trappeurs, les coureurs de bois et bon nombre de personnes d’âge hochaient la tête en affirmant que l’homme avait, en inventant le moteur, mis fin à un monde que rien jamais ne remplacerait.
— À force de vouloir toujours aller plus vite, c’est sa propre mort que ce monde fou finira par rattraper.
non. pas moi
comme piqué au coeur, le prêtre porta sa main à sa poitrine et recula d'un demi-pas
une fois le convoi reparti, on se rendait visite d'un compartiment à l'autre. Des liens se tissaient rapidement. Les malheurs endurés composaient un bon mortier de sympathie. Tous venaient des villes, tous avaient perdu leur emploi et connu la faim. bon nombre d'entre eux avaient côtoyé misère plus grande encore que la leur
— À force de vouloir toujours aller plus vite, c’est sa propre mort que ce monde fou finira par rattraper.
À l’autre bout de la pièce, la vieille ronflait. On eût dit que chaque respiration était la dernière. Elle avait, dans la manière d’aspirer l’air, des à-coups inquiétants.