Dans la rue Ondine titubait. Henry la prit dans ses bras et elle se serra contre lui avec la tendresse désemparée d'une enfant.
Les bras du jeune homme, son torse, la douceur de son pull, c'était si rassurant ...
(sa première fois, elle a 18 ans avec un homme d'expérience choisi par Mme Claude)
D'un geste ferme et lent, les mains m'écartèrent largement les cuisses. Je ne songeai même pas à résister.
Quelque chose de très doux se posa sur mon sexe.
Etait-il possible d'inventer quelque chose de plus doux ?
Il me caressa longuement de sa bouche. Je restai les bras en croix, offerte.
Délicatement ses doigts m'ouvrirent, puis se frayèrent un chemin en moi.
C'était étourdissant. Je ne comprenais plus mon corps qui attendait quelque chose, mais je ne savais pas quoi. (p.162 suite p.163)
Je n'avais certes pas un sou vaillant, mais je ne m'en inquiétais pas.
Je m'en inquiétais d'autant moins que, dans les années 1970, l'argent n'était pas encore devenu une valeur suprême.
Ce fut la seule décennie de ce siècle où il fit bon être pauvre.
Une éclipse bénie entre le consumérisme triomphant des années 1950 et le retour du matérialisme sauvage des années 1980, summum de la vulgarité esthétique et morale.
Ondine avait hérité des sautes d'humeur de sa mère.
Une minute, elle avait l'air d'un oisillon tombé du nid, celle d'après, d'une rascasse prête à mordre.
Une seconde d'inattention et les piranhas de la douleur fondaient à nouveau sur son ventre et son coeur pour y infliger mille morsures.
A dix-sept ans, au début des années 1970, j'avais donc mon studio et toujours ma virginité, mais pas encore le moyen de payer l'un, ni celui de me débarrasser de l'autre.
Pour limiter le temps que j'y consacrais, j'imaginai un questionnaire de Narcisse :
Votre premier souvenir
Le moment le plus heureux de votre enfance
De votre vie
Votre heure de gloire
Le souvenir qui vous fait encore honte
Votre plus belle qualité
Votre plus charmant défaut
Ce que vous préférez de votre personnalité
Ce que vous préférez de votre corps
Votre juron
Ce que vous chantez le matin
Ce que vous achetez les jours de déprime
Votre doudou
Votre péché mignon
La caresse dont vous ne sauriez vous passer
Le seul moyen de connaˆitre l'amour inconditionnel sur cette terre, ce n'est pas de l'attendre, c'est de le donner.
On n'est jamais serein dans la vie. Etre serein, c'est être mort. A partir du moment où tu auras plus à perdre qu'à gagner, tu seras foutue.
L'amour, cet opium des femmes. Ce narcotique bon marché avec lequel on endormait depuis des siècles nos velléités d'indépendance.