Citations sur La couronne des sept royaumes, Tome 1 : Le complot de.. (15)
Ici, dans les régions Nord des Terres du Devant, on disait que le vin convoyait l'esprit de Bohdan, le dieu du rire et des festivités. Mais au Sud, à Caerisse, Sanbira, et même Aneira, où les gens savaient vraiment faire et boire le vin, on l'appelait le nectar d'Adriel, la déesse de l'amour.
Tu pourrais au moins m'offrir la courtoisie de faire semblant d'écouter. Ce n'est certainement pas aussi fascinant que tes rêveries mais je suis certain que c'est aussi important.
-Avez-vous l'intention de vous moquer de moi jusqu'à la fin de la soirée ? lui demanda-t-il avec un léger sourire.
-Devrais-je arrêter lorsque la soirée sera terminée ?
La musique possédait le double pouvoir de l'apaiser et de l'exalter. Elle lui offrait une délivrance, une extase qui, sous bien des aspects, rejoignait celle de l'amour.
L'esprit est le premier à vieillir mais le dernier à mûrir.
Les quelques heures passées avec elle lui avaient suffi à l'aimer, comme si Adriel l'avait guidé vers elle.
- Je suis désolé, murmura-t-il espérant qu'elle l'entende. J'ignore ce qui s'est passé, mais je suis désolé.
Elle méritait ses larmes. Si seulement il avait pu lui en offrir.
" Les rois livrent leurs guerres, disait un ancien proverbe, et les marchands leurs marchandises." Une sagesse qui, de toute évidence et comme tout le reste, s'arrêtait au pied des montagnes de Basak.
Ils rirent et s'embrassèrent une seconde fois. Un bâillement inopiné de Cresenne vint toutefois interrompre leur baiser.
- Excuse-moi, fit-elle en riant. Je suis épuisée.
- Bâiller pendant un baiser, remarqua Grinsa le front plissé, surtout le premier...
- Le second, le corrigea la jeune femme en gloussant.
- Si tu veux, mais c'est une terrible insulte pour un homme.
- Tu as raison, reconnut-elle en essayant vainement de contrôler son rire, je suis affreusement désolée.
- Que Bian l'emporte ! Ses yeux et ses cheveux sont qirsi mais le sang qui coule dans ses veines est eandi.
Cette accusation remontait aux guerres et à la trahison de l'armée qirsi par Cartach. Contre de l'or et la promesse d'un asile sûr pour lui et ses soldats, cet officier qirsi avait livré aux habitants des Terres du Devant les clefs pour vaincre la magie qirsi. Que son peuple y eût encore recours, qu'elle puisse être prononcée avec un tel venin, attristait profondément Grinsa.
- Moi, je préfère les grandes cités, intervint Trin. D'abord, Grinsa fait presque tout le travail et puis je dois dire que la nourriture et les soldats sont plus à mon goût.
Cresenne, perplexe, l'observa puis elle comprit et baissa les yeux en rougissant.
- Ah, tu ne connaissais pas mes penchants ? toutes mes excuses, ma chère. Je croyais que c'était un lieu commun.
Grinsa sirotait sa bière sans les regarder. Le malaise de Cresenne était palpable et les excuses de Trin parfaitement hypocrites. Il adorait la provocation. C'était un autre lieu commun.