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4.28/5 (sur 80 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Ottery Saint Mary, Devon , le 21/10/1772
Mort(e) à : Highgate , le 25/07/1834
Biographie :

Samuel Taylor Coleridge est un poète et critique britannique.

Très jeune, il se passionne, pour la lecture. Suite au décès de son père, il entre en pension à l'austère Christ's Hospital. Son amitié avec Charles Lamb, lui permet de surmonter le manque d'affection qu'il connaît alors. Il compose ses premiers poèmes.

Il poursuit ses études à l'université de Cambridge en 1791. Un an après, il obtient le prix de la meilleure ode grecque. C'est à cette époque, qu'il commence à s'adonner à l'alcool et au Laudanum. La politique le passionne et il s'éprend des grands idéaux de la Révolution française. Il abandonne ses études sans diplôme. En 1794, Coleridge se lie d'amitié avec Southey, et ils envisagent de fonder une communauté utopique bâtie sur les idéaux égalitaires. Ce projet avorte rapidement.

En 1795, Coleridge donne des cours sur la Révolution française et se marie. Mais le désamour s'installe dans le couple; son mariage se conclut par une séparation. La même année, il rencontre Wordsworth. En 1798, ils publient, ensemble, "Les Ballades lyriques", qui contiennent "La Ballade du Vieux Marin". Pour calmer ses rhumatismes et ses troubles névralgiques, les médecins lui prescrivent de l'opium, dont il devient dépendant.

Avec Wordsworth, il voyage en Allemagne en 1798 et apprend l'allemand en autodidacte. Il y étudie la philosophie et s'intéresse aux écrits de Kant, Lessing et Schelling. De retour en Angleterre, il traduit le "Wallenstein" de Schiller. Après ce voyage, il devient fervent philosophe spirituel, royaliste, et est désormais un détracteur de la Révolution française.

Il s'installe avec Wordsworth dans le Nord de l'Angleterre dans le district des lacs, ce qui leur vaut avec Southey, l'appellation de lakistes. Il tombe amoureux de la sœur de la future femme de Wordsworth, mais cette passion est contrariée et ils cessent de se fréquenter. Il sombre alors dans une profonde dépression.

Prenant peu à peu ses distances avec Wordsworth, sa poésie devient plus rare et plus fragmentaire. Après un voyage de deux ans en Italie, il s'installe à Londres et à Bristol où il connaît un franc succès en tant que conférencier.

En 1816, avec l'aide de Byron, il publie un recueil de poèmes où figurent "Christabel", "Les Souffrances du sommeil" et "Kubla Khan". Il publie un autre recueil, "Feuilles sibyllines" (1817). Mais victime de sa dépendance à l'opium, il séjourne chez le médecin James Gillman. C'est là qu'il achève la "Biographia Literaria".
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Source : http://clpav.fr/poemes-audio/coleridge.htm
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Le mensonge est à la base du contrat de lecture, c'est la « suspension consentie de lecture » théorisée par Coleridge. On croit donc momentanément que ce qu'on lit est vrai. Il y a donc dès le début une relation très ambiguë entre littérature, réalité et vérité. Dans l'introduction de son recueil de nouvelles "A beau mentir qui vient de loin", François Garde écrit : "Oui, il existe une relation de proportionnalité inverse entre la Vérité et la Distance". le mensonge, pour l'écrivain, serait donc l'équivalent d'un voyage. Voyage physique, voyage intérieur, tout est possible grâce à l'imagination. François Garde invente même une formule mathématique pour théoriser le rapport entre voyage et mensonge : "La constante de la mappemonde". Il explique qu'elle sert "à mesurer le rapport entre distance et vérité". De l'invention, à l'affabulation, il n'y a qu'un pas. Pourtant, pas de jugement moral dans le projet de Laurent Gaudé. Mentir permet aussi de dire le vrai, de percer la carapace de la réalité pour en révéler toute la vérité. C'est le rôle du "Grand Menteur" de l'écrivain. Bien ou mal intentionné, raisonnable ou fou, manipulateur ou sincère, le menteur façonne le mensonge à l'aide de mots. Il construit un monde. Tout comme l'écrivain. Olivia Gesbert invite à sa table ces deux écrivains, François Garde et Laurent Gaudé pour parler du mensonge à travers leurs derniers livres. #mensonge #litterature #franceculture _____________ Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture, ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture

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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Dans une solitude extrême,
Sur l'Océan seul je restai,
Sans que Jésus prît en pitié
Le fond de mon âme déchirée.
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Tombé le vent, tombées les voiles,
Une infinie tristesse s'étend,
Nos bouches seules brisent en parlant
Le grand silence de l'Océan.
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LA PERCE-NEIGE
   
I
Ne crains plus rien, ma Fleur timide
Ne crains plus la force de l'hiver,
la glace qui fond, l'averse gravide,
La nuit sans bruit où gèle la Terre
Depuis que Laure a mû tes feuilles
Par les sorcelleries de son chant,
Fleurette, les plus suaves vents
Et les cieux purs t'accueillent.
   
II
Son oeil rempli de tendres larmes
Fixant tout ton corps, l'émouvant,
De l'Esprit se fit l'Interprète —
L'Esprit en sympathie ardente
Trembla avec tige la tremblante
Comme tu t'inclinais sur ta couche,
Elle, par sympathie inconsciente,
Tête tombante s'inclina.
   
III
Sa tête fléchit, ses bras s'ouvrirent,
Elle chuchota son envoûtement,
Ouïssant le charme le Bruit du monde
Sans peine aux Piérides* t'emporta !
Ne crains plus le Gel Matinal
Qui sur ton lit de neige brillait ;
Puisque immortelle près des lauriers
Toujours verte fleuriras.
   
IV
Tes pétales offrent un blanc plus doux,
Tellement le charme t'a embaumée
Qu'Amour l'aveugle t'a souvent prise
Pour fleur de son Myrte tombée.
Puis il a ri de son erreur,
Et courant avec l'Étésien*
Aura gagné les arbres voûtés
Où Laura reposait.
   
V
Tous ceux qu'Amour et Folie aiment,
Quand sont fermés les yeux grossiers
Les génies du lieu les entraînent
Sur la paroi infranchissable
Jusqu'au sommet large et uni
Où le Phénix cache son nid
Et où des cyprès abrités
Coule, secret, le Léthé.
   
VI
Les branches y font un bruit de mer,
Mues par la Brise qui s'y attarde ;
Tous ceux qui au-dessous s'étendent,
Oublient l'enveloppe mortelle la chair.
D'étranges brouillards volent sur les plages,
Ils viennent guérir ceux qui sont là
Et endurcir l'âme à souffrir
Son martyre ici-bas.
   
VII
Ce sont des plages aimées des elfes
Où les Lys soumis au Zéphir
Se penchent pour s'embrasser eux-mêmes,
Images floues tremblant dans l'eau : —
C'est là, la nuit, que dort Laura,
Sommeil magique levant son sein :
Vagabond blanc des Harpes, son bras
Sous sa joue, plié, tient.
   
VIII
Sa Harpe tenue par les chaînes d'or
Du vent sifflant autour, voix basse
En de timides reproches se plaint,
Sons s'échappant, malgré soi, d'elle :
Guère perceptible sa musique plane,
Informant les rêves des dormeurs ;
AMOURS remémorés rallument
La Jeunesse de son teint.
   
*
THE SNOW-DROP
   
I
Fear no more, thou timid Flower!
Fear thou no more the winter's might.
The whelming thaw, the ponderous shower,
The silence of the freezing night!
Since Laura murmur'd o'er thy leaves
The potent sorceries of song,
To thee, meek Flowret! gentler gales
And cloudless skies belong.
   
II
Her eye with tearful meanings fraught,
She gaz'd till all the body mov'd
Interpreting the Spirit's thought--
The Spirit's eager sympathy
Now trembled with thy trembling stem,
And while thou droopedst o'er thy bed,
With sweet unconscious sympathy
Inclin'd the drooping head.
   
III
She droop'd her head, she stretch'd her arm,
She whisper'd low her witching rhymes,
Fame unreluctant heard the charm,
And bore thee to Pierian climes!
Fear thou no more the Matin Frost
That sparkled on thy bed of snow:
For there, mid laurels ever green,
Immortal thou shalt blow.
   
IV
Thy petals boast a white more soft,
The spell hath so perfumed thee,
That careless Love shall deem thee oft
A blossom from his Myrtle tree.
Then, laughing at the fair deceit,
Shall race with some Etesian wind
To seek the woven arboret
Where Laura lies reclin'd.
   
V
All them whom Love and Fancy grace,
When grosser eyes are clos'd in sleep,
The gentle spirits of the place
Waft up the insuperable steep,
On whose vast summit broad and smooth
Her nest the Phoenix Bird conceals,
And where by cypresses o'erhung
The heavenly Lethe steals.
   
VI
A sea-like sound the branches breathe,
Stirr'd by the Breeze that loiters there;
And all that stretch their limbs beneath,
Forget the coil of mortal care.
Strange mists along the margins rise,
To heal the guests who thither come,
And fit the soul to re-endure
Its earthly martyrdom.
   
VII
The margin dear to moonlight elves
Where Zephyr-trembling Lilies grow,
And bend to kiss their softer selves
That tremble in the stream below:--
There nightly borne does Laura lie
A magic Slumber heaves her breast:
Her arm, white wanderer of the Harp,
Beneath her cheek is prest.
   
VIII
The Harp uphung by golden chains
Of that low wind which whispers round,
With coy reproachfulness complains,
In snatches of reluctant sound:
The music hovers half-perceiv'd,
And only moulds the slumberer's dreams;
Remember'd LOVES relume her cheek
With Youth's returning gleams.
   
'Poèmes variés (1793-1802)' – pp. 192-199
* Les Piérides, c’est-à-dire les Muses / Le vent Etésien ou vent du nord.
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La Glace ici, la Glace par là,
Partout autour de nous la Glace :
Qui se fendait, grondait, hurlait -
Comme rugissements hallucinés.
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LE ROSSIGNOL DANS LA NUIT
Poème conversation (extrait)

Moi je connais un bois,
Bosquet d'étendue large, près d'un haut château fort
Où les seigneurs n'habitent plus ; en conséquence
De quoi a envahi une broussaille sauvage,
Les allées, les pelouses ont perdu leurs contours,
Ivraies et boutons d'or colonisent les sentiers.
Nulle part ailleurs, pourtant, je n'ai en un seul lieu
Vu tant de Rossignols ensemble ; aux lisières ou au for
Du bois, dans les fourrés, sur l'étendue des cimes,
Ils se répondent l'un l'autre, se provoquent par leurs chants,
Engagent une escarmouche, un combat capricieux,
Murmurent harmonieusement leurs fugues de « jug jug ».
Une Note plus grave dans ce concert dépasse les autres
Par sa douceur — ébranle l'air si suavement
Que gardât-on les yeux clos, l'on pourrait quasiment
Oublier qu'il fit nuit ! Sur les arbres aux petites
Feuilles à peines écloses que la lune mouille de rosée,
Par chance, vous les apercevrez, sur un rameau,
Le brillant, l'intense lumière brillante de leurs yeux
Luit cependant que nombre de vers luisants allument
Leur torche d'amour dans l'ombre.
   
-
   
And I know a grove
Of large extent, hard by a castle huge,
Which the great lord inhabits not ; and so
This grove is wild with tangling underwood,
And the trim walks are broken up, and grass,
Thin grass and king-cups grow within the paths.
But never elsewhere in one place I knew
So many Nightingales; and far and near,
In wood and thicket, over the wide grove,
They answer and provoke each other's songs —
With skirmish and capricious passagings,
And murmurs musical and swift jug jug,
And one low piping Sound more sweet than all —
Stirring the air with such a harmony,
That should you close your eyes, you might almost
Forget it was not day! On moonlight bushes,
Whose dewy leaflets are but half-disclosed,
You may perchance behold them on the twigs,
Their bright, bright eyes, their eyes both bright and full,
Glistening, while many a glow-worm in the shade
Lights up her love-torch.
   
The Nightingale – A Conversation Poem (extract), April 1798.
   
pp. 104-105
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Ecoute, écoute, toi l'étranger,
Tempêtes de Vent, de Vents puissants !
Pendant des jours nous jouèrent des tours -
Et nous comme Balles de grain filant.
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Day after day, day after day,
We stuck, nor breath nor motion;
As idle as a painted ship
Upon a painted ocean.
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Il s'est assis sur une pierre,
Il ne peut faire autrement
Que d'écouter le vieux Marin,
Le vieux Marin aux yeux brillants.
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Koubla Khan
Xanadu

En Xanadu donc Koubla Khan
Se fit édifier un fastueux palais:
Là où le fleuve Alphée, aux eaux sacrées, allait,
Par de sombres abîmes à l’homme insondables,
Se précipiter dans une mer sans soleil.
Plus de vingt mille hectares de fertiles terres
Furent ainsi de tours et de hauts murs enclos:
Et c’étaient, irisés de sinueux ruisseaux,
Des jardins où croissait l’arbre porteur d’encens;
Et c’étaient des forêts de l’âge des collines,
De verdure encerclant les taches du soleil.

Voyez ! ce romantique et profond gouffre, ouvert
Au flanc du vert coteau, sous l’ombrage des cèdres!
Lieu sauvage ! le plus riche en enchantements
Qui jamais sous la lune en déclin fut hanté
Par femme lamentant pour le démon qu’elle aime!
Et de ce gouffre, avec un bouillonnant tumulte,
Comme si, lourdement, la terre haletait,
Par instants jaillissait, puissante, une fontaine :
Et, dans l’explosion du flot intermittent,
D’énormes rocs sautaient, rebondissante grêle,
Tel le grain sous les coups du fléau du batteur;
Et, parmi l’incessant fracas des rocs dansants,
Par instants jaillissait la rivière sacrée.
Sur cinq miles traçant de fantasques méandres
À travers bois et val se lançait l’eau sacrée
Qui, gagnant les abîmes à l’homme insondables,
En tumulte sombrait vers un océan mort;
Et Koubla entendit, au loin, dans ce tumulte,
De ses aïeux les voix prophétisant la guerre!
Du palais de plaisance l’ombre
Au milieu du courant sur les vagues flottait;
Là où l’on entendait les rumeurs confondues
De la fontaine et des abîmes.
Oui, c’était un miracle d’un rare dessein,
Ce palais au soleil sur l’abîme glacé!

La Demoiselle au Tympanon,
En songe, une fois, m’apparut:
C’était une vierge abyssine
Qui de son tympanon jouait
En chantant le Mont Abora.
Si, en moi, je pouvais revivre
Sa symphonie et sa chanson,
Je serais ravi en délices si profonds
Qu’avec musique grave et longue,
Certes, je bâtirais, dans les airs de ce palais:
Ce palais au soleil! ces abîmes de glace!
Alors tous ceux qui entendraient là les verraient,
Et tous de s’écrier: Arrière! arrière! arrière!
Ses yeux étincelants, ses longs cheveux flottants!
Trois fois, tissez un cercle autour de celui-ci,
Fermez les yeux, frappés d’une terreur sacrée:
Car il s’est nourri de miellée,
Et il a bu le lait, le lait de Paradis.
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TROISIÈME PARTIE
Un temps bien pénible s'écoula ainsi ;
chaque gosier était desséché et chaque œil était vitreux
comme celui des morts ;
un temps bien pénible, un temps bien pénible !
Comme chaque œil vitreux était fatigué !
Mais voilà que, tandis que je regardais le couchant,
j'aperçus quelque chose dans le ciel.
D'abord cela me sembla une petite tache,
et ensuite cela me parut comme du brouillard.
Cela remua, remua, et prit enfin une certaine forme,
que sais-je ?
Une tache, un brouillard, une forme, que sais-je ?
et toujours cela approchait, approchait,
et comme si cela eût été une voile manœuvrée,
cela plongeait, courait des bordées et filait du câble.
Nos gosiers étaient si brûlants, nos lèvres si noires et si desséchées,
que nous ne pouvions ni rire ni gémir.
Avec notre extrême soif, nous demeurions muets.
Je mordis mon bras, je suçai mon sang
et m'écriai : "Une voile ! une voile !"
Mes compagnons aux gosiers brûlants,
aux lèvres cuites et noires, m'entendirent parler.
Miséricorde ! ils grimacèrent de joie,
et tous à la fois aspirèrent leur haleine
comme s'ils eussent fini de boire.
Voyez, voyez ! criai-je, ce navire ne court plus de bordée :
peut-être renonce-t-il à nous porter secours !
Pas la moindre brise et le moindre mouvement de flots ;
il semble dormir sur sa quille."
La vague occidentale était tout en flamme,
le jour touchait à sa fin.
Dès que la vague occidentale fut effleurée
par le large et brillant disque du soleil,
cette forme étrange vint se placer entre lui et nous.
Et sur-le-champ le soleil fut taché de barres noires
(que la Reine du ciel nous prenne en grâce !),
comme si cet astre avait apparu avec sa large et brillante figure
derrière la grille d'un donjon.
Hélas ! pensai-je (et mon cœur battit violemment),
comme ce navire approche vite, vite !
Sont-ce ses voiles, ces choses qui se dessinent sur le soleil
comme des filaments de plante sans cesse agités ?
Sont-ce ses charpentes, ces barres à travers lesquelles le soleil
luit comme à travers une grille ?
Et cette femme qui est dessus, est-ce là tout son équipage ?
Est-ce là ce qu'on appelle la Mort ? N'en vois-je pas deux ?
La compagne de cette femme n'est-elle pas aussi la Mort ?"
Ses lèvres étaient rouges, ses regards hardis,
elle avait les cheveux jaunes comme de l'or,
et la peau blanche comme celle d'un lépreux.
C'était ce cauchemar qui gèle et ralentit le sang de l'homme,
Vie-dans-la-Mort.
Le navire squelette passa près de notre bord,
et nous vîmes le couple jouant aux dés.
"Le jeu est fini, j'ai gagné, j'ai gagné !" dit Vie-dans-la-Mort ;
et nous l'entendîmes siffler trois fois.
Les extrémités supérieures du soleil plongèrent dans l'onde ;
les étoiles jaillirent du ciel, et d'un seul bond vint la nuit.
La barque spectre s'éloigna sur la mer
avec un murmure qu'on entendait de loin.
Nous écoutions et jetions des regards obliques sur l'Océan.
La crainte semblait boire à mon cœur, comme à une coupe,
tout mon sang vital.
Les étoiles devinrent ternes, la nuit épaisse,
et la lampe du pilote faisait voir la pâleur de sa face.
La rosée tomba des voiles,
la lune éleva son croissant à l'orient.
A sa pointe inférieure,
il y avait une étoile brillante.
Aux clartés de cette lune singulière, l'un après l'autre,
et sans prendre le temps de gémir ou de soupirer,
chacun de mes camarades tourna son visage vers moi
dans une angoisse épouvantable, et me maudit du regard.
Quatre fois cinquante hommes vivants,
et je n'entendis ni soupir ni gémissement,
avec un bruit sourd et comme des blocs inanimés,
tombèrent tour à tour sur le plancher.
Leurs âmes s'envolèrent de leurs corps.
Elles s'envolèrent à la félicité ou au malheur,
et chacune, en passant près de moi,
retentit comme le sifflement d'une arbalète.
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