J'ai lu ce roman d'une traite. Il s'agit d'une succession de petits tableaux de la vie d'une femme d'une quarantaine d'années.Mère de 3 enfants, cette illustratrice qui travaille à son domicile, tente de mener sa barque, sans faire chavirer l'équipage dont elle a la charge.
Entre un fils ainé qui a raté son bac, et s'enfonce dans une sorte de léthargie chronique, une fille de 16 ans qui doit passer le bac français à la fin de l'année, mais qui semble obnubilée par l'image qu'elle donne d'elle même et une petite dernière, de douze ans, écolo surveillant la qualité nutritionnelle des repas familiaux, le quotidien peut vite devenir éprouvant. Toute mère de famille peut aisément se projeter dans le portrait que nous propose
Valérie Clo.
Ce livre n'est pourtant pas le cri de révolte d'une mère totalement submergée. Non, c'est une bouffée d'oxygène. On la sent au bord de la crise de nerfs, peut-être même au bord d'un gouffre, la dépression mais elle s'accroche comme elle peut. C'est ce qui est si drôle et qui nous la rend si attachante. Elle nous ressemble... Ses ambitions sont simples. Elle rêve par exemple de repas plus sereins, où personne ne ferait la gueule, de chambres rangées, ou encore que son fils rencontre une fille qui réussira à le motiver. Il lui arrive de fermer l'oeil sur ce qui cloche, parce qu'elle voudrait simplement avoir la paix pour rendre son travail. Elle oscille entre lucidité, faiblesse, pessimisme, abnégation, courage. Bref cette femme est humaine, faillible et pourtant c'est une super-woman anonyme du quotidien
J'ai croqué ce roman à belle dents, comme on commence un repas en grignotant quelques radis. du fait qu'il n'est pas découpé en chapitre, je ne me suis pas arrêtée. Cette suite de chroniques est rafraichissante ; surtout que le ton enlevé du début ne retombe jamais. Pas de baisse de régime.
J'aurais parfois aimé que l'auteur prenne un peu de hauteur et approfondissent l'angoisse de la mort et la peur de vieillir qui étreint cette mère de famille au point qu'elle se rende aux urgences. Son parti pris est la légèreté et c'est sans doute mieux ainsi. Peu importe finalement, car je n'ai boudé ce plaisir sans prétention.