Citations sur La couronne des sept royaumes, Tome 1 : Le complot de.. (15)
À la mention de son nom complet, Cadel se raidit. Jedrek lui-même l’ignorait. Il avait tout fait pour le laisser derrière lui lorsqu’il avait quitté sa maison dans le sud de Caerisse, seize ans plus tôt, jusqu’à organiser sa propre mort et laisser croire à sa famille qu’il était parti pour le Royaume du Dessous. Un assassin ne pouvait se permettre d’avoir un passé ou un nom, surtout un dont on pouvait retrouver la trace. Il l’avait donc effacé. Jusqu’à ce jour, il avait été certain d’y être parvenu.
L’esprit est le premier à vieillir mais le dernier à mûrir.
C’était une chose d’être prudent ; c’en était une autre que de se laisser guider par la peur. C’était aussi dangereux que de ne prendre aucune précaution. Était-il possible d’attirer l’attention par un excès de discrétion ?
-Avez-vous l'intention de vous moquer de moi jusqu'à la fin de la soirée ? lui demanda-t-il avec un léger sourire.
-Devrais-je arrêter lorsque la soirée sera terminée ?
Un vieux proverbe qirsi disait : « Le traître avance toujours en solitaire. » Comme il fallait s’y attendre, Carthach, haï par les siens, ne fut jamais véritablement accepté parmi les Eandi. Ils lui donnèrent or et asile, ainsi qu’ils s’y étaient engagés, mais il vécut le reste de sa vie en exilé, sans amis, sans amour et dans le mépris le plus total.
Petit à petit, la douleur commença à s’estomper, comme sa mère, son oncle et tout le monde le lui avait dit. Mais le réconfort qu’il tirait des possessions de son père ne s’était, lui, jamais atténué. S’entraînant avec son épée, il avait le sentiment que son père lui apprenait à la manier. Chassant avec son arc, il avait l’impression que son père traquait avec lui le sanglier ou le cerf. Assis sur sa selle, il éprouvait le bonheur de sa présence.
- Moi, je préfère les grandes cités, intervint Trin. D'abord, Grinsa fait presque tout le travail et puis je dois dire que la nourriture et les soldats sont plus à mon goût.
Cresenne, perplexe, l'observa puis elle comprit et baissa les yeux en rougissant.
- Ah, tu ne connaissais pas mes penchants ? toutes mes excuses, ma chère. Je croyais que c'était un lieu commun.
Grinsa sirotait sa bière sans les regarder. Le malaise de Cresenne était palpable et les excuses de Trin parfaitement hypocrites. Il adorait la provocation. C'était un autre lieu commun.
Ici, dans les régions Nord des Terres du Devant, on disait que le vin convoyait l'esprit de Bohdan, le dieu du rire et des festivités. Mais au Sud, à Caerisse, Sanbira, et même Aneira, où les gens savaient vraiment faire et boire le vin, on l'appelait le nectar d'Adriel, la déesse de l'amour.
" Les rois livrent leurs guerres, disait un ancien proverbe, et les marchands leurs marchandises." Une sagesse qui, de toute évidence et comme tout le reste, s'arrêtait au pied des montagnes de Basak.
- Que Bian l'emporte ! Ses yeux et ses cheveux sont qirsi mais le sang qui coule dans ses veines est eandi.
Cette accusation remontait aux guerres et à la trahison de l'armée qirsi par Cartach. Contre de l'or et la promesse d'un asile sûr pour lui et ses soldats, cet officier qirsi avait livré aux habitants des Terres du Devant les clefs pour vaincre la magie qirsi. Que son peuple y eût encore recours, qu'elle puisse être prononcée avec un tel venin, attristait profondément Grinsa.