S'il convient d'éviter toute généralisation hâtive et de considérer que l'effet Veblen n'est pas nécessairement le premier motif d'achat de l'ensemble de ces nouveaux venus, il n'en demeure pas moins que dans certains cas la motivation est patente. Harry Bellet le soulignait lors de l'achat par le milliardaire chinois Wang Jianlin de Claude et Paloma, un Picasso de 1950, pour 28,1 millions de dollars au cours d'une vente considérée comme de qualité toute relative selon les experts, et alors même que l'estimation initiale jugée comme déraisonnablement élevée était de 12 millions de dollars : "Ce n'est plus un Picasso, c'est un Wang Jianlin... Et c'est une première explication à ces prix délirants : la maison de vente a révélé le nom de l'acheteur, c'est donc qu'il voulait que cela se sache. Certains s'offrent ainsi de la notoriété.
Nathalie Moureau, Tout ce qui brille n'est pas or, p. 43
Cependant, l'oeuvre contemporaine a tendance à transformer notre perception esthétique en fonctionnant comme un "flash", ou "conformément à "l'économie de l'attention" propre à la publicité".
Nathalie Heinich, Le paradigme de l'art contemporain, p. 321
Cristelle Terroni, Comment définir l'art contemporain, p. 57
La règle de cherté affecte notre goût de telle sorte que dans notre estime les signes de cherté s'amalgament inextricablement aux traits admirables de l'objet, et que le résultat de cette combinaison se range sous une idée générale qui porte le seul nom de beauté.
Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir (1899), Paris, Gallimard, 1970, p. 87
Nathalie Moureau, "Tout ce qui brille n'est pas or", p. 29