Citations sur Les bannis et les proscrits, tome 1 : Le feu de la so.. (95)
"La sor'cière nous attire tels des papillons vers une flamme."
Des lances de foudre zigzaguaient dans le ciel nocturne, illuminant les ténèbres de brèves explosions aveuglante.
"Telle une cascade purifiante, la lumière qui se déversait sur lui le lavait de sa honte."
Consignés à l'encre noire sur un parchemin, les mots sont le paradis des insensés.
La légion a été formée ; le chemin, tracé.
Le sombre périple commence demain.
Qui était-elle ?
Qu’était-elle devenue ?
Des bottes apparurent devant ses mains. Er’ril s’agenouilla et lui souleva le menton. Ses doigts étaient tièdes sur la peau d’Elena. La magie de la jeune fille l’avait glacée jusqu’à la moelle.
Il l’attira contre sa poitrine et ne dit rien.
Aucun mot n’aurait pu apaiser les tourments de son cœur.
La rage et la souffrance crispèrent son visage. La mort, qui lui avait été refusée pendant des siècles, se trouvait enfin à sa portée. Durant sa longue existence, il l’avait souvent appelée de tous ses vœux ; il avait aspiré à l’ultime délivrance, au repos éternel. Mais plus maintenant. Des gens comptaient sur lui : Elena, Boln et même De’nal. Il se rebellait contre sa propre fin.
Tandis qu’elle flottait dans un lieu vide de pensée et dénué de substance, une lumière crût dans les ténèbres. Non, réalisa-t-elle. La lumière ne grandissait pas ; c’était elle qui s’en rapprochait, piquait vers elle telle une hirondelle regagnant son nid. Le rayonnement ne venait pas d’apparaître : il avait toujours été en elle.
La voix d’Er’ril lui parvint, infiniment lointaine.
- Maintenant, ouvre les yeux et montre-nous. Montre-nous ta flamme, Elena.
- Votre sort ne me concerne pas, railla Méric, employant les mêmes mots et jusqu’à la même inflexion dédaigneuse que le montagnard quelques instants plus tôt. (Il recula d’un pas.) Mais je vais vous offrir quelque chose pour vous aider…
Kral attendit, les sourcils froncés et le front barré par un pli orageux.
Méric eut un sourire qui ne monta pas jusqu’à ses yeux.
- Je vous offre mes meilleurs vœux.
- Je me moque de ce que racontent les devins, coupa Kral. Bien souvent, ils ont la langue fourchue. Seule la Pierre dit la vérité ; seule la Pierre s’exprime franchement et sans détour.
L’éclat du cristal de Tol’chuk s’était terni. L’og’re le rangea dans sa sacoche.
- Je suis d’accord avec le montagnard, déclara-t-il, un rictus amer tordant ses lèvres. Les oracles ne s’expriment pas toujours très clairement.
- Et une fois versé, le sang des innocents ne peut leur être rendu, ajouta Kral. Cette enfant n’a commis aucun crime qui mérite la mort. Je la jugerai à ses actions, et non à une prophétie faite par-delà les mers.