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Citations sur Duo (13)

Elle ouvrit toute grande la porte-fenêtre et aspira une bouffée de nuit printanière si complète, si fastueusement pourvue de parfums immobiles, d'impalpable humidité, de chants et de lune, que des pleurs irrités lui montèrent aux yeux ; "C'est trop bête... Une nuit pareille ! Gâter une nuit pareille, nous qui sommes si capables encore de rester sur le banc, bien couverts, à regarder tourner les étoiles et descendre la lune..."
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Mais pourquoi un homme ne peut-il jamais parler de la sensualité féminine sans dire d'énormes bêtises?
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[ Incipit ]

Il ouvrit la porte rudement, et se tint un moment debout sur le seuil. Il soupira : « Oh ! mes enfants ! », se jeta sur le divan à tâtons et s’abandonna au bain de l’ombre fraîche. Mais il préféra les récriminations au repos, et se redressa d’un coup de reins.
– On ne m’a fait grâce de rien ! Chevestre m’a traîné partout, regarde mes chaussures... Et l’étable qui tombe sur les bœufs, et les oseraies inondées, et le riverain d’en face qui pêche à la cartouche... Il m’a fallu, entends-moi bien, il m’a fallu...
Il s’interrompit.
– Tu es bien jolie, ici. Ceci mérite considération, évidemment...
Sa femme avait disposé le bureau, ancien et sans beauté, dans la profonde embrasure de la fenêtre, sous le rayon de midi étoilé de poussière suspendue. Devant elle, un bouquet d’orchis pourprés trempait dans une petite auge de verre épais, et témoignait qu’Alice remontait des prés les plus humides, feutrés de racines de vernes et d’osiers. Sous sa main, un buvard de cuir répétait la couleur des fleurs, et son reflet, frappant le visage d’Alice, troublait le gris verdissant de ses yeux, que Michel comparait à la feuille des saules.
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Prise au dépourvu, elle dut lutter contre la montée des larmes, contre la toux des sanglots, la salive salée à goût de sang, l’envie femelle de s’abîmer, de supplier.
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Elle ne bougeait, ni ne détournait son regard. Mais Michel vit que sous la frange épaisse des cheveux un des sourcils d’Alice dansait imperceptiblement, au gré d’une petite convulsion nerveuse. En même temps parvint à ses narines l’odeur qui révélait l’émotion, la sueur arrachée cruellement aux pores par la peur, par l’angoisse, l’odeur qui caricaturait le parfum du santal, du buis échauffé, le parfum réservé aux heures de l’amour et aux longs jours du plein été.
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Mais pourquoi un homme ne peut-il jamais parler de la sensualité féminine sans dire d'énormes bêtises ?
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Le plus drôle, c'est qu'il le croit, qu'il sait ce qu'est un désir de femme !
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- Aide-moi un peu. Michel ! Tu vois bien que je peine !
- Je vois surtout, dit-il, que tu ressembles à un courant d’air. Que de préambules et de moulinets ! Que de bruit ! Ça en fait un bruit, la vérité !
Elle rougit, humiliée dans ses intentions de pacificatrice.
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Elle attendit. Mais elle commit la maladresse de laisser voir qu’elle attendait. L’attente, le bourdonnement léger de son sang à ses oreilles, la sonnerie quotidienne du téléphone, le grelot suspendu à la bicyclette du facteur, les trains invisibles qui passaient la rivière et qui abandonnaient, sur la vallée, leur nuage horizontal et blanc ; tous les sons, tous les aspects rappelaient Alice au calcul du temps, et elle tendait le cou avec une expression un peu hallucinée.
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Dans le rayon qui chevauchait la table, les mains lumineuses d’Alice et de Michel maniaient les couverts et rompaient le pain. Alice regardait le petit doigt frivole de son mari, et Michel suivait les jeux des longues mains agiles d’Alice, la longue main qui avait écrit à Ambrogio, qui avait ouvert à Ambrogio une porte dont les gonds ne criaient pas... La main qui s’était attardée, tantôt crispée, tantôt assoupie et ouverte, dans une chevelure d’homme, au gré des chuchotantes, des abominables confidences... De sa rive d’ombre, il épiait les mains illuminées, clignait de petits yeux de pêcheur patient, mais n’oubliait aucune réplique de son rôle.
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