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"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers ..."

Un marin commet la faute de tuer un albatros avec son arbalète. Alors que l'albatros était aimé et que l'albatros l'aimait.
Il attire sur lui la malédiction ...

La seule manière pour le vieux marin de s'en délivrer, de cette malédiction, c'est de narrer sa terrifiante histoire, jusqu'à ce que ses terreurs reviennent. Notre conteur jette pour cette fois son dévolu sur un jeune marié que la mariée attend le jour de ses noces. Il le harponne, il le retient, l'hypnotise de son oeil de mort et se saisit de sa volonté, retenant ainsi la vie de cet homme le temps de lui raconter comment il est mort, de son vivant.

Le marin a le poids de l'albatros sur la conscience, qui pèse comme du plomb et lui-même s'ancre au port alors même que son âme est restée dans l'eau.

Un chant de marin - un chant d'amour et de mort - qui a la profondeur de l'Océan parcouru jusqu'au Pôle : région de brouillard et de neige dont l'albatros est l'esprit tutélaire.
Un récit qui cristallise les terreurs maritimes. Un récit à la grâce de la glace à l'état pur.
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Ce recueil débute avec « La Ballade du Vieux Marin », un étonnant récit de mer, sous forme de long poème, une parabole chrétienne, où il est question, comme c'est souvent le cas dans l'oeuvre de Coleridge, de péché, de châtiment et de remords, de rédemption. Un Marin, vieilli par l'expérience autant que par les ans, a survécu seul à un naufrage après une longue dérive en mer et, une fois revenu à terre, il interpelle le convive d'une noce et témoigne : après qu'il eut tué un albatros, oiseau pourtant de bonne augure, qui accompagnait, au milieu des brumes et des glaces, son bateau et son équipage, le mauvais sort s'abattit sur eux, les décimant de soif et le laissant, lui, au milieu des transes. Sauvé, il tient à raconter, en guise de pénitence, son crime et les dangers encourus.
Dans ce recueil on trouve d'autres poèmes célèbres de Coleridge tels que Kubla Khan et Christabel.
Kubla Khan est le fragment d'un poème apparu en rêve dont il ne put, à son réveil, fixer que quelques lignes, lequel évoque le grand empereur mongol et sa cité devenue mythique, Xanadu, dans laquelle celui-ci se fit construire un dôme extraordinaire. Ses remparts ceignaient des terres fertiles, des clairières et de très anciennes forêts, ainsi qu'un fleuve sacré, bouillonnant du fond de la terre.
Christabel est un autre poème fantomatique, aux rythmes répétés et lancinants, où le Mal et la Sensualité qui l'habitent sont plus suggérés que décrits, d'autant plus qu'il y est question d'un Amour « coupable » entre deux femmes. Christabel est aussi une sorte de poème nocturne dans un moyen-âge fantasmé : La très belle et jeune Christabel, fille d'un riche baron, est parti, au milieu de la nuit, prier pour son fiancé, dans la forêt qui entoure le château. Elle tombe sur Géraldine, Dame fascinante mais inquiétante, laissée là par des chevaliers qui l'avaient tourmentée. Christabel l'invite dans le château de son père et, pour ne pas réveiller celui-ci, à dormir dans sa chambre et à partager son lit. Christabel va-t-elle, troublée, être initiée au plaisir, et dans son innocence, s'en repentir ? Devient-elle jalouse quand son père à son tour s'éprend de la belle Dame qui répand autour d'elle une sorte de charme ? Celle-ci est- elle réellement une créature démoniaque, une femme sans pitié qui n'accorde aucun frein à ses désirs et qui use de mille subterfuges ? Le Fanu s'est inspiré de ce poème pour écrire « Carmilla » dans lequel Une femme Vampire s'éprend d'une jeune innocente dont la vie, peu à peu, s'amenuise
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Coleridge est le symbole de la nouvelle génération de poètes romantiques anglais et européens, qui irriguèrent d'un sang neuf, la poésie occidentale moribonde, en cette fin de 18éme siècle. Heureusement, l'esprit des lumières, la révolution française, et le romantisme combinés, redonnèrent un souffle, à un art qui s'enlisait dans la médiocrité académique.
Avec ce recueil fabuleux contenant deux des plus beaux poèmes figurant au firmament du génie poétique, l'oeuvre de Coleridge, élève la poésie à un niveau d'exception, de par ses envolées lyriques, ses tempos changeants ou l'intime rejoint l'apparent, ses descriptions géographiques donnant une envie communicative de s'y transposer en rêve ou en réel. L'émotion est au coin de chaque vers, plongeant le lecteur, dans le merveilleux, l'angoissant, la beauté, le tragique, synthèse d'un onirisme de conte mélangé à un naturalisme le plus sombre. "Le poème principal : La ballade du vieux marin", nous emporte dans un voyage au bout de l'enfer, mais où la morale presque d'une philosophie écologique, nous fait comprendre l'utilité de la biodiversité, rendant ce poème comme un hymne à la nature, indissociable de l'homme. le second poème : Kubla Khan, lui revêt plutôt l'aspect d'une apologie d'amour controversée, d'un mégalomane de génie, empereur de Chine aux goûts fantasmagoriques et offrant à sa belle un lieu d'exception démesuré, mystérieux et baroque pour assouvir ses envies étranges et son hymen de façon exacerbé. Mais comme Coleridge s'adonnait aux drogues, définir exactement la poésie de l'auteur reste audacieux, toutes les interprétations demeurant possibles, mais n'est ce pas ça, le mystère insondable de la poésie ?
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"The Rime of The Ancient Mariner" est mon poème anglais favori. Tout y est : la lourdeur qui s'installe sur le pont brûlant du bateau immobilisé. La faim qui obsède les marins, l'innocent albatros convoité et le cauchemar omniprésent. le souvenir d'un acte atroce, inutile, les fantômes... Je ne vous en dis pas plus, sinon je risquerais de "spoiler" une pépite qui doit être découverte.
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Un flamboiement poétique. Les tableaux fantasmagoriques du "Dit du vieux marin", l'étrangeté de "Kubla Khan", l'ardeur inquiète de "Craintes dans la solitude", les tentations vénéneuses de "Christabel", l'élan lyrique de "Solitude"…
La traduction de Jacques Darras, proposée avec le texte anglais en regard, est inventive et stimulante, et assortie d'une introduction et de notices qui introduisent parfaitement bien à l'univers de Coleridge en n'éclairant ni trop ni trop peu la lecture des poèmes.
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Le poème de Coleridge La complainte du vieux marin (The rhyme of the ancient mariner) exerce sa puissance à chaque fois. le paysage reste incroyablement infernal, tout en étant agrémenté d'effets météorologiques photographiquement réalistes, et la conduite narrative est irrésistible. L'une de ses innovations, et non la moindre, est ce dispositif cinématographique qui coupe, de temps en temps, entre la boutonnière urgente du Mariner sur l'invité du mariage, et la gaieté et le ménestrel alléchants du mariage. Comme l'invité impatient, le lecteur peut avoir envie de s'évader, mais il est retenu par l'insistance presque dérangée du ton du Marin.

Le pouvoir de l'histoire pourrait bien être fondé sur sa relation symbolique avec le propre sentiment d'inutilité et d'impuissance du poète, tel qu'exprimé dans une lettre à son ami, John Morgan :
"Quel crime y a-t-il à peine qui n'ait été inclus dans ou suivi de la seule culpabilité de prendre de l'opium? Sans parler de l'ingratitude envers mon créateur pour les talents gaspillés; de l'ingratitude envers tant d'amis qui m'ont aimé je ne sais pourquoi; de négligence barbare de ma famille… J'ai dans cette sale affaire de Laudanum cent fois trompé, trompé, non, réellement et consciemment menti."

Si la dépendance est le sous-texte du poème, cela aide à expliquer l'intrigue étrange dans laquelle la mort et la vie dans la mort lancent des dés sur le navire spectral pour décider du sort du marin et de son équipage. L'histoire que Coleridge a racontée sur les origines de sa dépendance à l'utilisation du laudanum comme analgésique pour les douleurs rhumatismales, souligne son propre sens du pouvoir cruel du hasard. L'addiction n'était pas choisie : c'était un sort qui lui était réservé.

L'albatros pourrait également symboliser le lien social. Au début du poème, l'oiseau visite régulièrement le navire et est nourri par les marins. On ne nous dit pas pourquoi le Mariner décide paresseusement de tuer l'oiseau. Encore une fois, l'indice est que l'acte aléatoire est la racine du mal. le moment où le marin commence à sortir de son bourbier de découragement est le moment où il surmonte sa répulsion face aux infects serpents de mer et, sans le savoir, involontairement, les bénit. Ces serpents peuvent être associés à l'imagerie du cauchemar induit par l'opium. Peut-être, en effet, est-ce en avouant la puissance imaginative de la vision de l'opium que le Mariner-Poète rachète son échec.

L'extrait suivant provient de la partie IV. Il comprend les gloses que Coleridge a ajoutées à l'édition de 1817 du poème, généralement imprimées en marge. Ce commentaire n'est parfois qu'explicatif mais il peut aussi apporter un éclairage psychologique supplémentaire.

"Dans sa solitude et sa fixité, il aspire à la Lune voyageuse, et aux étoiles qui séjournent encore, mais qui avancent encore ; et partout où le ciel bleu leur appartient, et est leur repos désigné, et leur pays natal et leurs propres demeures naturelles , où ils entrent à l'improviste, comme des seigneurs certainement attendus et pourtant il y a une joie silencieuse à leur arrivée."

La Lune en mouvement monta dans le ciel,
Et nulle part ne s'est fixée:
Doucement elle montait,
une étoile ou deux à ses côtés -

Ses rayons se moquaient de la sensuelle principale,
Comme la propagation de la gelée blanche d'avril ;
Mais là où gisait l'immense ombre du navire,
L'eau charmée brûlait toujours
Un rouge immobile et terrible.

"Par la lumière de la Lune, il contemple les créatures de Dieu du grand calme."

Au-delà de l'ombre du navire,
J'ai regardé les serpents d'eau:
Ils se déplaçaient sur des voies d'un blanc brillant,
Et quand ils s'élevaient, la lumière elfique
Tombait en flocons chenus.

A l'ombre du bateau
J'ai regardé leur riches atours:
Bleu, vert brillant et noir velours,
Ils se sont enroulés et ont nagé; et chaque voie
Était éclair de feu d'or.

« Leur beauté et leur bonheur.
Il les bénit dans son coeur."

Ô heureuses choses vivantes! Aucun mot
ne saurait dire leur beauté :
Une source d'amour a jailli de mon coeur,
Et je les ai bénis sans le savoir :

Bien sûr, mon gentil saint a eu pitié de moi,
Et je les ai bénis sans le savoir.

"Le charme commence à s'évanouir."

Au même moment, je pouvais prier;
Et de mon cou si libre
L'Albatros est tombé et a coulé
Comme du plomb dans la mer.

Coleridge était un formidable causeur, il parlait surtout de litérature et beaucoup de Shakespeare, on peut, dans les cas d'incompréhension se référer à lui,
mais, tout comme la totalité des lecteurs de Shakespeare, il est resté muet devant cette phrase d'Hamlet
(Acte 2, scène 2) 'Then are our beggars, bodies; and our monarchs, and outstretched heroes, the beggars' shadows.'
Lien : http://holophernes.over-blog..
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En anglais de la fin du XVIIIe s. Coleridge était apparemment un bon poète qui a fait évoluer le genre mais pour apprécier de la poésie, goûter la musique de la sonorité des mots, alliée à leur sens, il faut la pleine connaissance de ces mots. Dire cela est une évidence, même une banalité et ne devrait être qu'un rappel, or je ne maîtrise pas l'anglais de la fin du XVIIIe s. et la traduction de Jacques Darras ne restitue pas, à mon avis, la "musique" de Coleridge et n'a donc pour seul intérêt, pour moi, que de donner une idée de ce qu'a écrit ce poète - et qui n'est pas sans intérêt - et non de sa manière, ce qui ici, selon moi, ôte toute la puissance pressentie de sa poésie.
J'ai donc tôt fini par survoler les poèmes traduits en français, jetant de temps en temps un oeil sur le texte original. "survoler" est bien le mot à choisir puisque le poème principal de ce recueil est le Dit du Vieux Marin où il est question des conséquences d'avoir tué un albatros. Si vous êtes pressé ou avez la même compétence que la mienne en vieil anglais, vous pouvez lire le poème the Raven (le corbeau) qui dit, en plus bref, à peu près la même chose. Bref ces deux oiseaux là me sont passés au-dessus. Dommage car la préface et les différentes interventions de Jacques Darras dans cette édition sont intéressantes, claires voire lumineuses. J'essayerai peut-être un jour de chercher une autre traduction..
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A sans doute un intérêt formaliste en langue anglaise, mais aucun en langue française. Creux comme la mort.
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Malheureusement, en ce concerne La Ballade du vieux marin du moins, la traduction est très insuffisante, voire parfois erronée, et pire encore, le texte n'est pas le texte définitif de Coleridge. Vues ses incohérences, entre autres choses, il semble être une sorte de brouillon que le poète aurait par la suite amélioré. Quel dommage!
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