Ça se gâtait, en effet. Nous étions sous des nuages encrés qui, de nouveau, roulaient les uns sur les autres. Tombant en diagonale, les rayons qui parvenaient à percer se transformaient en lames d'or pur. De là, on voyait bien que la côte était râpée, qu'aucun arbre ne pouvait tenir, que les deux baies...essuyaient en permanence les vents...
Dehors derrière le grillage, le lot des ruches qui nous étaient allouées s'alignait devant les massifs de fougères_plus exactement, la lande défrichée s'arrêtait là pour reprendre ensuite, vigoureuse et farouche, derrière la parcelle d'où rayonnaient des sentiers.
Le temps avait ses humeurs, il pouvait être délicat ou belliqueux, nous n'obéissions jamais qu'à l'Iroise et aux orgues du vent. Mais, grâce à cet isolement, Ouessant restait cet endroit hors norme, entier et rude. Une pierre brute à la brassée des eaux...