Citations sur Les proies : Dans le harem de Kadhafi (38)
(En parlant du Colonel Kadhafi):
"Ce fils de Bédoin, né sous la tente, qui avait pendant toute sa jeunesse souffert de pauvreté et de mépris n'était mû que par la soif de revanche, analysait son collaborateur. Il avait les riches en horreur et il s'est employé à les appauvrir. Il détestait les aristocrates et les gens bien nés, ceux qui, naturellement, possédaient ce qu'il n'aurait jamais, culture, pouvoir et bonnes manières, et il s'est juré de les humilier. Cela passait forcément par le sexe." Il pouvait contraindre certains ministres, diplomates, militaires hauts gradés, à des relations sexuelles avec lui. "Ils n'avaient pas le choix, un refus valait condamnation à mort et l'acte par lequel il manifestait sa totale domination était tellement honteux qu'aucun ne pourrait s'en plaindre ni s'en prévaloir un jour." Il exigeait parfois qu'ils lui livrent leurs femmes.
Mais alors que tout le monde regagnait le bus, la puéricultrice se trouva acculée dans une petite pièce dotée d'un jacuzzi, dans laquelle deux infirmières lui firent en un éclair une prise de sang. Kadhafi réapparu alors, et il ne souriait plus. Ses intentions étaient très claires. La fille a paniqué: "Je vous en prie, ne me touchez pas. Je suis de la montagne. Et j'ai un fiancé! - Je te donne le choix, a répondu le Guide: ou bien je le tue, ou bien je te laisse l'épouser, je t'offre une maison et tu nous appartiendras à tous les deux."
Tous les lieux fréquentés par les femmes pouvaient être sources d'approvisionnement pour le Guide, y compris les prisons où l'on a vu une de ses gardes du corps venir faire des photos de jolies détenues. Les salons de coiffure et de beauté étaient une source privilégiée, visités assidûment par ses rabatteuses. Les fêtes de mariage en étaient une autre. Il adorait se rendre à ces festivités où les femmes revêtaient leurs plus beaux atours. S'il ne pouvait s'y rendre lui-même, il y dépêchait ses émissaires et passait un temps fou à visionner photos et vidéos prises à cette occasion.
(En parlant du Colonel Kadhafi) :
Il confirmait, certes, son originalité sur la scène mondiale. Mégalomane et provocateur, le Colonel attachait une importance considérable à son image et aux mises en scène de ses apparitions et discours. Il se voulait à part, unique, ne supportait aucune concurrence ou comparaison, empêchait qu'émerge de son pays au autre nom que le sien (pas un écrivain, musicien, sportif, commerçant, économiste ou politique libyen qui n'ait pu s'imposer sous son règne, les joueurs de football ne pouvaient même être cités que par le numéro de leur maillot). L'idée d'intriguer le monde entier en se présentant comme le seul chef d'Etat pourvu d'une garde entièrement féminine comblait donc cette ambition.
Quelle pitié pouvaient donc espérer celles que les Libyens appelaient les "putes" de Kadhafi et pour qui ils n'imaginaient d'autre sort que la prison ?
Ayant depuis longtemps rompu avec leur famille, beaucoup tentent aujourd'hui de survivre en Tunisie, en Egypte, à Beyrouth, pratiquant souvent la seule activité jamais apprise auprès du Guide et pouvant leur rapporter de l'argent.
Le vent du désert, dit-on, rend fou. Mais le soleil peu à peu a percé. Et Syrte est apparue. Ou plutôt son squelette.
Je laissais ma famille pour aller rejoindre un garçon, une démarche non seulement inconcevable mais illégale en Libye où toute relation sexuelle hors mariage est strictement interdite. Mais qu'est-ce que j'en avais à faire de la loi après toutes les violations à mon égard effectuées par celui-là même qui devait l'incarner? On oserait me condamner pour vouloir vivre avec l'homme que j'aimais alors que le maître de la Libye m'avait séquestrée et violée pendant des années?
Le Guide, "ennemi de la polygamie", vivait avec de nombreuses femmes, mais pas avec la sienne.
Les gardes du corps de Kadhafi ne constituaient pas un vrai corps. Ce n’était qu’une agrégation de filles issues des forces spéciales, des gardes révolutionnaires, de l’école de police, de l’Académie militaire, des religieuses révolutionnaires et… des maîtresses du moment. Kadhafi se servait à sa guise et aucune n’avait la possibilité de résister, encore moins de se plaindre. Les plus habiles ont su en tirer parti et se faire offrir voitures et maisons. Mais de grâce, oubliez l’image d’un corps d’élite ! C’était n’importe quoi. Un simple décorum dans lequel Kadhafi prenait soin d’inclure quelques femmes noires pour montrer qu’il n’était pas raciste et se réserver des ouvertures en Afrique. Les vrais gardes sur lesquels reposait sa sécurité personnelle n’apparaissaient pas à l’image. C’étaient des hommes de Syrte, sa ville natale.
Elle est arrivée cassée, déstructurée, sans la moindre expérience du travail, des horaires, de la discipline, de la vie en société. Comme une petite fille qui aurait totalement désappris le monde. Et comme un oisillon qui tâchait de prendre son envol mais s’écrasait constamment contre la vitre de la fenêtre.