La poupée de Kafka

Julie dont le père est professeur de littérature allemande à la Sorbonne, un père menteur invétéré, recherche les lettres que Kafka auraient écrit à une petite fille qui aurait perdu sa poupée ; sa quête a pour but une improbable réconciliation avec son père. Elle réussit à approcher la récipiendaire des lettres, vieille dame qui s'est toujours cachée au public et à la presse. Julie l'accompagne au pied du Mont Blanc où la rejoindra son père ...
Fabrice Colin, d'une belle écriture, livre une belle analyse des personnages, un beau rendu de l'ambiance et de belles descriptions du Mont Blanc.

"La poupée de Kafka" est une histoire de fables et de mensonges, d'entrelacement entre réalité et fantasmagorie. Elle prend d'ailleurs racine dans une anecdote légendaire, qui serait survenue à la fin de la vie de l'écrivain pragois. Pour consoler une petite fille rencontrée dans un parc berlinois de la perte de sa poupée, il aurait rédigé les lettres soi-disant adressées par cette dernière à sa propriétaire, dans lesquelles elle lui expliquait qu'elle était partie en voyage, et lui narrait les aventures conséquemment vécues.

Abel Spieler, professeur spécialiste de la littérature allemande, est un passionné de Franz Kafka. Il a abreuvé depuis sa plus tendre enfance sa fille unique Julie de cette idolâtrie qui le vampirise, et a fait de lui un père peu attentionné. Par ailleurs époux indifférent et volage, prompt à séduire ses jeunes étudiantes, il finit par se séparer de sa femme.

Malgré ses travers, Julie adore son père, mais son inconséquence a fini par les brouiller. Partie vivre en Allemagne, elle entreprend, en vue d'une réconciliation, de rechercher les fameuses lettres. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de la petite fille à la poupée. Else, maintenant presque centenaire, est une vieille dame au caractère bien trempé, qui refuse avec une hargne persiflante de se défaire de son secret. Elle s'est forgée une carapace de cynisme et de mensonges que la jeune femme, avec enthousiasme et obstination, tente de percer...

Fabrice Colin nous livre avec ce titre à la construction impeccable un beau romans à tiroirs, où les destins, réels comme imaginaires, s'entremêlent. La complexité des rapports entre les êtres, parasités par les histoires de chacun, par les secrets qui les hantent, les manquements qu'ils se reprochent, y est exprimée avec une sensibilité très touchante. Les fictions qu'ils s'inventent sont finalement des subterfuges qui leur permettent de communiquer avec l'autre, de créer un lien salvateur qui les fera en même temps se réconcilier avec eux-mêmes.

La légendaire poupée de Kafka n'est finalement qu'un prétexte à mettre en scène le trio formé par Abel, Else et Julie, et l'occasion d'appuyer son propos d'un bel exemple de la puissance de l'imaginaire, sans lequel l'existence des hommes se réduirait à un vain désespoir.
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Très beau roman. Une histoire recherchée et des personnages forts servis par une belle écriture. Cela démarre lentement mais cela permet de bien placer l'histoire.

Excellement bien écrit, une ambiance, à la limite du conte, 3 personnages forts, je l'ai lu d'une traite et l'ai terminé avec regrets. Lisez et dégustez cette petite merveille.

J'ai trouvé l'idée de départ très intéressante : la rencontre de Kafka et d'une petite fille par l'entremise de Dora Diamant, la compagne de l'auteur. Kafka, dépressif, n'écrit plus. Afin de lui redonner goût au monde, Dora lui rapporte qu'une petite fille - elle l'a rencontrée dans un parc - a perdu sa poupée. Donc, Kafka écrit plusieurs lettres à cette petite fille.

En parallèles, une autre histoire se déroule de nos jours. Dans un style direct, nous découvrons les relations difficiles entre un père, professeur de littérature allemande, obsédé par Kafka et son oeuvre et sa fille, étudiante qui déteste Kafka. Mais pour se rapprocher de son père, Julie Spieler entame une quête : celle d'identifier la petite fille à la poupée qui est devenu une vieille femme acerbe au lourd passé.
Et il y a le fantôme Kafka, dénommé le Célibataire qui se manifeste auprès de ce trio mal embouché.
J'ai apprécié l'invention de l'écriture, l'humour, le style indirect pour raconter le passé de la vieille femme et la présence en filigrane de l'auteur pragois. Les dialogues entre les personnages sont rythmés. Et les relations entre le père et la fille sont décrites avec sobriété avec une pointe d'ironie.

Une belle surprise.

Fabrice Colin, une fois de plus a réussi à me sortir de ma zone de confort. J'ai trouvé ce roman sur l'étagère réservée au troc de livres, à la bibliothèque Méjanes. L'auteur écrit surtout des romans jeunesse ; j'étais ravie de découvrir un de ses romans adultes que je ne connaissais pas. Je ne lis que de la SF ou du fantastique... J'exècre la période de la seconde guerre mondiale au point de fuir tout récit s'y rapportant ; pour moi c'est un tue-rêve, le trou noir de l'histoire de l'humanité... mais ce roman m'a aspirée. Une fois franchie la première page je n'ai pu le lâcher. On y voyage à travers le XXème siècle depuis des souvenirs égrainés dans notre presque présent -les premières décennies du XXIème-.
L'écriture de Fabrice Colin est magnétique. J'ai été fascinée par la relation père fille qui se déploie entre ces pages. Je pense avoir scruté ces personnages comme un miroir déformant de ma propre histoire y cherchant un sens qui n'existe pas y trouvant une sorte de consolation peut-être.
Kafka ? Je ne le connaissais qu'au travers du film de David Cronenberg... Tous les mystères autour l'histoire de la poupée de Kafka m'ont tenu en haleine. La fascinante, l'insignifiante, l'insaisissable Else comme Fabrice Colin n'a pas son pareil pour aiguillonner la curiosité et nous raconter L Histoire à partir de l'histoire. Les mensonges et les évènements s'emboîtent comme des poupées russes qu'on aurait éparpillées et que le lecteur trouverait petit à petit au hasard des chapitres qui s'enchaînent sans se soucier de la linéarité du temps.
Un très beau roman mettant en scène des humains, fragiles, confrontés à leurs contradictions, sans artifice et pourtant j'ai adoré...

Il faut passer les 60 premières pages avant que le roman prenne son rythme avec l'apparition d'Else, vieille dame juive acariâtre et fantasque. C'est pour elle, petite fille, que Kafka aurait écrit les lettres de la poupée perdue...
Julie, dont le père idolâtre Kafka, la retrouve, s'insinue dans sa vie, renoue ainsi avec son père, et finira par découvrir la vérité malgré les mensonges des uns et des autres.
De courts chapitres écrits en italiques évoquent le passé d'Else : l'arrestation, le camp, le sort de sa soeur...
Une intrigue forte, des personnages hors du commun mais le début et la fin sont décevants.